Le président Emmanuel Macron a estimé que «la France ne peut pas accueillir tout le monde si elle veut accueillir bien», à quelques jours d'un débat parlementaire sur le sujet.
«Pour continuer à accueillir tout le monde dignement on ne doit pas être un pays trop attractif», a-t-il ajouté, dans un entretien à la radio Europe 1 enregistré depuis New York et diffusé mercredi.
Le président français a plaidé pour «être humains et efficaces» et «sortir de certaines postures dans lesquelles nous sommes enfermés», entre «bonne conscience» et «faux durs», avant un débat sur l'immigration le 30 septembre à l'Assemblée nationale et le 2 octobre au Sénat.
«Ce serait une erreur de dire que la question migratoire est une question taboue ou que, en quelque sorte, on ne pourrait la poser que quand il y a des crises», a jugé M. Macron, assurant que «la France est un pays de migration de tout temps» et qu'il souhaite aborder ce débat sur un mode «extrêmement apaisé».
Il a reconnu une très forte augmentation du nombre de demandeurs d'asile, en raison d'une insuffisante coopération en Europe, et un «échec» des reconduites à la frontière.
La France a enregistré une hausse de 23% des demandes d'asile l'an dernier, avec notamment des dossiers albanais et géorgiens que les pouvoirs publics estiment largement non fondés. Depuis plusieurs mois, Emmanuel Macron a mis en avant sa volonté de ne pas laisser le sujet de l'immigration à la droite et à l'extrême droite, suggérant un déséquilibre en Europe au détriment de la France et un aveuglement d'une partie de la classe politique sur la question. A quelques mois des élections municipales, en mars prochain, les premières du tout jeune parti présidentiel La République en Marche! (LREM), le président avait déjà appelé la semaine dernière sa formation à éviter d'être «un parti bourgeois» qui ignore l'opinion des classes populaires, plus directement confrontées aux effets de l'immigration et séduites par l'extrême droite.