Publication Publication de l'étude «Les mouvements amazighs en Afrique du nord»

Publié par Dk News le 04-05-2019, 14h22 | 20

Un ouvrage collectif intitulé «Les mouvements   amazighs en Afrique du nord», consacré à l'étude du mouvement amazigh en   Algérie, au Maroc, en Tunisie, en Lybie et en Egypte a été publié récemment   sous la direction de l'universitaire algérien Nacer Djabi.

Cet ouvrage de 358 pages publié aux éditions Chihab est la première étude   universitaire consacrée à ce mouvement et qui rassemble les écrits de   plusieurs sociologues, anthropologues, ou encore politologues sur des   échantillons provenant de neuf régions des pays en question restées   amazighophones dans leur quotidien.

Dans «Le mouvement culturel amazigh au Maroc: le processus d'une   transformation, le cas du Rif et du Moyen Atlas», une étude des sociologues   marocains Harrami Noureddine et Khalid Mouna coordonnée par Driss Benlarbi,   les chercheurs fournissent une «cartographie des locuteurs des langues   berbères» ainsi que des indicateurs socio-économiques des régions   amazighophones.

Cette partie de l'étude considère que cette «composition ethnolinguistique   de la population» est l'objet d' «enjeux politiques et identitaires» ayant   profondément marqué la construction antagoniste» de l'histoire du Maroc. 

L'évolution du mouvement amazigh au Maroc renseigne sur l'utilisation de   cette question comme un «vecteur de division depuis la loi coloniale de   1930, avant la naissance dès les années 1970 d'une forme d'organisation   centrée sur l'identité amazigh et les droits culturels jusqu'à la   consécration de la question linguistique dans la constitution de 2011   marquant la rupture avec la prudence et le passage de l'Etat marocain à un   statut d'acteur de l'amazighité».  

«Le mouvement amazigh en Algérie et défis d'intégration nationale», une   étude menée par les chercheurs Dida Badi, Nouh Abdallah et Samir Larabi,   remonte à l'émergence de la question amazighe en 1949 dans la foulée du   «mouvement nationaliste indépendantiste (...) en réaction, par certains   militant du PPA, à un rapport sur l'Algérie présenté aux Nations unies par   Messali Hadj (...) qualifiant le pays de Etat arabo-musulman».

Cette question a été «gelée» avec le déclenchement de la guerre de   libération, et le «déni de la spécificité linguistique et culturelle   amazighe se poursuit après l'indépendance du pays», rapporte cette étude   qui remonte le fil des événements jusqu'au «tournant» du printemps berbère   en 1980, puis le «printemps noir» de 2001.

L'étude s'intéresse également aux répercussions du printemps berbère sur   «la vallée du M'zab et la région Touareg», avec la réhabilitation des   variantes targuie et mozabite de la langue, ainsi qu'à d'autres faits   sociaux dans ces régions comme l'émigration et la place de la femme dans la   société.

Les chercheurs tunisiens Asma Nouira, Houaida Ben Khater, et Mohamed   Kerrou, auteurs de l'étude «La question amazigh en Tunisie: héritage,   renaissance et résistance», rapportent que la question amazigh «a émergé en   Tunisie avec la révolution de la dignité» qui a entraîné en 2011 la chute   du régime de Zine El Abidine Ben Ali.

Les événements ayant secoué plusieurs pays arabes en 2011 ont également   conduit à une «évolution notable de la question Amazigh en Lybie, suite à   la chute du régime de Kadhafi et des forces de répression du pouvoir   central» qui ont longtemps attisé la division des Amazighs du nord   (principalement établis dans les villes de Djbel Nefoussa, Zouara et   Tripoli) et les Touaregs» dans le sud, rapporte une étude signée Dida Badi   et Bilal Abdallah.  Il est fait état du même constat concernant l'oasis amazighophone de Siwa   en Egypte (820km à l'ouest du Caire), une région touristique qui compte   plus de 32 000 habitants répartis sur onze tribus.  Les travaux de recherche publiés dans cet ouvrage ont été réalisées grâce   à une subvention du Centre de recherche pour le développement international   (Crdi) au Canada.