Les délégués de 132 pays ont terminé samedi à Paris une semaine de négociations concernant un rapport crucial sur le sombre état de la biodiversité mondiale, texte qui ne sera dévoilé que lundi, a-t-on indiqué auprès des organisateurs.
L'exercice n'avait pas été fait depuis près de 15 ans: 150 experts de 50 pays ont travaillé pendant trois ans, s'emparant de milliers d'études sur la biodiversité, pour rédiger une évaluation mondiale des écosystèmes et des services qu'ils rendent à l'homme.
Leur rapport de 1.800 pages a fait l'objet d'un «résumé pour les décideurs», discuté ligne par ligne depuis lundi par les 132 Etats membres de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES).
Cette synthèse adoptée samedi sera dévoilée lundi, mais il n'y a aucun doute que le constat sera alarmant.
De nombreux scientifiques estiment en effet depuis des années que la Terre est au début de la sixième «extinction de masse», la première depuis l'arrivée de l'Homme sur la planète, et qu'il en est responsable. «Les preuves sont incontestables: notre destruction de la biodiversité et des services écosystémiques a atteint des niveaux qui menacent notre bien-être au moins autant que les changements climatiques induits par l'Homme», déclarait à l'ouverture des négociations lundi Robert Watson, président de l'IPBES. Si le mot «biodiversité» semble parfois abstrait, il concerne toutes les espèces animales ou végétales vivant sur la planète, y compris l'espèce qui se met elle-même en danger en détruisant la nature: l'Homme.
Et l'humanité ne peut vivre sans cette nature qui lui rend des services inestimables, des insectes pollinisateurs aux forêts et océans absorbant le CO2, en passant par les médicaments ou l'eau potable.
Les défenseurs de la nature espèrent que cette évaluation mondiale sera le prélude de l'adoption d'objectifs ambitieux lors de la réunion en 2020 en Chine des Etats membres de la Convention de l'ONU sur la diversité biologique (COP15).