Libye: Amnesty préoccupée par le sort d'une députée enlevée à Benghazi

Publié par DK NEWS le 17-08-2019, 16h06 | 4

L'ONG Amnesty International a exprimé vendredi ses craintes grandissantes quant à la sécurité d'une députée du Parlement libyen, enlevée il y a près d'un mois à Benghazi après avoir appelé à "arrêter l'effusion de sang" dans ce pays, en référence notamment aux hostilités lancées par le général à la retraite Khalifa Haftar pour s'emparer de la capitale Tripoli.

Siham Sergewa a disparu le 17 juillet à Benghazi, siège du Parlement élu, après l'attaque de son domicile par un groupe armé, au lendemain de son intervention sur la chaîne Libya al-Hadath.

Dans son intervention, Mme Sergewa avait appelé à l'arrêt des combats à Tripoli où Khalifa Haftar a lancé le 4 avril une offensive pour tenter de prendre la capitale, où est basé le Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU.

La députée avait aussi dénoncé le "radicalisme" de certains députés acquis à la cause d'un camp ou l'autre, responsable selon elle de la division du Parlement. "Cet enlèvement horrible (...) illustre le danger couru par les femmes actives dans la vie publique libyenne qui osent exprimer des critiques contre les milices", a indiqué Magdalena Mughrabi, directrice-adjointe pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty International, citée dans un communiqué."Les craintes quant à sa sécurité grandissent davantage chaque jour", a-t-elle ajouté.

Le 18 juillet, la mission de l'ONU en Libye (Manul) avait appelé à une enquête sur sa disparition et à sa libération.

La députée "semble avoir subi cette attaque en punition pour avoir exprimé pacifiquement ses opinions et critiqué les troupes fidèles à Haftar, a ajouté Mme Mughrabi.

Des témoins de l'attaque ont indiqué que les assaillants étaient affiliés aux forces pro-Haftar, selon le communiqué d'Amnesty, dans lequel il est précisé que le mari de la députée a été blessé à la jambe par un tir et son fils de 16 ans "violemment battu".

Les combats entre les forces loyales au GNA et les troupes de Haftar ont fait en quatre mois 1.093 morts et 5.752 blessés, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Près de 120.000 personnes ont été déplacées.