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Devant les troubles à l’ordre public en France : La fausse bonne idée de Castaner

Publié par Cherbal El-Mehdi le 30-01-2019, 12h02 | 24
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Le mouvement des Gilets jaunes, à sa onzième semaine de manifestations sur la voie publique un peu partout en France, n’arrête pas de donner du fil à retordre au gouvernement de  Paris.

La blessure à l’œil, le  samedi dernier d’une de ses figures emblématiques, Jérôme Rodrigues, ouvre de nouveaux sujets de polémique, notamment sur l’utilisation de ces fameux Lanceurs de Balle de Défense (LBD). Ce dernier affirme  en effet avoir été touché à l’œil par un LBD et reçu une grenade de  désencerclement qui aurait éclaté devant ses pieds.

Des affirmations atténuées par le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Laurent Nuñez déclarant à la presse française qu’il n’y  a, pour le moment, ‘’aucun élément’’ pouvant  accréditer ces propos. Du coup,  la polémique  enfle sur les méthodes de la police face aux manifestations des Giles jaunes, particulièrement ces LBD cibles de nombreuses critiques et demandes de retrait.

Selon le décompte établi par un quotidien parisien,  « sur 109 blessés graves parmi les "gilets jaunes" et les journalistes, 78 blessés par des tirs de LBD, et au moins 15 victimes ayant perdu un œil », lit-on sur le site www.nouvelobs.com.

De concert avec  le défenseur des Droits de l’Homme, Jacques Toubon, le syndicat CGT a introduit une requête en justice pour  faire suspendre l’usage des LBD  dans les manifestations. Rejetée par un tribunal parisien la demande a été introduite devant le Conseil d’Etat. Intervenu dans ce débat pour ramener un peu de calme et de sérénité le  ministre de l’intérieur Christophe Castaner  a plutôt contribué à ravier les divergences. 

« Si vous supprimez les moyens de défense à nos forces de l’ordre, il leur reste quoi ? Il leur reste le contact physique - et il y aura certainement beaucoup plus blessés — ou il leur reste l’utilisation de leurs armes de poing qui est la solution ultime », disait-il sur le plateau de la radio europe1.

Mais devant la multiplication des critiques, il se résout à proposer, devant le parlement, « qu'à partir de samedi prochain, l'ensemble de nos forces de sécurité qui utilisent des LBD soient équipées de système de caméras-piétons».

Interrogés sur la pertinence d’une telle mesure, les professionnels de la police rejettent l’idée, sinon lui trouvent beaucoup de côtés inapplicables  ou, du moins font la moue. Patrice Ribeiro responsable du syndicat Synergie-officier, dont les thèses sont proches de la droite, trouve  que  « l’intention du ministre est louable » mais explique dans son propos au journal Le Figaro  que lorsqu’on est devant une insurrection,  « le policier doit privilégier la protection de ses collègues et de sa propre intégrité physique. »

Intervenant sur cette question, un responsable d’un autre syndicat de police Alliance, également connu pour sa proximité avec la droite, qualifie la proposition de Castaner du «type même de la fausse bonne idée ». De son côté, le politologue spécialiste de la police, Sébastian Roché, également directeur de recherche au CNRS, interrogé par l’Obs  au sujet de l’annonce de Castenr, a eu cette réponse : « C'est une décision d'un ministre en difficulté qui tente finalement de reconnaître qu'il y a un problème sans l'admettre complètement. S'il n'y avait pas de problème, il n'y aurait pas de raison de rappeler aux policiers les règles d'usage des armes intermédiaires, ni d'introduire des éléments supplémentaires pouvant permettre d'établir leur bon fonctionnement. »

CEM

 

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