Libye: Paris se dit « surpris » des déclarations du ministre libyen de l'Intérieur

Publié par Dk News le 20-04-2019, 16h34 | 22

Paris s'est dit «surpris» des déclarations du  ministre libyen de l'Intérieur qui a accusé jeudi la France de soutenir le  maréchal Khalifa Haftar dont les forces ont lancé un assaut contre la  capitale Tripoli.

«Nous sommes surpris par ces déclarations dont nous ne savons pas si elles  engagent l'ensemble du gouvernement d'entente nationale» (GNA), a indiqué  la porte-parole du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, Agnès  Von Der Muhll lors d'un point de presse.

Dans un communiqué publié par son service de presse, le ministre de  l'Intérieur, Fathi Bach Agha, a ordonné «la suspension de tout lien entre  (son) ministère et la partie française dans le cadre des accords  sécuritaires bilatéraux (...) à cause de la position du gouvernement  français soutenant le criminel Haftar qui agit contre la légitimité». Considérée par des diplomates et des analystes comme l'un des appuis du  maréchal Haftar, la France avait démenti avoir soutenu son offensive contre  Tripoli, siège du GNA.

«La position de la France est sans ambiguïté. Elle soutient le  gouvernement d'entente nationale de M. Sarraj, avec lequel elle entretient  une étroite coopération sécuritaire qui s'est notamment concrétisée par un  appui à la constitution de la garde présidentielle et au renforcement des  capacités de la marine libyenne», a expliqué vendredi la porte-parole du  MAE français, soulignant que la France a dit son opposition à l'offensive  en cours.

«Elle appelle à nouveau à un cessez-le-feu rapide et à une reprise sans  délai du dialogue, en vue de relancer un processus politique crédible,  conduit sous l'autorité des Nations unies», a-t-elle ajouté, précisant  qu'avec ses partenaires, notamment européens, «la France £uvre sans relâche  à favoriser une solution politique, conformément aux engagements pris par  les parties libyennes à Paris, Palerme et Abou Dhabi».

Le porte-parole a indiqué que la France soutient l'initiative britannique  au Conseil de sécurité des Nations unies en vue de l'adoption d'une  résolution appelant à un cessez-le-feu.

Des analystes et des pro-GNA accusent Paris de bloquer des résolutions  condamnant l'offensive au Conseil de sécurité de l'ONU ou à l'Union  européenne. La France est accusée également de relayer la rhétorique de l'Armée  nationale libyenne (ANL, autoproclamée) de Haftar, qui justifie son  offensive par le fait qu'elle cherche à combattre les «terroristes» à  Tripoli, selon une source gouvernementale dans la capitale libyenne qui a  requis l'anonymat.

Quelques dizaines de manifestants, dont plusieurs portant des gilets  jaunes, ont dénoncé mardi dernier à Tripoli ce qu'ils ont qualifié de  «soutien» de la France au maréchal Haftar.

«La France doit cesser de soutenir le rebelle Haftar en Libye», «La France  fournit des armes aux rebelles pour le pétrole», ont-ils écrit en français  sur des pancartes.