Le ministère du Commerce a décidé de faire obligation aux commerçants de fruits et légumes, durant le mois du Ramadhan, de respecter une marge bénéficiaire n'excédant pas les 20% , et ce en fonction des prix référentiels qui seront communiqués fin avril courant, a-t-on appris hier du ministère du Commerce.
Cette décision a été prise lors d'une réunion de consultation présidée par le ministre du Commerce, Said Djellab en présence des cadres du secteur et les représentants des associations professionnelles concernées ainsi que les associations de protection du consommateur dans le cadre des préparatifs pour le mois sacré. Les participants à cette réunion ont souligné, dans ce cadre, la nécessité de définir une liste des prix référentiels, laquelle sera communiquée fin avril, soit une semaine avant le mois sacré du Ramadhan. Ces prix garantissent une marge bénéficiaire raisonnable pour les commerçants qui peuvent, toutefois, ajouter une marge n'excédant pas les 20% en cas d'existence de charges supplémentaires, telles que le transport vers des régions éloignées et le bail de location. Les commerçants contrevenants auront à répondre aux questionnaires des agents de contrôle relevant du ministère du Commerce et seront poursuivis conformément aux dispositions de la loi. Soucieux d'assurer une large application de cette décision, le ministre a décidé de mettre en place des brigades de contrôle composées d'agents de répression de la fraude et des représentants d'associations afin de s'assurer du respect des prix et signaler les dépassements.
Les viandes rouges et fruits secs exonérés du DAPS
Par ailleurs, le ministre du Commerce a annoncé durant cette réunion ‘l'exonération des viandes rouges surgelées et fraiches et les fruits secs du Droit additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS) imposé sur les opérations d'importation depuis janvier 2019’.
Cette mesure sera annoncée cette semaine dans le cadre d'une décision portant révision de la liste des produits concernés par le DAPS, a fait savoir M. Djellab, soulignant que la décision permettra de réduire, ‘Considérablement’, les prix des viandes rouges et des fruits secs qui connaissent une forte demande au Ramadhan’. Ces produits se vendront selon un prix référentiel fixé par le ministère et les commerçants sont tenus de ne pas dépasser. Pour ce qui est de l'importation des bananes et des viandes, les participants ont décidé également d'annuler le système de quotas et d'ouvrir ce créneau à tous les importateurs.
Les personnes intéressées par l'importation des bananes et des viandes sont appelées à obtenir uniquement les autorisations sanitaires et vétérinaires auprès du ministère de l'Agriculture. Par ailleurs, les participants à cette réunion ont arrêté une feuille de route portant sur la création de marchés de proximité ‘à la parisienne’ (tables de vente sous parasols forains) à travers les différentes communes du pays, qui viendront consolider les espaces commerciaux existants. Créés en collaboration avec les walis, les présidents d'APC et d'associations locales, les nouveaux marchés seront destinés aux jeunes activant sur les marchés parallèles en contre partie de charges symboliques.
Ces jeunes seront encadrés par l'Union générale des commerçants et partisans algériens (UGCAA) en vue de les orienter et leur inculquer les meilleures pratiques permettant d'éviter les phénomènes de monopolisation et de spéculation. Pour ce faire, le ministère de tutelle s'emploie à pérenniser, même après le mois sacré, ces espaces susceptibles de contenir ces jeunes et les ramener progressivement vers le commerce licite. Le parc national d'espaces commerciaux compte 1.479 marchés, en sus de 368 autres non encore entrés en exploitation, un nombre qualifié par M. Djellab de ‘faible’ par rapport aux besoins des citoyens. ‘La pression exercée sur les marchés disponibles a engendré l'aggravation de la spéculation’, a affirmé le premier responsable du secteur, lequel a indiqué que ‘les marchés parisiens absorberont cette pression dont les effets se répercuteront clairement sur les prix’.
Les produits alimentaires et à leur tête les fruits, les légumes et les viandes seront disponibles en quantités suffisantes lors du mois sacré prochain.
Dans une déclaration à l'APS, le président de l'association de protection et orientation du consommateur et son environnement (APOCE), Mustapha Zebdi s'est dit ‘optimiste’ quant à la capacité de la feuille de route arrêtée lors de cette réunion de ‘garantir un Ramadhan sûr du point de vue produits alimentaires et avec des prix raisonnables’.
Aussi, les mesures décidées permettront de corriger les déséquilibres que connait le marché, et d'améliorer le pouvoir d'achat des citoyens, a-t-il ajouté. Outre la sensibilisation et la lutte contre le gaspillage, les associations de protection du consommateur joueront un rôle ‘primordial’ dans la réussite de ce plan en participant au contrôle et aux surprix des marchandises. De son côté, le Secrétaire général (SG) de UGCAA, Hazab Benchohra s'est félicité des efforts conjugués aussi bien par l'administration que par les commerçants ou encore les consommateurs dans la préparation du plan d'approvisionnement pour le mois sacré, affirmant que son institution ‘ne ménagera aucun effort pour garantir le succès de de la feuille de route arrêtée’.
M. Benchohra n'a pas manqué de précisé, également, que l'UGCAA réunira ses représentants, le 16 avril prochain, pour mettre en application les mesures convenues. ‘Nous jouerons un rôle important dans la sensibilisation des commerçants, d'un côté, et l'encadrement des jeunes activant dans les marchés parallèles, de l'autre’, a-t-il encore déclaré, estimant que ‘la conjoncture actuelle exige de nous davantage de collaboration pour mener à bien cette feuille de route’.
Pour le président de l'Association nationale des commerçants et artisans (ANCA), Hadj Tahar Boulenouar, c'est grâce à ces initiatives prises pour la première fois, à l'instar de la création de marchés dans toutes les communes, l'annulation de le droit additionnel provisoire de sauvegarde(DAPS) et l'élaboration d'une liste de prix référentiels pour tous les fruits et légumes, que le mois sacré verra un approvisionnement suffisant et des prix stables. La réussite de ces mesures, a-t-il dit, dépendra de la conscience des consommateurs qui devront éviter l'afflux sur la marchandise avant le début de Ramadhan, et le gaspillage des produits alimentaires.