Crise libyenne: Accusée de soutenir le maréchal Haftar, la France sur la défensive

Publié par Dk News le 09-04-2019, 16h44 | 6

La France a engagé ses dernières 24 heures une offensive diplomatique pour se défendre et expliquer sa position vis-à-vis de la crise libyenne, après avoir été accusée de soutenir le maréchal Khalifa Haftar qui a déployé ses troupes pour le contrôle de Tripoli.

Après l'affirmation lundi d'une source diplomatique française faisant valoir que la France ne reconnaîtra «aucune légitimité» si le maréchal Khalifa Haftar prenait le contrôle militaire de Tripoli, c'est au tour du président Emmanuel Macron d'appeler lundi soir le président du Conseil présidentiel du gouvernement d'union nationale (GNA) Fayez al-Sarraj, pour lui faire savoir, de la façon la plus officielle, son «refus total» de l'offensive du maréchal Haftar.

Un appel téléphonique rendu public par un communiqué du service de presse de Fayez al-Sarraj a été confirmé par l'Elysée tard dans la soirée mais sans donner de détails sur le contenu, selon l'AFP. Selon les libyens, le président français «a affirmé son refus total de l'offensive contre la capitale et la mise en péril de la vie des civils, et (a souligné) la nécessité de stopper cette attaque». Hormis la déclaration du 4 avril dernier des Emirats arabes unis, des Etats-Unis, de la France, de l’Italie et du Royaume-Uni, dans laquelle ces Etats se sont dits «opposés» à toute action militaire en Libye et qu'ils demanderont des comptes à «toute faction libyenne attisant la guerre civile», il n'y a pas eu de déclaration officielle de la France sur la crise libyenne, depuis l'offensive des troupes du maréchal Haftar contre le gouvernement d'union nationale, notent des observateurs.

Ce qui a poussé Fayez al-Sarraj de demander, il y a quelques jours, à l'ambassadrice française, Béatrice Fraper, des explications sur le rôle de la France dans cette crise.

«Elle lui a redit que nous n'avions rien à voir avec cette offensive militaire et qu'au contraire nous avions fait passer le message au maréchal Haftar pour le dissuader de continuer à marcher sur Tripoli», a indiqué lundi la source diplomatique française.

Sous couvert de l'anonymat, la même source a réaffirmé le soutien de Paris au gouvernement légitime du Fayez al-Sarraj, indiquant que les autorités françaises ont «fait passer le message qu'il n'y avait pas de solution militaire, qu'il fallait négocier et que le seul gouvernement légitime était celui du Premier ministre Fayez al-Sarraj».

«On dit souvent que la France aurait des velléités de placer Haftar au pouvoir. Or nous avons toujours tout fait pour consolider la place du gouvernement légitime et remettre l'ONU au centre du jeu.

Il n'y a pas de plan caché ni de double discours», a tenu à préciser la source diplomatique française qui a indiqué que le maréchal Haftar a été pour la France un partenaire «important» dans la lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine.

Dans son édition de lundi, datée de mardi, le quotidien Le Monde a estimé que l’offensive sur Tripoli des troupes du maréchal Khalifa Haftar est un «important revers» pour Paris, mettant en relief l'embarras de la France dans cette nouvelle crise libyenne.

«L’offensive sur Tripoli du maréchal Khalifa Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne, donne un sérieux coup au processus politique porté par l’émissaire spécial des Nations unies, Ghassan Salamé», a-t-il écrit, ajoutant qu'elle «représente un important revers pour Paris, la capitale la plus engagée pour une solution négociée de la crise libyenne».

Pour Le Monde, «c’est en effet en bonne part grâce aux autorités françaises que (Haftar) l’homme fort de l’est du pays ( ) avait réussi à se crédibiliser comme un protagoniste incontournable de la crise libyenne», indiquant que les médias libyens soutenant le gouvernement de Fayez Sarraj avaient évoqué «l’irritation de ce dernier face à ce qu’il considère être le soutien français au maréchal», rappelle-t-on.