Soudan: Reprise du dialogue entre armée et contestataires sur fond de divergences

Publié par Dk News le 13-05-2019, 15h55 | 4

Le dialogue entre le Conseil militaire de  transition au Soudan et les représentants de l'Alliance pour la liberté et  le changement (ALC) reprend lundi sur fond de divergences notamment sur la  constitution d'une instance chargée de gérer la transition, alors que le  pays est confronté à une grave crise économique.

En effet, les discussions entre les membres du Conseil militaire de  transition et les représentants de la contestation réunis au sein de l'ALC  devraient entamer lundi une rencontre de dialogue qui était initialement  prévue dimanche à l'initiative de l'armée, avant d'être ajournée à la  demande des contestataires.

Selon des sources au sein de l'ALC, il a été demandé son report par les  composantes de la coordination afin qu'elles puissent achever des  consultations internes avant la rencontre avec le Conseil militaire de  transition.

Dimanche tard dans la soirée, le porte-parole du conseil, le général  Chamseddine Kabbachi, a confirmé la reprise des discussions lundi,  précisant que les pourparlers se déroulent dans une «atmosphère optimiste».

 Il a précisé que les négociations entre les deux parties visent à  «parvenir à un accord sur l'organisation de la période de transition». Néanmoins, les négociations entre les dirigeants de l'ALC et le Conseil  militaire divergent encore sur plusieurs points, notamment sur la  composition du «conseil souverain» appelé à remplacer le Conseil militaire.

 L'ALC veut que cette autorité soit dominée par les civils, tandis que  l'armée cherche à ce qu'il comprenne une majorité de militaires.

Les divergences concernent également la nature du régime présidentiel ou  parlementaire, ainsi que la référence à la Chariaa (loi islamique) comme  source de la législation.

Les forces du changement ont insisté, dans ce sillage, sur la fondation  d'un système exclusivement parlementaire, de caractère civil et sur la mise  en place d'un gouvernement de compétences nationales doté de pouvoirs  exécutifs et échappe aux injonctions du «conseil souverain» qui sera mis en  place.

Dans un communiqué diffusé la veille, l'Alliance pour la liberté et le  changement a proposé, en outre, la création d'un conseil législatif où  seront représentées toutes les mouvements de contestation soudanaise. Le  conseil législatif interviendra durant la période de transition sur  l'élaboration des textes en lien avec cette phase et suivra l'action du  gouvernement. Il sera appelé à constituer des commissions qui se chargeront  notamment de la tenue du congrès constitutionnel consensuel devant élaborer  la loi fondamentale du pays.

Celle-ci sera approuvée par voie référendaire. L'ALC s'est dite prête à la résolution des divergences avec le Conseil  militaire en l'espace de 72 heures à partir du début des discussions.

Une situation de chaos dénoncée

Après quatre mois de protestations déclenchées par la hausse du prix du  pain, la situation économique et sociale au Soudan demeure préoccupante,  avec des besoins croissants en nourriture, en médicament et en carburant.

En dépit des efforts entrepris par les autorités, le pays est confronté à  l'endettement, au déficit budgétaire chronique et à l'inflation.

Privé d'accès aux marchés internationaux, le Soudan doit recourir aux  financements sous forme de dons et de prêts concessionnels.

C'est à ce titre que l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes ont offert,  il y a une semaine, des chèques pour le Conseil militaire de transition au  Soudan afin de répondre aux besoins des populations et pour relancer la  machine économique du pays. Dans ce contexte de morosité, des manifestants ont procédé à des actions  de protestation qui ont suscité l'indignation et la colère des autorités en  place. Dimanche soir, des manifestants ont bloqué la rue du Nil, considérée comme  l'une des principales avenues de la capitale.

Les protestataires ont décidé du blocage au moyen de pierres, de branches  et de pneus après que la police les a empêchés de rejoindre via cette  avenue le sit-in devant le QG de l'armée, ont affirmé des témoins.

Le Conseil militaire de transition a jugé «totalement inacceptable» cette  action de protestation qui provoque des désagréments.

«Cela crée le chaos  et rend la vie difficile pour les citoyens», a-t-il dénoncé dans un  communiqué.

Démentant des affirmations circulant sur les réseaux sociaux selon  lesquelles les forces de sécurité ont l'intention de disperser le sit-in  devant le QG de l'armée, le Conseil militaire a demandé aux manifestants de  cesser le recours à ce type d'action qui vont à l'encontre des  revendications du changement réclamé par les Soudanais.

Le Soudan a besoin d'une stabilité pour amorcer une relance sur tous les  plans, a souligné encore le Conseil, tandis que le mouvement de  contestation ne faiblit pas et continue pendant le mois sacré de Ramadhan à  se rassembler et à réclamer une «transition démocratique» devant être gérée  par des civils.