France-Algérie : Alain Juppé décide de surseoir à la décision de donner le nom de Frantz Fanon à une sente à Bordeaux

Publié par Dk News le 08-02-2019, 15h39 | 16

Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, à décider   jeudi de surseoir à la décision du Conseil municipal de donner le nom de   Frantz Fanon à une sente d'un nouveau quartier de la ville, cédant ainsi à   une pression hostile venant de l'extrême droite et des nostalgiques de   l'Algérie française. 

La décision de baptiser cette sente au nom du militant algérien a été   prise, lors du conseil municipal tenu le 17 décembre au cours d'une   délibération (2018/558) adoptée à la majorité alors que le Rassemblement   national (RN) de Marine Le Pen a voté contre, rappelle-t-on. 

«La dénomination des voies de notre commune doit être l'occasion de rendre   hommage à des personnalités qui incarnent des valeurs partagées», a indiqué   jeudi Alain Juppé dans un communiqué, soulignant que «le choix du nom de   Frantz Fanon suscite des incompréhensions, des polémiques, des oppositions   que je peux comprendre».  Il a ajouté que «dans un souci d'apaisement, j'ai donc décidé de surseoir   à cette proposition». 

Des associations de l'extrême droite, toujours hostiles à l'indépendance   de l'Algérie, a dénoncé la délibération du conseil municipal et demandé au   maire de revenir sur cette décision. 

La délibération, qui présente Frantz Fanon en tant que «psychiatre et   militant anticolonialiste dont la pensée est dénuée de tout dogmatisme»,   était surtout motivée par «un engagement radical pour la fraternité   universelle, l’amour de la justice et de l’égalité». 

«Au moment où, dans les universités et de nombreux colloques, la vie et   l’£uvre de Frantz Fanon sont réhabilitées, il convient de faire connaître   et de partager le sens profond de son engagement à tous les habitants dans   nos quartiers, et notamment aux plus jeunes», ont expliqué les membres du   conseil municipal dans leur délibération, soutenant que le sens de cette   proposition de dénomination de la sente dans ce quartier de Ginko, à   proximité des Aubiers, «territoire où les sujets de mixité sociale, de   diversité culturelle et de vivre ensemble prennent tout leur sens». 

Né en 1925 à Fort-de-France, dans une famille de la petite bourgeoisie   martiniquaise, Frantz Fanon a soutenu sa thèse de doctorat en psychiatrie   en 1951. Juste après, il publie «Peau noire, masques blancs», dans lequel   il analyse «l'aliénation» du colonisé. 

En 1953, il devient médecin-chef d'une division de l'hôpital psychiatrique   de Blida (actuellement il porte son nom) où il introduit des méthodes   modernes de «sociothérapie» ou «psychothérapie institutionnelle».  Au début de la guerre de libération nationale en 1954, Frantz Fanon au   sein du Front de libération nationale (FLN), remettant sa démission de   médecin-chef de l'hôpital de Blida en novembre 1956.  Expulsé d'Algérie en janvier 1957, il décida alors de rompre avec sa   nationalité française en se définissant comme Algérien et rejoint le FLN à   Tunis. 

En mars 1960, il a été nommé ambassadeur du Gouvernement provisoire de la   République algérienne au Ghana. Il décède le 6 décembre 1961, dans un   hôpital militaire de la banlieue de Washington aux Etats-Unis.