La bombe calorique

Publié par Said Abjaoui le 24-06-2014, 19h56 | 43

Le jeûne est l’opportunité offerte pour asseoir la raison, la sagesses. Autant les malades chroniques consultent les imams pour orienter leur conduite par rapport à leur maladie, autant ils doivent également consulter et même se soumettre aux avis de leurs médecins. Les médecins sont des personnes savantes dans leur métier et qui font les recommandations qu’il faut à leurs malades, surtout les malades chroniques.

Les médecins savent toutes les implications sur l’organisme et sur le confort de vie des maladies chroniques, tel le diabète qui s’attaque à tout l’organisme. La maladie attaque les yeux, provoque la cécité, endommage les reins, rende les malades vulnérables aux AVC.Les professeurs Benredouane, Zakia Arbouch, et le président de l’association Algérienne des Zaouias ont partagé ces remarques.

Jeuner présente des risques. Par pour tous évidemment. Ça l’est pour les grands malades du diabète. Nous devons donc créer les conditions d’un compromis diabète, ramadan. Il y a des malades du diabète qui sacralisent cette relation au point de ne pas observer le jeûne. Le ramadan représente un des cinq piliers de l’islam. Il faut s’abstenir de boire, de manger, au moment où on peut distinguer un fil blan d’un fil noir, au coucher du soleil. 

Le ramadan correspond à une période importante pour tous les musulmans. Durant un mois donc, il y a abstinence totale.Coran, Sourate II, verset 187 "Mangez et buvez, jusqu’à ce que l’on puisse distinguer à l’aube un fil blanc d’un fil noir. Jeûnez, ensuite, jusqu’à la nuit."Il y a cependant des exceptions prévues dans le coran ;Des exceptions prévues dans le CoranLe Coran exempte les personnes malades si la pratique du ramadan eà la recherchest susceptible de nuire à leur état de santé. Pourtant de nombreuses personnes diabétiques jeûnent malgré les risques de complications et les contre-indications médicales:

• Soit parce qu’elles ne se sentent pas malades (la maladie étant silencieuse),• Soit  parce qu'elles ne veulent pas se sentir exclues de la famille ou de la communauté (le ramadan est un moment de partage et de convivialité).    Coran, Sourate II, verset 184Le Coran interdit 
"Ceux qui pourraient jeûner et qui s’en dispensent, devront, en compensation nourrir un pauvre."  Le Coran permet donc des compromis à ceux qui ne peuvent  faire le jeune sans aggraver leur  état de le rapport à la maladie du diabète.

Le docteur Karim Messous diabétologue est diététicien au centre diabétologie des annassers. Pour lui, il est indispensable de tenir compte de la qualité des repas et de leurs composants. Cheickh Nordine Mechouat, président de l’association Algérienne des Zaouïas  et de la culture a beaucoup parlé de la nécessité d’accorder la suprématie de l’avis médical en ce qui concerne le rapport à la maladie.  

La question essentielle, Faut il que le jeuneur diabétique respecte la période de jeun et s’y astreigne? Le jeuneur diabétique se place lui-même entre deux feux. Devrait il accorder la priorité à ses relations avec la religion, ou en relation avec sa maladie et les prescriptions de son médecin traitant? Un compromis, s’impose t il de lui-même ?

Devrons nous faire une démarche presque précise, à savoir qu’il faudrait évaluer les implications du jeune sur sa santé s’il se condamne à se priver de nourriture et de traitement pendant toute la journée du ramadhan en ignorant volontairement les exigences du traitement de sa maladie qui est chronique?
 Etaient également invitées les professeurs  Zakia Arbouché exerçant la fonction de chef du service diabetologie au CHU de  Tizi Ouzou tout en présidant la société Algérienne de diabétologie. Elle a été d’une parfaite convergence de vues avec le professeur Benredouane. ;

Le professeur Beredouane a présenté le thème de la conférence selon une approche qui a puisé à la fois dans la médecine et la religion. Le diabète est une maladie chronique qui ne supporte pas une rupture de son traitement.

Le jeune n’est pas un phénomène étranger aux religions, sauf qu’il n’est pas observé de la même façon. Les juifs l’observent chaque samedi du lever du soleil jusqu’à son coucher avec privation de l’alimentation. Les chrétiens l’observaient dans le temps, d’une autre façon. C’est quoi le jeûne ? Cette question ne se pose plus en Algérie car il s’agit d’une tradition ancrée depuis des siècles dans la conscience des Algériens. Une tradition qui est fonction des religions. La durée du jeûne également varie d’une religion à une autre.

Le jeûne se traduit donc par une privation de l’alimentation liquide et solide pendant une durée définie. En hiver les journées sont plus courtes qu’en été, et qu’en les deux autres saisons. C’est la question de la soif qui retient toutes les attentions en été.

Pour les diabétiques, il y a le danger des envies que crée la faim  pour ceux qui observent quand même la période de jeûne considérant que le fait d’être de type 2 les met hors de danger par rapport aux diabètes de type1. 

La tendance générale est à la surconsommation durant les soirées des journées de jeûne. On a vu des jeûnes acheter plusieurs sortes de pain, en grande quantité par rapport aux besoins de leur famille. Ils se vengent de ce qu’ils ont été privés de manger toute la journée . Comment se vengent-ils, ou plutôt comment se rattrapent ils ? Tout simplement en  achetant tout, en garnissant la table en quantité et en différents plats. Même du foie à 3200 dinars le kilo. Ce qu’ils n’auraient jamais fait en temps normal.
L’excès constaté dans les achats au dessus des besoins déséquilibre autant les finances familiales  que le métabolisme. 

Il y en a qui deviennent diabétiques pendant le mois de ramadhan.

Le professeur Benredouane saisit cette opportunité pour expliquer que le jeûne est une occasion de spiritualité et non de surconsommation qui détruit l’équilibre de l’organisme, ou plutôt le fonctionnement harmonieux de l’organisme.  Le professeur insiste beaucoup sur le suivi des prescriptions des médecins.