Régions

Constantine: Le «parcours du combattant» des candidats au baccalauréat

Publié par Dk News le 22-05-2019, 14h26 | 8
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Dernier virage, ultime réglage et intense bachotage, le tout sur fond d’un bourrage de crâne via d’innombrables séances de cours de soutien extrêmement onéreux, et ce, pour décrocher l’examen du baccalauréat, tant ce «Grand écrit» offre les filières les plus cotées aux plus méritants.

Sur les réseaux sociaux, les devantures de commerce ou via les journaux, les «offres» de cours particuliers foisonnent, avec pour cible privilégiée les élèves de terminale, qu’ils soient passables ou excellents, engagés du coup dans un véritable parcours du combattant.

Les premiers, pour être plus compétitifs et parfaire leur préparation, les seconds pour combler leurs insuffisances et décrocher brillamment le fameux sésame, à tel point que ce recours «viral» aux cours particuliers, est devenu un fait sociétal ordinaire ancré désormais dans les m£urs.

Faisant partie des meilleures élèves de sa classe, Racim, lycéen en terminale mathématiques, prend des cours de soutien pour «colmater les nombreuses brèches accumulées en classe parce que les enseignants restent souvent superficiels dans leurs explications soit par manque de temps ou par calcul obligeant les élèves à se tourner justement vers les cours de soutien», confie-t-il à l’APS.

Approchés près d’une devanture de commerce, des parents raccompagnant leurs enfants pour une énième séance de cours de soutien, ont exprimé, quant à eux, une certaine «perplexité» quant à «l’efficacité de ces cours chèrement rémunérés auprès d’enseignants qui sont pourtant censés tout donner en classe».

«Business», pressions et désertions

De l'avis de Mohamed, retraité de la fonction publique, les cours de soutien constituent un «véritable business du savoir», car les élèves, acculés et désemparés à défaut de bien assimiler leurs leçons au sein de l’établissement, se retrouvent inévitablement dans l’obligation de prendre des cours particuliers, en particulier les futurs bacheliers. Rencontré au niveau du quartier Filali de Constantine, à la sortie d’un local où sa fille de 17 ans prend des cours de soutien en philosophie, ce même citoyen déplore l’attitude de «certains enseignants qui menacent d’exclure les élèves cumulant plus de deux absences consécutives aux cours de soutien, les pressant de cette manière à déserter leur établissement». «Au lycée, ma fille reste sur sa faim surtout concernant les exercices, dès lors les cours de soutien constituent pour elle une nécessité absolue, ce qui l’oblige souvent à faire le choix douloureux de déserter l’établissement pour ne pas être exclue des cours de soutien», a-t-il ajouté, dépité par ce qu’il qualifie de «chantage» de la part de ces enseignants. Membre du bureau de wilaya et du conseil national du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'Education (CNAPESTE), Hichem Lemchenek considère, de son côté, que «les enseignants se doivent de finir le programme qui reste en grande partie théorique, or durant les cours de soutien les élèves font beaucoup d’exercices, c’est ce qui les incitent à déserter progressivement les établissements scolaires».

Ce syndicaliste met par ailleurs l’accent sur la «responsabilité des parents, des enseignants mais aussi des élèves dans l’exacerbation du phénomène des cours de soutien», devenu selon lui, «un problème sociétal», affirmant qu’il faudrait du «courage politique afin de remettre en vigueur les fiches de synthèse dont l’annulation a encouragé l’absentéisme des élèves dans les établissements scolaires».

Il a aussi regretté le caractère «budgétivore» des cours de soutien pour les parents, essentiellement quand «les enseignants mettent les bouchées double en multipliant les séances et en dispensant le programme pédagogique d’un mois en une semaine».

Révisions spéciales à ...50 000DA

Habitué à payer 8000 DA pour 4 séances de cours de soutien en sciences naturelles, d’une durée de 3h 30 chacune, Islam, élève de terminale, doit à présent verser 50 000 DA pour des séances «spéciales révision», et ce pour un groupe de plus de 40 élèves, affirme-t-il à l’APS.

«Je ne vais plus au lycée depuis le mois de février dernier, donc je prends des cours dans plusieurs matières et à la fin du mois la facture est vraiment salée, mais je n’ai pas le choix car c’est un besoin vital de bien maîtriser les leçons afin de réussir mon bac avec une bonne moyenne qui me permettra d’accéder à la filière de mon choix», a-t-il précisé tout en dénonçant «l’appétence de certains enseignants».

Pour Youcef Merimeche, chef du service finances et moyens à la direction de l’éducation (DE) de Constantine, «il s’agit avant tout d’une question de conscience», faisant toutefois remarquer qu’il arrive que des enseignants dispensent des cours de soutien «gratuitement» au sein même du lycée, mais cela reste rare.

Selon ce responsable, «les portes des établissements sont toujours ouvertes aux enseignants qui voudraient donner des cours de soutien à leurs élèves en dehors des heures de travail, même le vendredi s’ils le veulent». Qualifiant cette activité parallèle de «commerce illicite», ce même responsable estime que les parents doivent, de leur côté, prendre leur responsabilités et ne pas accepter que leurs enfants recourent à des cours de soutien payants, assurant qu’il faudrait une «réelle volonté politique» pour mettre un terme à cette pratique. Relevant, à cet effet, que «ces enseignants n’ont pas la qualité de commerçant», des responsables de la direction du commerce de Constantine ont précisé à l’APS que «cette activité étant informelle, personne ne peut procéder à un contrôle en l’absence de registre de commerce».

Au titre de la présente année scolaire, 19 022 lycéens passeront les épreuves du baccalauréat dans la wilaya de Constantine, dont 7 172 candidats libres, selon les services de la direction locale de l’éducation.

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