Santé

Oran: Violence quotidienne contre les personnels de la santé, des raisons injustifiées

Publié par DK NEWS le 27-09-2019, 15h59 | 10
|

Le phénomène de la violence contre les personnels des établissements de santé est quotidien à Oran et tend à prendre de l'ampleur au moment où différents acteurs du secteur, même s'ils s'échangent les accusations, s'accordent sur le caractère «injustifié» de ces comportements indignes, selon des avis recueillis par l'APS.

Le chargé de la communication de la DSP Oran, le Dr Youcef Boukhari, interrogé sur cette question, refuse d’incriminer une partie bien déterminée. «Quelles que soient les causes, le citoyen a raison et le personnel aussi.

Cela ne veut pas dire que le patient ou ses proches a raison d’être violent, mais il a raison dans ses revendications qu’il ne peut exprimer autrement que par la violence», souligne-t-il, estimant que «c’est aux professionnels de la santé de décoder les raisons de cette violence et d’y apporter les correctifs nécessaires».

«La violence n'est jamais justifiable, mais le citoyen ayant subi une série de mésaventures au sein des structures de santé, se sent lésé et s’exprime à sa manière, une manière condamnable parfois», souligne-t-il, ajoutant que «le personnel, vu l'ampleur du travail, le nombre de patients augmentant sans cesse et le manque de moyens, ne peut donner que ce qu'il a.

Ce n'est, parfois, pas suffisant aux yeux des malades et de leurs proches, d’où les problèmes de violence physique ou verbal».

Les cas d’agression sont multiples tout comme leurs causes : certains accompagnateurs, généralement des parents des malades, exigent avec force un traitement «déterminé» pour soulager les douleurs de leur proche et ne laissent pas au praticien le temps, ni le loisir de prendre une décision médicale pour ces cas.

C'est là que les disputes commencent. «Au centre de tri, le citoyen croit que les malades qui passent avant lui sont «pistonnés».

Il ne comprend pas qu'il y a des degrés d'urgence. Pour lui, c'est la douleur qui est la plus grave et la plus prioritaire à traiter, alors qu'il y a des cas où il n'y a pas de douleur, mais, par exemple, une hémorragie interne nécessitant une prise en charge instantanée car il y va de la vie du patient.

Cela est arrivé à plusieurs reprises», témoignent des médecins. Il arrive aussi que des rixes survenues dans un quartier finissent à l'hôpital où les membres de bandes rivales se retrouvent face à face.

Les salles de soin se transforment aussitôt en champs de bataille.

Dans ce cas, les agents de sécurité n'y peuvent rien car, ces individus usent d'armes blanches et autres objets, déplore-t-on.

«Parfois, entre 120 et 300 consultations sont assurées par garde. Tous les patients veulent passer les premiers. Chacun estime que son cas est le plus grave. Ces situations sont propices à la violence. Un mot de travers de l'une ou de l'autre partie, et la violence, verbale ou physique, fait surface», témoigne une praticienne sous couvert de l’anonymat. «A la polyclinique de Haï Fillaoucen (ex-El Barki), une femme médecin a été agressée pour une raison jugée futile.

L'accompagnateur d'un malade lui a carrément crevé l'oeil avec un objet pointu. Il y a dix jours, un médecin des UMC du CHUO a été agressé à l'arme blanche.

Les exemples sont très nombreux. Il ne passe pas jour sans qu'il y ait, dans un service ou dans un autre, une agression, même verbale.

Les services où l'on enregistre le plus de violence sont les UMC, les services de cardiologie, de pneumologie et la maternité», confie-t-elle.

Par ailleurs, les évacuations des autres wilayas de l'Ouest, ainsi que les évacuations à partir des structures de santé de la wilaya, vers le CHU et l'EHU, deux hôpitaux à vocation régionale, sont très nombreuses et contribuent à faire empirer les choses, affirment d'autres intervenants dans le secteur.

Dr Boukhari estime que les solutions sont à rechercher dans le renforcement des services en personnels spécialisés et en agents de sécurité.

En outre, la formation des agents de sécurité pour la gestion des conflits est également importante, or ces derniers ne sont ni nombreux, ni formés en conséquence, regrette-t-il.

 Médecins et malades sous pression

La directrice des UMC du CHUO, Bouderbali Amina, rappelle que «le personnel fait preuve de bonne volonté et déploie tous les efforts pour apaiser la situation, lors des conflits».

