Un nouveau gouvernement irakien composé de ministres «indépendants» sera annoncé dans les prochains jours par le Premier ministre désigné, Mohammed Allawi, qui a promis de répondre aux demandes clés des manifestants.
M. Allawi a promis de former un gouvernement représentatif, tenir des élections anticipées et s'assurer que justice sera rendue pour les manifestants tués lors du mouvement de contestation qui a été marqué par la mort de plus de 480 personnes, majoritairement des protestataires. Ce mandat intervient environ deux mois après la démission de l'ancien Premier ministre, Adel Abdul Mahdi, sous la pression des manifestations de masse qui se poursuivent depuis début octobre dernier. Le gouvernement qui sera formé par Allawi dirigera le pays jusqu'aux élections législatives anticipées. Depuis le 1er octobre, l'Irak est plongé dans la crise politique la plus grave de son histoire récente. La révolte populaire inédite partie de Baghdad avant de paralyser durant des mois le sud de l'Irak réclame la refonte du système politique et le renouvellement complet de la classe dirigeante. Les manifestants refusent catégoriquement M. Allawi car il a été à deux reprises ministre de ce système, mais le leader chiite Moqtada Sadr qui tient le premier bloc à l'assemblée et qui fut le premier soutien de la contestation appuie désormais le gouvernement à venir. Son mouvement insiste toutefois sur le fait que les ministres nommés ne doivent pas être affiliés à des partis politiques.
Ce gouvernement est censé mener l'Irak vers des élections anticipées dans le cadre d'une nouvelle loi électorale. Celle-ci a été votée par le Parlement mais doit encore être ratifiée par le président. Ses modalités exactes ne sont pas encore fixées.
Un gouvernement de personnalités compétentes et intègres
«Nous nous approchons d'un succès historique, la formation d'un gouvernement indépendant constitué de personnalités compétentes et intègres sans ingérence d'aucune partie politique», a écrit sur Twitter M. Allawi. Il a appelé les manifestants à poursuivre leurs manifestations «pour soutenir son gouvernement dans la réalisation des réformes souhaitées».
Allawi s'est engagé à «traduire les tueurs des manifestants en justice et à protéger les manifestations populaires». Il a appelé les manifestants à soutenir son gouvernement dans les mesures de réforme qu’il entreprendra visant à achever la réforme de la loi électorale concernant les élections législatives, à la poursuite des corrompus, ainsi que pour la tenue d'élections législatives anticipées.
Il a souligné qu'il refuserait tout diktat des parties concernant ses ministres du gouvernement et qu'il renoncerait à son mandat si de tels agissements avaient lieu. «Nous allons proposer les noms de ces ministres durant la semaine», qui débute dimanche en Irak, «et nous espérons que les députés répondront présents et lui voteront la confiance afin de commencer à mettre en oeuvre ce que le peuple revendique», a-t-il souligné. Le Parlement n'a toutefois pas jusqu'ici annoncé de session extraordinaire avant la fin, officiellement mi-mars, des vacances parlementaires. Des sources politiques assurent que les négociations sont tendues entre des partis décidés à conserver leurs postes au cabinet, alors que la rue réclame des indépendants et poursuit son mouvement, marqué par des violences qui ont fait près de 550 morts et quelque 30.000 blessés selon un bilan officiel.
Normalement le Premier ministre désigné doit présenter son gouvernement au Parlement qui devra lui voter ou non la confiance lors de la même session. Le vote de confiance est loin d'être acquis, assurent les observateurs, car M. Allawi proposera son gouvernement au Parlement le plus éclaté de l'histoire récente de l'Irak.
Plusieurs roquettes s'abattent près de l'ambassade américaine à Baghdad
Plusieurs roquettes se sont abattues tôt dimanche près de l'ambassade américaine à Baghdad, a indiqué à la presse une source militaire américaine, la 19e attaque contre des intérêts américains en Irak en près de quatre mois.
Ces explosions survenues vers 00H30 GMT ont déclenché les sirènes d'alarme de l'ambassade américaine, selon une source diplomatique. Elles ont été suivies d'un survol aérien de la zone, ont rapporté des médias. Aucun dégât matériel ni victime n'avait été signalé aux premières heures du jour dimanche.
Les attaques à la roquettes contre des soldats, des diplomates ou des installations des Etats-Unis en Irak se sont multipliées depuis la fin octobre. Elles ont tué un sous-traitant américain et un soldat irakien. Aucune des 19 attaques recensées depuis le 28 octobre n'a été revendiquée mais Washington accuse les factions armées pro-Iran d'être derrière ces hostilités. Le Parlement irakien a déjà réclamé l'expulsion des 5.200 soldats américains du pays.