Economie

FMI : les balances commerciales tirées par les économies non les droits de douane

Publié par Dknews le 06-04-2019, 18h07 | 20
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Une nouvelle étude du Fonds monétaire international (FMI) soutient que ce sont les facteurs macroéconomiques, et non les droits de douane, qui expliquent la plupart des variations des balances commerciales entre deux pays.

Ainsi dans une étude élaborée par quatre (4) économistes au niveau du département des études du FMI, Johannes Eugster, Florence Jaumotte, Margaux MacDonald et Roberto Piazza, il est retracé qu'il n'est pas forcément judicieux de s'intéresser en priorité aux balances commerciales bilatérales, qui font depuis peu l’objet d’une grande attention.

"Tout changement de la balance commerciale entre deux pays généré par un ajustement des droits de douane tend à être compensé par les modifications survenant dans les balances commerciales avec d’autres partenaires à la suite de réorientations des courants d’échanges et pèse peu, voire pas du tout, sur la balance commerciale globale, soit la somme de toutes les balances commerciales bilatérales", soulignent les auteurs de l'étude qui notent que "c’est la macroéconomie qui détermine les mouvements commerciaux".

La plupart des changements survenus dans les balances commerciales bilatérales au cours des 20 dernières années s’expliquent par l’effet combiné de facteurs macroéconomiques, notamment la politique budgétaire, les cycles de crédit et, dans certains cas, les politiques de change et les nombreuses subventions aux secteurs des biens échangeables. En revanche, les variations des droits de douane ont joué un rôle bien plus modeste.

Cela ne revient pas à dire que les droits de douane ne sont pas néfastes pour les pays, car dans le contexte d’une économie internationale caractérisée par des chaînes de valeur mondiales (où la production est réalisée dans plusieurs pays), une forte augmentation des droits de douane peut entraîner d’importants coûts économiques et effets de contagion à long terme, nuisant ainsi à l’économie mondiale.

Fondés sur l’étude de 63 pays sur 20 ans et dans 34 secteurs, les travaux de l'étude ont pour objectif de comprendre et de quantifier les déterminants de l’évolution des balances commerciales bilatérales.

"Dans ce but, nous avons établi une distinction entre les rôles des facteurs macroéconomiques, des droits de douane et de l’organisation internationale de la production en partie reflétée dans la composition sectorielle de la production et de la demande de chaque pays", écrivent les auteurs.

Ils constatent alors que l’évolution des balances commerciales bilatérales au cours des 20 dernières années a été, dans une large mesure, entraînée par des forces macroéconomiques dont on sait également qu’elles déterminent les balances commerciales globales.

 

Les effets des droits de douane ne sont pas sans importance 

Ces facteurs sont notamment la politique budgétaire, l’évolution démographique et une faible demande intérieure, mais ils peuvent aussi englober les politiques de change et les politiques de stimulation de l’offre intérieure telles que les subventions aux entreprises publiques ou aux secteurs de l’exportation.

En revanche, les modifications des droits de douane bilatéraux ont joué un rôle moins important, ce qui s’explique par le fait qu’ils étaient déjà peu élevés dans de nombreux pays et que les réductions réciproques de droits produisaient des effets compensatoires sur les balances commerciales bilatérales.

Par exemple, sur la période de 1995 à 2015, les facteurs macroéconomiques ont été à l’origine de 20 % des mouvements de la balance commerciale entre les Etats-Unis et l’Allemagne, mais de plus de 95 % pour la balance commerciale entre les Etats-Unis et la Chine.

"S’il ressort de notre analyse que l’effet direct des droits de douane sur l’évolution des balances commerciales bilatérales est faible par rapport à celui des facteurs macroéconomiques, cela ne veut pas dire que les droits de douane sont sans importance", ont ils indiqué.

Sur le long terme, des variations importantes et soutenues des droits de douane peuvent influencer l’organisation internationale de la production en poussant les entreprises à ajuster la structuration de leurs investissements et de leur production internes et internationaux.

A partir du milieu des années 90, la baisse importante des coûts des échanges a été accompagnée par une augmentation de l’ampleur et de la complexité des chaînes de valeur mondiales, permettant à de nombreux pays d’améliorer leur productivité et de créer des emplois.

La nature intégrée du système commercial mondial porte à croire qu’une forte augmentation des droits de douane aurait des conséquences dans plusieurs pays et produirait des effets d’entraînement d’un pays à l’autre, conduisant à une détérioration de l’économie mondiale.

"Nous concluons que de telles augmentations seraient particulièrement néfastes pour la production, l’emploi et la productivité, non seulement dans les pays imposant et subissant directement ces hausses, mais aussi pour les autres pays situés aux différents échelons des chaînes de valeur" disent-ils.

Pour la plupart des pays, une augmentation d’un point de pourcentage des droits de douane sur les produits manufacturés aurait des répercussions plus importantes aujourd’hui qu’en 1995.

Lorsque l’augmentation des droits de douane vise directement des partenaires spécifiques, certains pays peuvent tirer parti d’une réorientation des courants d’échanges puisque la demande du pays qui impose cette augmentation va se déplacer vers les pays auxquels elle ne s’applique pas.

Dès lors, les variations de la balance commerciale bilatérale avec des partenaires donnés induites par des droits de douane bilatéraux tendent à être compensées par les variations de la balance commerciale bilatérale avec d’autres partenaires commerciaux, ce qui laisse la balance commerciale globale pratiquement inchangée.

On en conclue que premièrement, les discussions sur les balances commerciales doivent se concentrer sur les facteurs macroéconomiques, qui tendent à déterminer les balances commerciales globales et deuxièmement, les abaissements multilatéraux des obstacles tarifaires et non tarifaires profiteront aux échanges commerciaux et, à long terme, amélioreront les résultats économiques.

La mise en place de mesures telles que des programmes de reconversion et d’aide à la recherche d’emploi, des dispositifs de protection sociale adéquats et des systèmes impôts–prestations redistributifs, peut contribuer à ce que les gains des échanges commerciaux soient plus largement partagés et que les individus et les groupes marginalisés bénéficient d’une protection adéquate.

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