Une sente du nouveau quartier bordelais portera le nom du célèbre militant algérien de la cause nationale Frantz Fanon (1925-1961), a-t-on appris mercredi de la municipalité dirigée par Alain Juppé.
La décision a été prise lors du conseil municipal tenu le 17 décembre au cours d'une délibération (2018/558) adoptée à la majorité alors que le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen a voté contre, précise-t-on de même source.
Le nouveau quartier Ginko est un éco-quartier unique au bord du lac, situé à quelques minutes du centre-ville de Bordeaux. La délibération qui présente Frantz Fanon en tant que «psychiatre et militant anticolonialiste dont la pensée est dénuée de tout dogmatisme», est surtout motivée par «un engagement radical pour la fraternité universelle, l’amour de la justice et de l’égalité».
«Au moment où, dans les universités et de nombreux colloques, la vie et l’£uvre de Frantz Fanon sont réhabilitées, il convient de faire connaître et de partager le sens profond de son engagement à tous les habitants dans nos quartiers, et notamment aux plus jeunes», ont expliqué les membres du conseil municipal dans leur délibération, soutenant que le sens de cette proposition de dénomination de la sente dans ce quartier de Ginko, à proximité? des Aubiers, «territoire où les sujets de mixité? sociale, de diversité? culturelle et de vivre ensemble prennent tout leur sens».
Né en 1925 à Fort-de-France, dans une famille de la petite bourgeoisie martiniquaise, Frantz Fanon a soutenu sa thèse de doctorat en psychiatrie en 1951. Juste après, il publie «Peau noire, masques blancs», dans lequel il analyse «l'aliénation» du colonisé.
En 1953, il devient médecin-chef d'une division de l'hôpital psychiatrique de Blida (actuellement il porte son nom) où il introduit des méthodes modernes de «sociothérapie» ou «psychothérapie institutionnelle». Au début de la guerre de libération nationale en 1954, Frantz Fanon au sein du Front de libération nationale (FLN), remettant sa démission de médecin-chef de l'hôpital de Blida en novembre 1956.
Expulsé d'Algérie en janvier 1957, il décida alors de rompre avec sa nationalité française en se définissant comme Algérien et rejoint le FLN à Tunis. En mars 1960, il a été nommé ambassadeur du Gouvernement provisoire de la République algérienne au Ghana. Il décède le 6 décembre 1961, dans un hôpital militaire de la banlieue de Washington aux Etats-Unis.