La faiblesse de culture de concurrence chez les entreprises algériennes rend difficile l'application des règles

Publié par Dknews le 18-06-2019, 18h08 | 10

Le président du Conseil de la Concurrence, Amara Zitouni a mis en avant, lundi, la difficulté d'imposer les règles de la concurrence loyale en raison de la faiblesse, et dans certains cas de l'absence de cette culture au sein des entreprises nationales.

La faiblesse de cette culture s'illustre à travers la méconnaissance, d'un grand nombre d'entreprises algériennes, des procédures à suivre pour se protéger des lobbies et du monopole", a-t-il déclaré à l'APS en marge d’une Journée d'étude sur la  mise en œuvre du programme de conformité aux règles de la concurrence.

Pour M. Zitouné, la concurrence en Algérie "a été prématurée", au regard des fluctuations ayant marqué l’application de ses règles sur le marché, et ce bien que la toute première loi instituant ces règles remonte à 1995.

Le Conseil de la concurrence a été relancé en juin 2016 et le programme de conformité aux règles de la concurrence a été proposé à 71 entreprises algériennes et ce, après la récession qu'a connue le domaine entre 2003 et 2013, a-t-il relevé.

Interrogé sur les difficultés endurées par certaines entreprises nationales pour se positionner sur le marché et la faillite d'autres en raison du "monopole" imposé par certaines sociétés, M. Zitouni a fait savoir que "les entreprises lésées ne signalent pas leurs problèmes, ce qui complique le traitement de leurs dossiers par le Conseil".

Le Conseil a reçu un nombre de signalements portant sur le non-respect des règles et autres relatifs au positionnement, ajoute M. Zitouni.

M. Zitouni a appelé, dans ce cadre, les entreprises à adhérer au programme de conformité aux règles de la concurrence, lequel est appuyé par le Programme d'appui à la mise en œuvre de l'Accord d'Association Algérie-UE (P3A), et ce en vue de prendre connaissance des procédures à entreprendre pour le dépôt de plaintes contre les sociétés contrevenantes, et des modes permettant d'éviter les pénalités financières induites par la violation des règles de la concurrence.

S'agissant du monopole exercé sur le marché par certaines entreprises, le même responsable a affirmé que le Conseil suivait les évènements et empêchait la constitution "de lobbys" dans le marché, rappelant, à cet égard, que le consommateur, les associations de protection du consommateur ainsi que les autres entreprises peuvent porter plainte auprès du conseil.

Soulignant que le Conseil ne pratique aucun traitement préférentiel au profit des entreprises, il a affirmé que toutes les entreprises nationales, publiques ou privées, étaient soumises aux règles de la concurrence.

Concernant l'évaluation de l’activité du conseil, le même responsable a estimé que cette évaluation ne se faisait pas par rapport au nombre de questions traitées ni au nombre d’amendes appliquées, mais plutôt au regard de l’impact des mesures prises sur le marché.

De ce fait, le rapport annuel des activités du conseil en 2018 comprenant les différents chiffres et évaluations, sera publié mardi, a ajouté l'intervenant.

Pour ce qui de la relation du conseil avec la justice, M. Zitouni a précisé que le juge pouvait solliciter l’avis du conseil sur toute affaire qui le requiert, en transmettant le dossier du concerné au conseil pour examen.

S’agissant des affaires traitées récemment par la justice et impliquant plusieurs responsables, M. Zitouni a affirmé que le Conseil n'a été, jusqu'à ce jour, destinataire d’aucun dossier.

Le conseil œuvre en collaboration avec les autorités judiciaires à l’organisation d’une rencontre en vue de renforcer davantage la coopération entre les deux parties et de pallier les difficultés auxquelles est confronté ce processus.