France: Déjà dans la tourmente, la droite française s'enfonce de plus en plus dans la crise

Publié par Dk News le 07-06-2019, 16h28 | 4

La droite française, dans la tourmente depuis déjà quelques années, s'enfonce de plus en plus dans une crise existentielle, risquant de passer un été chaud dans l'attente de l'élection du président du parti Les Républicains (LR) en octobre prochain.

Après la grande débâcle à l'élection présidentielle de 2017, au cours de laquelle son candidat François Fillon avait passé un sale temps à cause de ses problèmes de justice, et la sanglante défaite aux élections européennes de mai dernier (8,48 %) contraignant Laurent Wauquiez de rendre le tablier de premier responsable, c'est au tour de la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, d'annoncer mercredi soir sa décision de quitter le parti.

«J'ai acquis la conviction que la refondation de la droite ne pourra pas se faire à l'intérieur et qu'elle doit se faire à l'extérieur du parti», a-t-elle déclaré sur France 2, soulignant que le parti Les Républicains «est cadenassé de l'intérieur, dans son organisation mais aussi dans ses idées». Deux de ses proches et un député ont pris la même décision ce jeudi. Plusieurs responsables du parti, notamment les caciques, ont critiqué cette ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, lui reprochant de «quitter le navire dans les moments difficiles» et soulignant que «la refondation de la droite exige du courage et de sortir des logiques personnelles».

Par ailleurs, des indiscrétions font état de tentatives de l'ancien président Nicolas Sarkozy de sauver «ce qui reste à sauver» du parti, en attendant l'élection d'un président à la mi-octobre, d'autant que certains lorgnent du côté de l'extrême droite de Marine Le Pen.

Pour sortir de cette crise, certains cadres du parti évoquent la solution d'un recentrage politique vers le centre, mais d'autres restent fermement opposés, craignant d'en faire «un grand parti mou du centre-droit». Le président démissionnaire Laurent Wauquiez a estimé que l'avenir de la droite «n'est pas dans un parti attrape-tout qui ne dit plus rien», alors que beaucoup lui reproche d'avoir commis une erreur stratégique en faisant «camper» la droite uniquement sur son aile conservatrice.

Ce qui a poussé, pensent des observateurs, des militants de cette tendance politique, qui trouvait jadis sa vivacité en opposition à la gauche classique, elle aussi en déconfiture, à opter de se réfugier au sein de La République en Marche (LREM) d'Emmanuel Macron. Force est de constater que, depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron sur la scène politique avec son mouvement «ni de droite ni de gauche», les partis de ces grandes tendances, qui se partageaient le pouvoir par intermittence, ont carrément plongé dans une crise existentielle faisant ainsi le lit au Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen. Les dernières élections européennes sont d'ailleurs une preuve limpide des capacités de l'extrême droite, dans une situation de crise des partis classiques, de grossir son électorat, en ratissant large dans le but de peser réellement et sérieusement sur la prochaine élection présidentielle de 2022.

Le président Macron a été élu au deuxième tour face à Marine Le Pen, rappelle-t-on.