Toutefois, elle reconnaît que les choses peuvent connaitre une nette amélioration avec une bonne orientation des malades, notamment au niveau des dispensaires qui ne doivent plus diriger les malades de façon anarchique vers les hôpitaux.

«Entre 200 et 300 radiographies sont effectuées en une seule garde, ainsi qu’une moyenne de 60 hospitalisations par jour, sans compter les consultations qui atteignent les 200 à 300 quotidiennement.

Tous ces cas confondus représentent une lourde charge pour un seul service», déplore-t-elle.

Pour elle, la gestion des évacuations et des orientations doit être «réorganisée» de façon à soulager les UMC et le CHUO de manière générale, et à inciter les malades à aller vers les EPSP, dotés de tous les moyens humains et matériels pour une bonne prise en charge.

Cependant, des patients et leurs accompagnateurs, rencontrés au niveau des UMC du CHUO et dans d’autres établissements de la santé, évoquent une «mauvaise qualité» de l’accueil et des prestations ainsi que du manque de matériel et des consommables.

«Il est inadmissible qu’on nous demande de ramener des seringues, un médicament ou un thermomètre dont certains services sont dépourvus», déplore l’accompagnateur d’un malade, qui évoque également la manière dont sont traités les malades et leurs proches, avec «l’insolence» de certains agents et personnels de santé.

«Rien n’est fait pour créer une atmosphère sereine au sein de l’établissement. Il y a, de temps en temps, la goutte qui fait déborder le vase.

Le plus calme des accompagnateurs peut devenir très agressif, très violent», ajoute-t-il.

Un autre proche de malade estime, pour sa part, que l’amélioration de l’accueil et des prestations, une bonne gestion et une bonne orientation du nombre des patients, ainsi que la disponibilité des médicaments et des consommables au sein des services pourraient aider à améliorer les choses de manière notable.

Pour sa part, le Pr Merouane Boukrissa, chef de service des urgences chirurgicales des UMC du CHU d’Oran, reconnaît ces insuffisances. «Nous sommes conscients de nos insuffisances. Nous sommes perfectibles et faisons le maximum pour y remédier», indique-t-il, tout en soulignant que des améliorations sont apportées au service de manière régulière.

Le même praticien indique que, durant certaines périodes de l’année, comme les mois de juillet et août, le nombre de patients pris en charge dans les UMC est multiplié par quatre, alors que la plupart d’entre eux peuvent être traités au niveau des EPSP.

«C’est là une situation où les problèmes se multiplient, d’où les agressions verbales et physiques, les disputes entre patients, entre accompagnateurs, entre autres», indique-t-il.

|
Haut de la page

CHRONIQUES

  • Walid B

    Grâce à des efforts inlassablement consentis et à une efficacité fièrement retrouvée, la diplomatie algérienne, sous l’impulsion de celui qui fut son artisan principal, en l’occurrence le président de la République Abdelaziz Bouteflika, occupe aujour

  • Boualem Branki

    La loi de finances 2016 n’est pas austère. Contrairement à ce qui a été pronostiqué par ‘’les experts’’, le dernier Conseil des ministres, présidé par le Président Bouteflika, a adopté en réalité une loi de finances qui prend en compte autant le ress

  • Walid B

    C'est dans le contexte d'un large mouvement de réformes sécuritaires et politiques, lancé en 2011, avec la levée de l'état d'urgence et la mise en chantier de plusieurs lois à portée politique, que ce processus sera couronné prochainement par le proj

  • Boualem Branki

    La solidité des institutions algériennes, la valorisation des acquis sociaux et leur développement, tels ont été les grands messages livrés hier lundi à Bechar par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Nouredine Bédoui.

  • DK NEWS

    Le gouvernement ne semble pas connaître de répit en cette période estivale. Les ministres sont tous sur le terrain pour préparer la rentrée sociale qui interviendra début septembre prochain.

  • Walid B

    Dans un contexte géopolitique régional et international marqué par des bouleversements de toutes sortes et des défis multiples, la consolidation du front interne s'impose comme unique voie pour faire face à toutes les menaces internes..

  • Walid B

    Après le Sud, le premier ministre Abdelmalek Sellal met le cap sur l'Ouest du pays où il est attendu aujourd'hui dans les wilayas d'Oran et de Mascara pour une visite de travail et d'inspection.