Camp de Rukban en Syrie: Des réfugiés vivent dans des conditions «insupportables»

Publié par Dk News le 29-05-2019, 16h29 | 5

Des réfugiés syriens ayant réussi à fuir récemment le camp Rukban se trouvant en Syrie dans une zone sous contrôle américain ont fait part, mercredi, de leurs conditions de vie, qualifiées d'«insupportables» endurées depuis plus de trois ans, ont rapporté des médias locaux.

Le camp de réfugiés de Rukban a pris pied à la frontière syro-jordanienne en 2014 après la fermeture de la frontière par Amman pour des raisons de sécurité.

La région, contrôlée par les forces américaines et des groupes armés illégaux, fait face à une grave crise humanitaire, a indiqué l'agence russe Tass.

Plus de 13 000 personnes ont réussi à quitter les lieux, tandis qu'environ 30 000 Syriens y sont toujours «séquestrés» dans des conditions «épouvantables», a ajouté l'agence russe.

Ces réfugiés syriens qui y vivent encore dans ce camp ne sont pas en mesure de payer les groupes qui agissent sous contrôle américain pour pouvoir quitter cette zone, a souligné l'agence russe.

La majorité des réfugiés interrogés ont souligné que des individus armés agissant sous le contrôle américain entravaient leur libre circulation. «Quand les gens ont commencé à quitter le camp, les individus armés ont reçu l'ordre de ne laisser sortir personne. Ils ont même été récompensés par une augmentation de salaire. Les Américains ne sont jamais entrés dans le camp, ils sont affectés à leur base, alors que les agents qui assurent le contrôle du camp disposent de véhicules et d'armes de fabrication américaine», a souligné Muhammad al-Amin, un des réfugiés parmi les rescapés.

Le camp ne dispose que d'un seul poste de secours médical.

Selon le témoignage des déplacés syriens, il est impossible de s'y rendre, car la file d'attente est énorme.

Certains ont du attendre plusieurs mois pour avoir accès aux prestations de ce centre, dont les services sont suspendus au bon vouloir des éléments armés qui décident qui va consulter le médecin et qui ne le fera pas. Et lorsque un médecin prescrit des médicaments, ils sont très peu parmi les réfugiés qui peuvent se le permettre.

L'ONU exprime son inquiétude

Les prix des denrées alimentaires dans le camp étaient également hors de portée, provoquant de la malnutrition et l'apparition de certaines maladies, notamment chez les enfants.

De nombreuses personnes sont décédées d'ailleurs des suites de maladies et avaient été enterrées à proximité du camp.

En outre, les réfugiés n'étaient pas autorisés à quitter le camp Rukban qu'après avoir payé une somme d'argent de 50 000 livres pour un adulte et 10 000 livres pour un enfant. Les autorités syriennes avec l'aide de la Russie ont mis en place des centres d'accueil et de prise en charge médicale des personnes qui ont pu quitter cette zone, en leur assurant notamment des soins, de l'hébergement temporaire et de la nourriture gratuite.

Moscou et Damas déclarent avoir besoin de 27 millions de dollars pour venir en aider aux populations de ce camp qui est considéré parmi les plans grands dans le pays. Dans ce contexte, la sous-secrétaire générale des Nations Unies aux affaires humanitaires, Ursula Mueller, a exprimé mardi son inquiétude quant à la dégradation de situation humanitaire en Syrie, évoquant des besoins importants d'aide humanitaire, notamment dans les camps de réfugiés.

S'exprimant devant les membres du Conseil lors d'une réunion consacrée à la situation humanitaire en Syrie, Mme Ursula Mueller a évoqué le cas du camp Rukban, soulignant que l'ONU dispose d'informations faisant état d'une «grave détérioration de la situation dans le camp de Rukban».

Des dizaines de milliers de personnes qui vivent dans le camp, à la frontière entre la Syrie et la Jordanie ont besoin d'assistance, a souligné la responsable onusienne tout en précisant que la nourriture, les médicaments et les autres produits de première nécessité livrés en février sont épuisés.

Selon Mme Mueller, un troisième convoi humanitaire à destination de Rukban reste essentiel pour éviter de nouvelles souffrances.