Histoire

L'heure est à l'octroi du statut de chahid aux victimes des massacres du 8 mai 1945

Publié par Dknews le 07-05-2019, 17h15 | 26
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Le président de la Fondation du 8 mai 1945, Abdelhamid Selakdji a affirmé que "74 ans après le crime contre l'humanité" commis par le colonisateur français contre des Algériens sans défense dans les régions de Sétif, Guelma et Kherrata, "il est grand temps pour le ministère des Moudjahidine de leur octroyer officiellement le statut de chahid".

Dans un entretien accordé à l'APS, M. Selakdji a précisé que la Fondation avait soumis au ministère des Moudjahidine ainsi qu'aux hautes autorités du pays une demande officielle pour "octroyer aux victimes des massacres du 8 mai 1945 le statut de chahid, à l'instar des victimes de la Glorieuse guerre de libération", soulignant que "l'impact financier de cette procédure est minime, le nombre des ayants-droit de ce dossier ne dépassant pas la centaine".

L'intervenant a mis l'accent sur l'importance symbolique de cette décision qui "réhabilitera quelque 45.000 Algériens morts pour la liberté de l'Algérie et qui avaient décidé, il y a 74 ans, de sortir dans des  marches pacifiques suite à la chute de l'Allemagne nazie après la deuxième Guerre mondiale, hissant des banderoles appelant la France coloniale à honorer ses engagements et scandant des slogans pour une Algérie libre".

Autorisées verbalement par le responsable français local de la ville de Sétif, ces marches auxquels a appelé le Mouvement national avaient été fortement réprimées par les éléments de la police française qui avaient tenté d'arracher les banderoles hissées par des jeunes et des scouts algériens. C'est lors de cette première agression que le premier chahid algérien, le jeune Saâl Bouzid est tombé en martyr.

"Le plus grand nombre de victimes a été enregistré les 10 et 11 mai suite à l'intervention de l'armée coloniale et au déploiement de ses forces africaines à travers les villages", a-t-il indiqué, faisant état d'"exécutions collectives et individuelles pour semer la terreur parmi les Algériens, des massacres qui ont même touché les villes voisines, à l'instar de Kherrata, Beni Aziz et autres".

Alors que les Algériens (spécialistes et autorités publiques) sont unanimes à dire que ces massacres ont fait 45.000 victimes, des historiens français affirment que leur nombre oscillait entre 17.000 et 30.000 victimes, des chiffres qui "impliquent la responsabilité de l'Etat français, vu qu'il s'agissait de massacres perpétrés par des institutions constitutionnelles de la République française".

 

Le lobby français entrave le traitement du dossier de criminalisation du colonialisme et d’indemnisation des victimes

M. Abdelhamid Selakdji a indiqué que la Fondation du 08 mai 1954 avait tenté, à maintes reprises, de soulever le dossier des massacres du 08 mai et d’autres crimes commis par le colonisateur entre 1830 et 1962, à la Commission européenne des Droits de l’homme, avant son dépôt auprès de l’ONU, ajoutant que cette démarche "a été entravée par le lobby français infiltré dans les institutions européennes".

Le dossier comporte "des faits avérés et des crimes imprescriptibles que doit assumer l’Etat français" et évoque les effets néfastes de la colonisation française, dont les répercussions se font ressentir à nos jours, à l’instar des essais nucléaires dans le Sahara algérien, a ajouté M. Selakdji qui a précisé que les indemnisations financières exigées par son association s'élevaient à "4.000 milliards de dollars".  

"Ce chiffre n’est pas exagéré et sa revendication est un droit de tout Algérien ayant souffert des affres du colonialisme français", ajoutant que "l’Etat français est en mesure de s'acquitter de ce montant par plusieurs moyens économiques, tels que les investissements, pas nécessairement le paiement direct", a-t-il ajouté. 

Pour M. Selakdji, l’Etat français pourrait être amené à reconnaitre et présenter des excuses pour ses crimes coloniaux en Algérie, pour peu qu'il y ait "une forte volonté politique de la part des autorités algériennes de soulever et défendre les deux revendications d’excuses et d’indemnisation", ajoutant qu’il "n’attend pas grand chose" de l'actuel régime français représenté par le Président Macron qui "avait déjà promis aux Algériens d’examiner le dossier de la Mémoire alors qu'il était candidat à la Présidentielle, mais qui n’en a rien fait une fois au Pouvoir".     

 

Les archives françaises sont falsifiées et ne peuvent constituer une référence

Parmi les questions en suspens dans le dossier de la Mémoire entre l'Algérie et la France, figure la question des archives dont l'Algérie réclame la restitution.

Dans ce contexte, M. Selakdji estime que "les Algériens n'ont pas besoin des archives françaises", car "falsifiées et contenant de flagrantes contradictions", telles que "le nombre de victimes des manifestations du 11 décembre 1960, dont la répression a été reconnue récemment et officiellement par la France. Les documents des responsables sécuritaires de l'époque se trouvant au niveau des Archives françaises, sont en contradiction avec les témoignages rendus ultérieurement par les mêmes responsables.

M. Salakdji a mis en relief l'impératif pour "les Algériens d'écrire leur histoire et de rassembler leurs propres archives", précisant que la Fondation 8 mai 1945 "était soucieuse, depuis sa création en 1990, de collecter les témoignages vivants de tous ceux ayant survécu aux massacres. Elle a réussi à constituer une importante matière historique qu'elle veille à transmettre aux futures générations en toute honnêteté et fidélité".

Le dossier de la Mémoire dont "dépendent les relations historiques entre l'Algérie à la France, sera résolu à l'avenir grâce à la volonté des deux peuples qui mènent parallèlement des mouvements populaires, même si les objectifs diffèrent", a estimé  le président de ladite Fondation ajoutant que "les marches pacifiques menées par le peuple algérien et qui ont réussi à libérer les institutions et les mentalités, réussiront également à libérer les dossiers en suspens entre les deux pays et réécrire leur histoire commune, à même d'assurer le droit légitime des Algériens à consigner la souffrance vécue par leur aïeuls durant 132 ans de colonialisme inique".

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