Artisanat Abdelkader Chaterbache, un artisan au service de l’éducation (PORTRAIT)

Publié par DK NEWS le 15-09-2019, 15h39 | 9

Artiste plasticien, artisan et enseignant   formateur dans le domaine des jeux artistiques, des £uvres d’art et des   outils éducatifs, Abdelkader Chaterbache de Aïn Defla s’emploie, depuis   plus de 20 ans, à soutenir le secteur de l’Education, alimentant de ses   produits crèches et écoles.

Influencé par son oncle qui réalisait des miniatures, ce natif de   Tissemsilit âgé de 45 ans est le seul fabricant à l’échelle nationale du   matériel Montessori, en référence à Maria Montessori, médecin et pédagogue   italienne, mondialement connue pour la méthode pédagogique qui porte son   nom (la pédagogie Montessori).

«Par les temps qui courent, les outils pédagogiques sont incontournables   dans le processus éducatif. On y recourt dans les ateliers d’apprentissage   par la pratique pour lesquels ont opté de nombreux pays à travers le monde,   la Finlande en tête, a-t-il fait savoir.

Selon lui, l’introduction à grande échelle des outils pédagogiques permet   de consolider le rôle du maître qui»doit aider et non juger», observant que   le travail mental est la source de nourriture de l’esprit.

«Certains parents m’ont assuré qu’en sus des compétences et des réflexes   acquis par leurs enfants, ces outils ont eu des incidences positifs sur le   comportement de ces derniers, hyperactifs pour bon nombre d’entre eux,   devenus plus calme, plus sociables et plus respectueux de leurs camarades»,   s’est-il réjoui.

Se référant à certains pédagogues, il a affirmé que le recours aux outils   éducatifs est d’autant plus nécessaire que les solutions à certains   troubles mentaux ne sont pas «nécessairement» médicales et chimiques, mais   plutôt éducatives. Au four et au moulin au niveau de son atelier situé à la maison   d’artisanat de Aïn Defla (il travaille 12 heures par jour), Abdelkader   veille à la qualité des produits, prodiguant instructions et conseils au   personnel (5 femmes) travaillant sous sa coupe.

Assis face à son micro, il s’affaire à achever une carte puzzle de toute   l’Algérie permettant de connaître les régions du pays.  «Sans prétention aucune, nos produits concurrencent ceux en provenance de   l’étranger et les professionnels de l’éducation ont mis en avant leurs   spécificités»,  a-il- confié, soutenant que ces outils sont fabriqués selon   les normes mondiales en vigueur (notamment celles ayant trait à la couleur   et la matière avec laquelle ils sont construits).

En guise d’illustration des prix appliqués, il a précisé qu’une boite de   lettres amovibles est cédée à 5 000 DA au moment où le triangle   constructeur revient à 8 000 DA, signalant que les mêmes outils importés   sont cédés respectivement à 7 000 et 12 000 DA.  Parallèlement à son travail, M.Chaterbache assure des sessions de   formation dans nombre de régions du pays au profit de jeunes soucieux   d’apprendre ce métier. Pas moins de 150 personnes ont, dans ce cadre, été   formés en 2018 dont les niveaux varient de la terminale aux étudiants   préparant un doctorat se rapportant à la psychologie de l’éducation.

Mais, en dépit de son inlassable activité et de son amour pour l’activité   qu’il exerce, Abdelkader Chaterbache avoue avoir besoin d’un soutien   «pressant» pour mener sa mission à la fois éducative et humanitaire.  «J’ai exposé ce projet à plusieurs responsables à divers niveau de   l’administration mais malheureusement il n y a pas eu d’écho favorable de   leur part», a-t-il regretté, estimant «paradoxal» qu’en ces temps de   récession économique, rien n’est fait pour encourager la fabrication   d’outils qui reviennent nettement moins cher que ceux importés.  Tout en rappelant que les économies de pays tels que l’Espagne ou l’Italie   sont, en grande partie, basées sur l’activité des PME, il a estimé   «inadmissible» le fait d’importer des outils tels les triangles de   construction et les lettres amovibles susceptibles d’être fabriqués   localement.

«Les locaux que j’occupe à la maison de l’artisanat sont loués avec mon   propre argent, ils ne m’ont pas été offerts gracieusement», a-t-il tenu à   faire savoir, qualifiant de «vaines» ses tentatives de bénéficier d’une   aide de la part de l’antenne du Fonds de Soutien à l’Artisan de Aïn Defla.  «Maria Montessori ne cessait de répéter que toute aide inutile est une   entrave au développement de l’enfant», a-t-il insisté, signalant que la   particularité de la méthode de cette grande pédagogue consiste à permettre   à l’enfant d’apprendre le respect, la tolérance et la dignité en les vivant   au quotidien.