Histoire Mort de l'historienne Annie-Rey Goldzeiguer, spécialiste de l'Algérie

Publié par Dk News le 21-04-2019, 16h22 | 7

L'historienne française, Annie-Rey Goldzeiguer,   spécialiste de l'Algérie et du Maghreb, est décédée mardi à l'âge de 94   ans, a-t-on appris dimanche auprès de ses proches. 

Les obsèques civiles ont eu lieu samedi au cimetière Ramerupt (Massiac,   Auvergne), a-t-on ajouté.  Née à Tunis en 1925, Annie Rey-Goldzeiguer s'installe avec sa mère en 1943   à Alger où elle obtient son bac et s'inscrit à l'université.  «J'ai vécu alors à Alger dans le milieu, fortement politisé, des étudiants   de l'université. J'y ai participé à la manifestation du 1er mai 1945 : j'ai   été traumatisée par la manifestation nationaliste (organisée par le PPA) et   sa répression brutale. Mais le véritable choc fut le 8 mai 1945, quand j'ai   vu et compris la riposte violente de l'aviation française sur la Petite   Kabylie. J'ai alors vécu intensément la ruine de mes illusions», avait-elle   raconté dans son ouvrage «Aux origines de la guerre d'Algérie, 1940-1945»   (La Découverte, 2002), reconnu important par tous les spécialistes de la   période.  Après les massacres d'Algériens du 8 mai 1945, elle avait pris une   décision : «Je me suis jurée de quitter l'Algérie et de n'y revenir   qu'après l'indépendance. J'ai tenu parole», avait-elle dit à Gilles   Perrault en 1983.  Elle revient à Alger en 1962 pour des recherches pour élaborer sa thèse   sur «Le Royaume arabe» et publier des ouvrages sur l'histoire coloniale de   l'Algérie.  Sous la direction de l'autre historien Charles-André Jullien, elle   soutient sa thèse à la Sorbonne, le 14 mars 1974, sous le titre «Royaume   arabe et désagrégation des sociétés traditionnelles en Algérie», édité à   Alger.  Elle est aussi l'auteure en 2002 de l'ouvrage «De Mers-el-Kébir aux   massacres du Nord-Constantinois».       Sur le plan politique, Annie Rey-Goldzeiguer, militante communiste, a   été très critique, à travers la publication oppositionnelle L'Etincelle,   sur le vote des pouvoirs spéciaux en Algérie par les députés communistes en   mars 1956. Elle se joint au groupe de La Voie communiste et participe à   l'aide au Front de libération nationale (FLN).      En 2011, elle est signataire du manifeste intitulé «Non à un hommage   national au général Bigeard» et en 2014, elle participe à l'«Appel des 171   pour la vérité sur le crime d’Etat que fut la mort de Maurice Audin».

Réagissant à son décès, l'historien Alain Ruscio a indiqué qu'Annie et   son mari Roger «ouvraient bien souvent leur porte à tous ceux qui   partageaient leur amour pour l’Algérie».