Venezuela: Madrid critique la lenteur du Groupe de contact

Publié par Dk News le 08-04-2019, 15h57 | 2

L'Espagne a critiqué lundi le rythme «trop lent» de l'initiative lancée par l'Union européenne (UE) avec les pays d'Amérique latine pour tenter de trouver une solution à la crise au Venezuela, ont rapporté lundi des médias.

«Il est clair que l'Europe n'a pas le sens de l'urgence et que l'urgence existe», a déploré le ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Borrell, lors d'une réunion avec ses homologues européens à Luxembourg. Le 7 février, à Montevideo, un Groupe de Contact international (GCI) constitué par huit pays de l'UE et plusieurs pays d'Amérique Latine s'est donné 90 jours pour tenter de faire organiser une nouvelle présidentielle au Venezuela, ce que le président socialiste Nicolas Maduro refuse.

Moins d'un mois avant l'échéance, Borrell a appelé à «accélérer» les travaux du GCI, dont «le rythme est lent, trop lent».

Ses homologues sont également «déçus» par le peu d'avancées enregistrées par le Groupe de contact, a affirmé un diplomate. «Le Venezuela est un bourbier», a confié un ministre cité par l'AFP sous couvert de l'anonymat.

Sur le plan interne, l'opposant Juan Guaido, président du Parlement, autoproclamé président par intérim du Venezuela et reconnu par plus de 50 pays, a appelé samedi à poursuivre la mobilisation «pour la phase définitive qui mettra fin à l'usurpation».

Le président Nicolas Maduro a pour sa part exhorté le Mexique et l'Uruguay à réactiver leur proposition de dialogue pour une solution négociée au conflit politique, sans intervention étrangère, une initiative différente de celle lancée par l'UE avec les pays d'Amérique latine. Les Européens sont préoccupés par «l'instrumentalisation de la crise par les Etats-Unis et la Russie, qui ruine leurs efforts», a expliqué un diplomate. Washington n'exclut pas une action armée dans ce pays producteur de pétrole, tandis que la Russie, qui accuse Washington d'organiser un «coup d'Etat», a envoyé des avions et des soldats en mars. «La Russie et les Etats-Unis jouent un rôle dangereux», a commenté le diplomate européen. «Les autorités du Venezuela se sont radicalisées. Maduro veut rester au pouvoir et ne veut pas organiser une nouvelle élection» présidentielle, a-t-il déploré.

«Si rien n'avance, l'UE devra dire aux autorités vénézuéliennes qu'elle vont prendre d'autres décisions, dont des sanctions ciblées», a-t-il estimé. La possibilité de nouvelles sanctions «est sur la table», en fonction «du comportement du régime», a confirmé le chef de la diplomatie espagnole.

Josep Borell a dénoncé les menaces contre Guaido.

L'Assemblée constituante, au pouvoir, a retiré au président du Parlement son immunité et a autorisé la Cour suprême de justice (TSJ) à le poursuivre pour usurpation de fonctions.

Le Groupe de contact International est formé par huit pays de l'UE (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Portugal, Suède et Pays-Bas) et quatre pays d'Amérique latine (Uruguay, Equateur, Bolivie et Costa Rica).

Il doit se réunir début mai au niveau ministériel au Costa Rica.