Le voyage de l'Afrique vers le Yémen reste la voie de migration maritime la plus fréquentée au monde, selon l'ONU qui fait état de 138.000 migrants et réfugiés entrés dans ce pays en 2019, en dépit de la guerre qui y sévit.
En moyenne, 11.500 personnes ont embarqué chaque mois sur des navires reliant la Corne de l’Afrique au Yémen en 2019, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) citée dans un communiqué du bureau du porte-parole de l'ONU.
En comparaison, ce sont plus de 110.000 migrants et réfugiés qui ont traversé la Méditerranée vers l’Europe au cours de la même période. C’est la deuxième année consécutive que la route dite de l’Est enregistre plus de traversées que la Méditerranée. En 2018, environ 150.000 personnes ont fait le voyage. «Alors que les tragédies le long des routes méditerranéennes sont bien connues, notre personnel témoigne quotidiennement des abus subis par les jeunes de la Corne de l’Afrique aux mains des passeurs et des trafiquants qui exploitent leurs espoirs d’une vie meilleure», a déclaré le directeur régional de l’OIM pour la Corne de l’Afrique, Mohammed Abdiker.
Selon l’Agence de l’ONU pour les migrations, près de 90 % des personnes arrivées au Yémen en 2019 avaient l’intention de poursuivre leur voyage vers le Royaume d’Arabie saoudite. Souvent originaires des régions rurales d’Oromia, d’Amhara et du Tigré, plus de 90 % des personnes faisant le voyage étaient des ressortissants éthiopiens.
Non seulement la migration sur la route de l’Est n’a pas été réduite par cinq années de conflit au Yémen, mais les migrants ne semblent pas être découragés par les politiques d’immigration strictes des pays du Golfe pour les sans-papiers.
La plupart voyagent à la recherche d’opportunités économiques inaccessibles chez eux, tandis que d’autres fuient l’insécurité, les violations des droits de l’homme et les conditions de vie difficiles. Mais la plupart ne sont pas conscients de la situation sécuritaire au Yémen, où ils sont confrontés à de graves problèmes de protection, notamment des combats actifs ou des abus tels que l’enlèvement, la torture contre rançon, l’exploitation et la traite. Dans ces conditions, l’OIM rappelle que le mécanisme de protection le plus efficace reste l’établissement de voies légales de migration, plaisant en faveur de «la sécurité et la dignité des migrants».