Portugal: La réquisition de camionneurs en grève envisagée

Publié par DK NEWS le 13-08-2019, 15h37 | 7

Le gouvernement portugais envisageait lundi de réquisitionner des camionneurs pour assurer le respect des services minimums fixés dans le cadre d'une grève illimitée des chauffeurs de poids lourds de transport de carburant.

"Malheureusement la situation a changé cet après-midi", a déclaré le Premier ministre socialiste Antonio Costa à l'issue d'un entretien avec le président conservateur, Marcelo Rebelo de Sousa, pour faire le point sur le mouvement social entamé aux premières heures de lundi.

"Les services minimum ne sont plus respectés", notamment à l'aéroport de Lisbonne et dans la région touristique de l'Algarve (sud), a précisé M. Costa, qui a convoqué dans la foulée un conseil des ministres extraordinaire pour évaluer la nécessité de réquisitionner ou pas des grévistes.

La veille, le chef de l'exécutif avait affirmé qu'il n'hésiterait pas à réquisitionner des grévistes si la situation l'exigeait.Une partie des quelque 500 policiers et gendarmes préalablement formés à conduire des camions citernes ont dû être mobilisés pour remplacer des camionneurs en grève, a indiqué M. Costa en fin de journée.

Dès la matinée, des convois de camions-citerne quittaient les principaux dépôts de carburant du pays sous escorte policière, afin de mener leurs opérations de ravitaillement.

Anticipant des difficultés de ravitaillement, de nombreux automobilistes avaient fait le plein avant le début du mouvement et les ventes de carburant ont presque doublé ces derniers jours par rapport à la normale, selon l'exécutif.

Lundi après-midi, environ 18% des quelque 3.000 stations service du pays étaient totalement à sec et autant manquaient d'au moins un type de carburant, d'après un site internet rassemblant les informations fournies par les usagers.

Le gouvernement socialiste a pris une série de mesures pour limiter l'impact du mouvement en cette période estivale. Une précédente grève des transporteurs de carburant en avril avait provoqué d'importantes pénuries.

L'exécutif a ainsi déclaré une "situation de crise énergétique" jusqu'au 21 août, lui permettant de rationner le carburant vendu à la pompe dès lundi.

Il a également décrété un dispositif de service minimum pour obliger les transporteurs à fournir au moins 50% du carburant qui devait normalement être livré. Près de 400 stations choisies par le gouvernement, dont une cinquantaine dédiées uniquement aux véhicules prioritaires, devaient être ravitaillées à 100%, de même que les aéroports ou les centres d'opération des services d'urgence des forces de l'ordre.

Les syndicats grévistes, qui réclament des hausses salariales, ont accusé les entreprises de transport d'avoir fait pression sur les chauffeurs pour les convaincre de renoncer au mouvement et aller même au-delà des services minimum imposés par le gouvernement.

A l'issue de la grève d'avril, les chauffeurs de camions-citerne avaient obtenu des augmentation de salaire qui entreront en vigueur à partir de janvier 2020.

Ils exigent maintenant que leurs employeurs s'engagent à leur accorder de nouvelles hausses en 2021 et 2022.