Liban Nasrallah accuse l'ambassadrice américaine d'"ingérence" dans les affaires du Liban

Publié par DK NEWS le 08-07-2020, 17h35 | 16

Le chef du mouvement chiite libanais Hezbollah, Hassan Nasrallah, a vivement critiqué mardi l'ambassadrice américaine à Beyrouth l'accusant d'"ingérence" dans tous les domaines de la vie publique au Liban et de se comporter comme son "chef militaire". 
"Nous avons vu ces derniers mois, depuis que la nouvelle ambassadrice nous a fait l'honneur de débarquer (...) qu'elle traite avec le Liban comme si elle en était le chef militaire ou son haut commissaire", a dénoncé le chef du Hezbollah. 
Il s'agit de la première réaction officielle de M. Nasrallah depuis les propos virulents de Dorothy Shea contre le puissant mouvement chiite. 
Elle l'a qualifié "d'organisation terroriste", l'accusant d'avoir "siphonné des milliards de dollars qui auraient dû aller dans les coffres du gouvernement". 
Selon M. Nasrallah, la diplomate "s'ingère dans les nominations (administratives), le gouvernement et la situation économique". 
"Le plus dangereux est de liguer les Libanais les uns contre les autres", a-t-il averti, accusant Mme Shea de se rendre chez des dirigeants politiques "pour les monter contre le Hezbolla h" en vue de provoquer "une guerre civile". 
M. Nasrallah a fait savoir que son bloc parlementaire allait demander au ministre libanais des Affaires étrangères de "convoquer" l'ambassadrice afin de la contraindre à "respecter les conventions internationales". 
Cette affaire a provoqué une polémique au Liban après qu'un juge a décidé fin juin d'interdire, sous peine de sanctions, aux médias libanais et étrangers travaillant au Liban d'interviewer, durant un an, Mme Shea, ou de publier ses déclarations au sujet du Hezbollah. Mme Shea avait également été convoquée par le chef de la diplomatie libanaise, qui avait assuré à l'issue de la réunion: "L'affaire était désormais derrière nous". 
Le Liban connait sa pire crise économique en trente ans, marquée par une chute vertigineuse de la monnaie nationale sur fond de tiraillements politiques et de grogne sociale inédite. 
Le Hezbollah a accusé les Etats-Unis de chercher à affamer les Syriens et les Libanais et d'interdire l'afflux de dollars, monnaie sur laquelle est indexée la livre libanaise. 
"La politique d'étouffement, de blocus et de sanctions (...) n'affaiblira pas le Hezbollah, mais le renforcera et affaiblira vos alliés", a encore lancé Hassan Nasrallah. 
Le Hezbollah est inscrit sur la liste noire américaine et est classé "organisation ter roriste" par d'autres pays occidentaux et des pays arabes du Golfe.