Allemagne: L'extrême droite dans le collimateur des élus et du Renseignement après des attentats racistes

Publié par DK NEWS le 22-02-2020, 16h41 | 3

L'extrême droite politique en Allemagne est dans le collimateur des élus et du Renseignement intérieur après des attentats racistes de Hanau, accusée de les avoir encouragés par ses diatribes anti-migrants et certains vont jusqu'à demander qu'elle fasse l'objet d'une surveillance policière, selon des sources politiques et médiatiques. «Nous savons depuis longtemps que les paroles peuvent être suivies d'actes et les élus du peuple ne peuvent se dédouaner de cette responsabilité», a estimé le président de la chambre des députés, Wolfgang Schäuble, dans une interview hier au quotidien Handelsblatt.

Il faisait référence au parti Alternative pour l'Allemagne (AfD), devenu depuis 2017 la principale force d'opposition au Bundestag avec 89 élus en surfant sur les craintes suscitées dans la population par l'arrivée de plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015 et 2016. «Le problème est que l'AfD ne connaît aucune limite», a ajouté M. Schäuble, membre du parti conservateur d'Angela Merkel, qui va jusqu'à qualifier de «fasciste» le chef de file de l'aile la plus rad icale du mouvement d'extrême droite, Björn Höcke. Ce dernier s'est encore mêlé lundi lors d'une manifestation au mouvement anti-migrants ultra-radical Pegida pour agiter le spectre, comme il le fait depuis plusieurs années, d'un grand «remplacement» de la population autochtone allemande par les immigrés. Le secrétaire général du parti social-démocrate SPD, partenaire des conservateurs au pouvoir à Berlin, Lars Klingbeil, a lui qualifié l'AfD de «bras politique» des éléments les plus radicalisés de la mouvance d'extrême droite et de ceux qui épousent ses thèses, à l'instar de l'auteur des attentats de Hanau qui ont fait 9 mots. «Il ne peut être question bien sûr d'une responsabilité au sens pénal mais il est clair que ce que dit l'AfD et certains de ses responsables politiques contribuent à de tels actes», estime le politologue berlinois Carsten Koschmieder sur la chaîne publique ARD. Obsédé de théories racialistes, l'auteur des attentats se disait inquiet dans un «manifeste» laissé derrière lui de la dilution de la race germanique par la naturalisation d'étrangers. «C'est exactement le discours de l'AfD», juge M.Koschmieder. Le dirigeant du parti , Alexander Gauland, voit dans les critiques à sonégard une «instrumentalisation» d'un acte sans lien avec son mouvement. Les caciques de l' AfD se sont empressés de décrire les attentats comme le fait d'un «déséquilibré qui n'aurait jamais dû être autorisé à détenir une arme». La pression monte toutefois. La gauche demande que le parti tout entier fasse désormais l'objet d'une surveillance du Renseignement intérieur. Un traitement réservé en Allemagne aux organisations représentant un danger pour l'Etat et marqué au sceau de l'infamie politique. Déjà, la frange la plus radicale de l'AfD est dans le collimateur du Renseignement. Hier, des responsables des deux partis gouvernementaux allemands ont en outre demandé que les militants de l'AfD soient bannis de la fonction publique.