L'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, a déclaré lundi à Sanaa, que les délais de mise en œuvre de l'accord de trêve dans la ville portuaire de Hodeida (ouest) et d'un un vaste échange de prisonniers avait été prolongés en raison de difficultés sur le terrain.
Ces accords avaient été conclus en décembre en Suède lors de pourparlers organisés par l'ONU entre le gouvernement yéménite et le mouvement "Ansarullah" (Houthis).
"La dynamique (des pourparlers en Suède) est toujours là, même si les délais de mise en oeuvre ont été prolongés, tant à Hodeida qu'en ce qui concerne l'accord d'échange de prisonniers", a déclaré Martin Griffiths à la presse lors d'une interview lundi qui a coïncidé avec son retour dans la capitale yéménite Sanaa.
Il a expliqué ce changement par le fait que "les échéances (fixées pour l'application de ces accords) étaient ambitieuses" et que la situation était "complexe sur le terrain".
M. Griffiths a confirmé par ailleurs que le général néerlandais à la retraite Patrick Cammaert, qui dirige une équipe d'observateurs chargés de superviser la trêve à Hodeida, allait être remplacé.
"Le plan du général Cammaert était de rester assez peu de temps au Yémen pour préparer le terrain à l'établissement de la mission de Hodeida", a-t-il dit. "Toutes les spéculations sur les autres raisons du départ ne sont pas exactes", a-t-il ajouté.
Le remplacement de Patrick Cammaert, qui est contesté par les Houthis, avait été évoqué la semaine dernière par des sources diplomatiques à l'ONU.
Hodeida a été pendant des mois la principale ligne de front de la guerre au Yémen. Des offensives furent lancées en juin en direction de la ville portuaire de la mer Rouge par laquelle transite l'essentiel de l'aide alimentaire et des importations alimentaires du pays.
Un accord de cessez-le-feu est entré en vigueur le 18 décembre, mais des combats sporadiques se poursuivent encore, comme le bombardement d'un camps de déplacés samedi dernier dans la province de Hajjah (nord-ouest du pays) faisant 8 morts et de nombreux blessés dont la plupart étaient des femmes et des enfants, selon une responsable de l'ONU.
Un redéploiement des forces belligérantes programmé pour le 7 janvier n'a pas eu lieu et un échange de prisonniers ne s'est pas matérialisé.
Le conflit au Yémen a fait quelque 10.000 morts depuis qu'une coalition militaire menée par l'Arabie saoudite est intervenue en mars 2015 pour soutenir le gouvernement, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Des groupes de défense des droits humains affirment que le nombre réel de morts pourrait être cinq fois plus élevé.
La guerre a mis 14 millions de Yéménites au bord de la famine dans ce que les Nations unies qualifient de pire crise humanitaire dans le monde.