Tizi-Ouzou: Naguère entouré de décharges, le village Sahel sacré «ambassadeur» de Tizi-Ouzou pour la propreté

Publié par DK NEWS le 11-11-2019, 15h03 | 77

D’une agglomération entourée d’une dizaine de décharges sauvages au «statut» de village le plus propre, Sahel dans la commune de Bouzeguène (sud-est de Tizi-Ouzou), a fini par remporter le Prix Rabah Aissat du village le plus propre de la wilaya, en récompense aux efforts de ses habitants en matière de préservation de l’environnement et d'enjolivement de l'espace public.

Trois kilomètres séparent la ville de Bouzeguène de Sahel. Le village est accessible par une route qui descend. Les toits et terrasses des premières maisons, cernées d’arbres et de plantes ornementales, pointent en contrebas de la route principale. «Ansuf Yisswen ar Tadart n Ssahel» (Bienvenue au village de Sahel, en tamazight), lit on sur une banderole suspendue entre un figuier et un olivier, à l’une des entrées de ce grand village.

L’emblème national y est grandement déployé. Des pots de plantes décoratives aux feuillages et fleurs aux couleurs chatoyantes sont alignés le long de la sente donnant accès au village, ouvrant une procession interminable de merveilleux paysages. Propreté, entretien, embellissement, se conjuguent à tous les temps au village Sahel. A croire que celui-ci vient tout juste de faire sa toilette tellement il «respire» la propreté. Des affiches appelant au respect de l’environnement et rappelant la valeur des déchets recyclables sont collées un peu partout sur les façades et les portails des maisons. Des poubelles pour différents types de déchets et des cendriers urbains sont aussi installés à travers les ruelles et places publiques du village.

Deux membres du comité de village, Chebini Youcef et Tarik Boudia, confient que le «déclic» écologique s’est produit en 2014, année à partir de laquelle les 3.000 habitants de Sahel ont décidé de s’engager concrètement dans une démarche de préservation de l’environnement pour améliorer leur cadre de vie.

Trois étapes pour une gestion efficace des déchets

Le Prix du village le plus propre, décerné mercredi dernier par l’Assemblée populaire de wilaya (APW), est la consécration de cinq années de dur labeur, d’engagement de toute une communauté villageoise sur la voie de la préservation de l’environnement, avec ses moments d’espoir, d’hésitation, de recommencement mais jamais d’abandon vu la détermination à se prendre en charge pour s’offrir un cadre de vie meilleur et laisser un environnement sain aux générations futures, ont observé MM. Chebini et Boudia.

Pour les habitants de ce grand village qui s’étend sur 50 ha, situé à environ 600 mètres d’altitude et bordé dans sa partie basse par le Haut Sébaou, la tâche n’était pas facile. La détermination des villageois et surtout leur union et esprit de solidarité et d’entraide, ont permis de surpasser toutes les difficultés pour devenir «les ambassadeurs» de l’environnement pour l’année 2019. Le président du comité de village, Rachid Oudali, qui est aussi le président de l’Assemblée populaire communale (APC) de Bouzguène, a expliqué qu’il a fallu passer par trois étapes pour arriver à une gestion «efficace des déchets». «Nous avons d’abord fait le tri pendant une année au niveau d’un seule centre, avant d’opter pour des centres de tri de proximité dans les quartiers, afin de mieux gérer cette opération et de responsabiliser les familles.

Ces dernières effectuent le tri à domicile et les déchets recyclables sont vendus à un récupérateur», a-t-il dit.

Puis, un centre artisanal d’incinération des déchets ultimes a été réalisé par les habitants et quelque 300 composteurs ont été installés à travers le territoire du village. L’un de ces composteurs visité est celui installé à El Hara Ath Ramdane, au milieu d’un jardin où les plantes aromatiques, maraîchères et ornementales prolifèrent, nourries par le composte produit. «Ce système de gestion a permis d’éradiquer les 10 décharges sauvages de Sahel, de réduire la quantité des déchets de deux tiers, et d’assurer une rentrée d’argent pour le mouvement associatif grâce à la vente des déchets recyclables à un récupérateur», se sont félicités MM. Chebini et Boudia.

La protection de l’environnement occupe tout un chapitre dans la charte du village Sahel, a souligné M. Chebini qui a observé qu'«après plusieurs étapes et expériences dans le domaine de la protection de l’environnement, le village est parvenu à se prendre en charge d’une manière efficiente en incluant le chapitre environnement et hygiène dans sa charte». Dans ce chapitre, l’entreposage anarchique d’ordures en dehors des centres de tri de proximité est prohibé et sanctionné. De même, le dépôt de matériaux de construction sur la voie publique et le piquage du dallage des rues pour travaux sont soumis à l’autorisation du comité de village. Pour la préservation des sources et fontaines du village, la charte du village interdit le lavage de toute nature à l’intérieur des fontaines, la vidange de bassins est par ailleurs strictement interdite, a indiqué M. Chebini qui a précisé que des «brigades vertes» sont installées durant les différents événements se déroulant au village ou durant les vacances pour veiller à la salubrité publique. Pour inculquer l’amour de la nature aux enfants, le comité du village Sahel a créé un jardin pédagogique.

Chaque 21 jours, les chérubins de 5 à 15 ans sont admis au niveau de ce jardin-école pour apprendre à faire pousser des plantes ainsi que le greffage (d’oléastres notamment). Les enfants y découvrent aussi à quoi sert le compostage produit dans le village. «Nous leur expliquons que c’est un excellent fertilisant pour le sol et qui n’est pas nocif pour la santé comme les engrais chimiques.

Notre but et de former une génération respectueuse de l’environnement, consciente des dangers des produits chimiques (traitements phytosanitaires, désherbants, engrais), ont insisté MM. Chebini et Boudia. Histoire d'affirmer que l'attachement à la terre est aussi une affaire de pédagogie...