Les fidèles des mosquées de la wilaya de Mila s’attachent à la fin de chaque mois sacré de ramadhan à témoigner leur déférence envers les imams qui ont officié durant tout le mois les prières surérogatoires des Tarawih par l’organisation de la traditionnelle «Lemlema».
Cette tradition «Lemlema» (qui signifie littéralement la collecte) consiste à collecter de l’argent auprès des fidèles pour l’offrir à l’imam le jour où il termine la récitation de l’intégralité du saint coran en guise de présent.
Elle a lieu le plus souvent le 27ème jour du ramadhan. Une caisse est alors accrochée à l’entrée de la mosquée et chacun y dépose le montant qui convient à sa bourse.
Dans d’autres mosquées, un foulard est étendu à même le sol pour la collecte. Les Mileviens ont toujours honoré cette tradition de témoignage de leur reconnaissance pour les imams des Tarawih qui souvent viennent en bénévoles en dehors de la wilaya pour diriger ces prières surérogatoires longues qui exigent de leur part une forte attention pour éviter les erreurs de la récitation, a déclaré un membre du comité de la mosquée El-Djida en annonçant aux fidèles le jour de «Lemlema».
Pour Brahim, enseignant à la retraite, les habitants de Mila outre Lemlema veillent durant tout le mois du ramadhan à inviter à tour de rôle ces imams pour partager avec eux le repas de rupture du jeûne (f’tour) dans une convivialité qui compense à l’imam l’éloignement des siens. L’hospitalité et la cordialité, l’autre manière de déférer les «Houfadh»
Lorsque la mosquée ne dispose pas d’un lieu pour accueillir les imams bénévoles, des maisons sont loués pour eux durant le mois dans un geste d’hospitalité et cordialité de la part de la communauté, a ajouté Brahim. Cette déférence pour les imams des Tarawih découle du grand intérêt attaché par les gens de la région pour le saint Coran et ceux qui le mémorisent (El Houfadh) en considérant que le fait de diriger ces prières équivaut à une £uvre charitable que l’on ne peut qu’honorer, a estimé Khaled Boughezal, imam de la mosquée Moubarek El-Mili de la ville de Mila. Des cadeaux multiples et autres largesses sont offerts à ces imams en plus de Lemlema exclusivement en signe de considération et honneur, a-t-il dit. Pour le directeur de wilaya des affaires religieuses, Messaoud Bouledjouidja, Lemlema est une tradition ancrée dans les m£urs de la toute la société algérienne et est loin de se limiter à la seule wilaya de Mila. C’est un geste naturel envers des personnes qui se sont proposées d’officier ces prières surérogatoires de façon bénévole surtout qu’elles représentent la moitié des imams en charge de ces prières dans la wilaya de Mila qui compte 380 mosquées, a relevé M. Bouledjouidja.