M. Fakhfakh, ancien ministre des Finances, a été désigné après l'échec d'un premier cabinet formé sous la houlette d'Ennahdha après les législatives du 6 octobre, et largement rejeté par le Parlement. Parmi la liste de ministres annoncée samedi soir, plusieurs sont issus d'Ennahdha, bien que ce parti ait annoncé un peu plus tôt dans la journée qu'il se retirait du gouvernement.
«La décision d'Ennahdha met le pays dans une situation difficile qui nous oblige à étudier les possibilités juridiques et constitutionnelles», a déclaré le Premier ministre désigné.
«Nous avons décidé avec le président de la République de mettre à profit ce qui reste des délais constitutionnels» pour chercher une issue, a-t-il ajouté. M. Fakhfakh a été nommé le 20 janvier par le président Kais Saied pour former dans un délai d'un mois un cabinet susceptible de convaincre la majorité des députés. La liste présentée samedi compte une moitié de personnalités présentées comme indépendantes, notamment chargée des ministères régaliens.
Ennahdha réclame la formation d'un gouvernement d'unité nationale incluant le deuxième parti au Parlement, Qalb Tounès. «Ennahdha a décidé de ne pas participer ni de voter la confiance à un gouvernement qui aurait été trop faible», a déclaré à la presse Abdelkarim Harouni, président du conseil de la choura d'Ennahdha. A défaut de gouvernement d'ici le 15 mars, M. Saied aura la possibilité de dissoudre le Parlement et de déclencher des élections anticipées, organisées dans un délai de trois mois. Tant qu'un nouveau cabinet n'obtient pas la confiance du Parlement, le gouvernement sortant continue à gérer les affaires courantes.
«Nous souhaitons éviter de nouvelles élections, mais nous n'avons pas peur d'y aller, surtout avec une loi électorale améliorée», a assuré M. Harouni.
Situation «difficile» après le retrait d'Ennahda du gouvernement
La situation politique en Tunisie reste «difficile» après le rejet par le parti Ennahda de la liste du futur gouvernement dévoilée samedi soir par le Premier ministre Elyes Fakhfakh, à l'issue de plusieurs semaines de consultations avec les groupes parlementaires concernés.
M. Fakhfakh, ancien ministre des Finances, a été nommé le 20 janvier par le président tunisien Kaïs Saïed, après l’échec d’un premier cabinet formé sous la houlette d'Ennahda (majoritaire au Parlement avec 54 députés), après les législatives d’octobre 2019, mais largement rejeté par le Parlement.
Elyes Fakhfakh avait un délai d’un mois pour former un cabinet susceptible de convaincre la majorité des députés. La liste (31 membres), présentée samedi soir, compte pour moitié des personnalités présentées comme indépendantes, notamment chargée des ministères régaliens. Parmi les portefeuilles qui devaient revenir à des membres d’Ennahda figurent la santé, le transport ou encore l’enseignement supérieur. Cette liste a été rejetée par Ennahda avant l'annonce même de la composition du futur cabinet, le parti réclamant la formation d’un «gouvernement d’unité nationale» incluant le deuxième parti au Parlement, Qalb Tounès, une formation libérale dirigée par le magnat des médias Nabil Karoui, poursuivi pour fraude fiscale, mais celui-ci avait été écarté des négociations.
«Ennahda a décidé de ne pas participer ni de voter la confiance à un gouvernement qui aurait été trop faible» (sans la participation de Qalb Tounès), a déclaré Abdelkarim Harouni, président du conseil de la choura d’Ennahda, l’organe consultatif du parti.
De son côté, Qalb Tounes qui détient 38 sièges a, par le biais de son chef Nabil Karoui, noté sur son compte officiel de Facebook, avoir décidé de faire partie de l'opposition, faisant savoir qu'il (Karoui) a reçu une invitation d'Elyes Fakhfakh à se réunir pour l'informer de la composition gouvernementale, mais il l'a rejetée, a-t-il expliqué, «par respect pour le parti, ses militants et électeurs». Pour sa part, Abir Moussi, cheffe du Parti destourien libre (PDL, 17 députés), a également annoncé que son parti avait rejeté une invitation similaire et que son parti n'est pas concerné par la participation au pouvoir avant de confirmer, officiellement, que son bloc parlementaire ne votera pas pour la nouvelle composition.
Fakhfakh face à de nouvelles difficultés
Dans une déclaration diffusée par la chaîne tunisienne nationale «Al-Wataniya 1», M. Fakhfakh a déclaré que l'option du mouvement Ennahda, de se retirer de la formation de son gouvernement et de ne pas lui accorder le vote de confiance au Parlement, en raison de la non association du parti Qalb Tounes, «met le pays face à une situation difficile qui nécessite un examen minutieux des options constitutionnelles». «Nous avons décidé avec le président de la République de profiter de ce qui reste de durée constitutionnelle» pour chercher une issue, a-t-il ajouté, laissant entendre que la liste pourrait notamment être modifiée. Dans ce contexte, le président du conseil de la choura d’Ennahda, a souligné que «M. Fakfakh peut encore négocier, mais il ne lui reste plus beaucoup de jours», évoquant la possibilité, si Fakhfakh renonce à présenter un cabinet, que le président Saeid désigne un nouveau chef du gouvernement.
A compter de la date de sa désignation (20 janvier), Elyes Fakhfakh aurait un mois pour former son gouvernement et le faire passer au vote de confiance au parlement, où il aura impérativement besoin d'une majorité absolue, de 109 votes favorables (parmi les 217 possibles) pour espérer être officiellement investi chef de gouvernement. Dans le cas contraire, M. Saïed aura aussi la possibilité de dissoudre le Parlement et de déclencher des élections anticipées, elles seraient alors organisées dans un délai de trois mois. Tant qu’un nouveau cabinet n’obtient pas la confiance du Parlement, le gouvernement sortant continuera à gérer les affaires courantes. «Noussouhaitons éviter de nouvelles élections, mais nous n’avons pas peur d’y aller, surtout avec une loi électorale améliorée», a assuré dans ce sens, M. Harouni. Un projet de loi contesté, visant à augmenter le seuil de représentativité à 5 %, a été adopté vendredi en commission, ouvrant la voie à un vote sur ce texte qui renforcerait l’emprise des gros partis, alors que le Parlement actuel est morcelé en une vingtaine de formations.