Santé

Traitements hormonaux de la ménopause et risques de cancers : qu'en est-il réellement ?

Publié par Dk News le 02-04-2019, 15h04 | 8
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Longtemps recommandés de façon systématique, les traitements substitutifs de la ménopause (THS) sont aujourd'hui moins prescrits. Et pour cause, ils sont associés à une augmentation du risque de certains cancers. Nos explications détaillées pour déceler le vrai du faux.

Les traitements substitutifs de la ménopause (THS) visent à pallier la chute des taux d'hormones qui a lieu lors de la ménopause, et qui entraîne des symptômes plus ou moins difficiles à vivre. Ils se réunissent autour de ce que l'on appelle les troubles du climatère : bouffées de chaleur, sudations nocturnes, douleurs articulaires, sécheresse vaginale etc.

Les THS ont été largement prescrits, sans recommandations restrictives, depuis leur mise sur le marché il y a une trentaine d'année jusque dans les années 2000. En 2003 et 2008, au vu des résultats de plusieurs études scientifiques, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a émis des recommandations afin que la prescription des THS soit effectuée avec plus de prudence et de suivi de la part des médecins. Ce retournement s'explique par des études de grande ampleur qui ont montré que les THS augmentaient le risque de certains cancer : les cancers féminins hormonodépendants. Ce risque dépend de l'association ou non d'un progestatif aux œstrogènes, de la durée du traitement et du risque inhérent à chaque femme (risque génétique, tabac, alcool, etc.).

THS et cancer du sein

Une étude américaine publiée en 2002 a révélé que les femmes prenant des œstrogènes combinés à une progestérone présentaient plus de cancers du sein et d'accidents thromboemboliques (caillot) que les femmes prenant un placebo. Cette association a par la suite été confirmée par une étude britannique, la Million women study (MWS), menée sur plus d'un million de femmes de 1996 à 2001. Plus récemment, la cohorte E3N, une large étude épidémiologique menée auprès de 100 000 femmes de la mutuelle MGEN nées entre 1925 et 1950 a réévalué ce risque. Les résultats montrent bien une augmentation du risque de cancer du sein avec un THS, qu'il soit constitué d'œstrogènes seuls ou accompagné de progestérone. Plus la durée du traitement augmente, plus le risque est augmenté. Au-delà de 5 ans de traitement par exemple, une femme qui prend un THS avec œstrogènes et progestatifs a 1,31 à 2,02 fois plus de risque de cancer du sein qu'une femme qui ne prend pas de THS.

THS et cancer de l'endomètre

Si les traitements substitutifs de la ménopause associent en général des progestatifs aux œstrogènes, c'est pour réduire le risque de cancer de l'endomètre, le muscle qui tapisse l'utérus. Selon l'Institut national du cancer, « il est démontré que l'administration d'œstrogènes seuls augmente le risque de cancer de l'endomètre. » Pour autant, les progestatifs prescrits pour compenser ce risque ne seraient pas toujours suffisants. Là encore, on observe que les femmes prenant des THS ont plus de risque de cancer de l'endomètre que les femmes qui vivent leur ménopause sans ce traitement. De même, plus on prend ces traitements substitutifs, plus l'on augmente son risque.

THS et cancer de l'ovaire

La prise de THS « semble associée à une augmentation modérée du risque de cancer de l'ovaire », indique l'Institut national du cancer dans son état des lieux de février 2015. Ce lien existe aussi bien lorsque le traitement est œstroprogestatif que lorsqu'il se compose d'œstrogènes seuls. Là encore, le risque de cancer de l'ovaire est augmenté chez les femmes prenant des THS par rapport aux non-utilisatrices. D'après une méta-analyse récente portant sur 52 études épidémiologiques, l'augmentation du risque est d'environ 42%, et diminue avec le temps après l'arrêt du traitement.

Un rapport bénéfices/risques à bien évaluer

« Sauf si l'on a vraiment des symptômes de la ménopause qui gênent notre qualité de vie ou si l'on a un risque d'ostéoporose majeur, il n'y a pas particulièrement d'indication à utiliser ce type de traitement substitutif », souligne le Dr Dominique Bessette, responsable du département prévention de l'Institut national du cancer (INCa).

« Le THS n'est pas un traitement de l'ostéoporose en soi, c'est une des façons de la prendre en charge, notamment si les autres traitements ne conviennent pas », rappelle la spécialiste.

Face aux risques de cancers, qui certes, diminuent avec le temps une fois l'arrêt du traitement, les spécialistes de l'INCa recommandent de bien évaluer le rapport bénéfices/risques des THS. Ce rapport doit également être réévalué par le médecin prescripteur au moins une fois par an, afin qu'il profite plus à la patiente qu'il ne lui nuise. Les contre-indications (cancer ou antécédent de cancer, accident thromboembolique, affections hépatiques) doivent aussi amener à refuser cette « solution». « Ce sont des traitements qui, au départ, étaient prescrits pendant des années.

Et c'est cela qui fait qu'ils sont dangereux, puisque le risque augmente avec la durée du traitement », rappelle le Dr Bessette. « Au début de leur prescription, les traitements substitutifs étaient un peu considérés comme des antivieillissements, freinant le vieillissement de la peau etc. »

Désormais, la spécialiste estime que « moins on les prend, mieux c'est », même s'ils peuvent aider certaines femmes à surmonter la ménopause. Ainsi, dans le cas d'une femme qui n'arriverait plus à dormir à cause des bouffées de chaleur et dont le moral en serait très affecté, un traitement substitutif pourrait être une solution à condition que la patiente soit bien suivie au niveau des risques qu'il induit (mammographies, examens gynécologiques réguliers etc.).

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