Santé

Troubles bipolaires Comment réduire la durée et l’intensité des crises

Publié par DK NEWS le 13-09-2020, 19h05 | 7
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Qu'est ce qu'un trouble bipolaire?
Des sautes d’humeur, qui n’en a jamais ressenti ? En raison d’un événement heureux ou malheureux, du temps qu’il fait, de la période du mois ou de l’année… Assez banales, elles sont rarement pathologiques. « En revanche, explique le Dr Raphaël Gourevitch, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne à Paris, si ces variations de l’humeur sont si intenses et prolongées qu’elles interfèrent avec le reste de la vie ou si les émotions qu’elles provoquent entraînent des répercussions majeures dans les relations avec les autres, cela devient pathologique. Dès lors que ces émotions gagnent en intensité au point de perdre ses capacités d’adaptation en fonction des circonstances ou de l’interlocuteur, il devient urgent de consulter. » Surtout si cette situation se prolonge plus de 15 jours. Il s’agit peut-être d’un trouble bipolaire, appelé autrefois psychose maniaco-dépressive (PMD). Dans sa forme la plus typique, ce trouble de l’humeur se caractérise par une alternance de phases de dépression marquées par une humeur intensément triste, un grand ralentissement psychique et moteur, une grande inhibition avec perte d’intérêt et de plaisir pour les activités habituelles, une douleur morale pouvant aller jusqu’à des projets suicidaires…
Bipolaire: phases dépressives et euphoriques alternent
Pratiquement en miroir, on constate des phases d’excitation pathologique qualifiées de maniaques, caractérisées par une humeur euphorique, une agitation, une accélération des processus de pensée, une augmentation de l’estime de soi pouvant aller jusqu’à une mégalomanie délirante… qui peut avoir des répercussions comportementales et sociales majeures. Les formes atténuées de ces dernières sont appelées hypomaniaques, elles ne sont pas toujours repérées comme pathologiques et les patients en gardent même souvent un souvenir nostalgique !
En réalité, l’alternance des phases maniaques et dépressives n’est pas toujours aussi marquée. D’où un retard et un sous-diagnostic très fréquent, surtout qu’entre les crises, les malades ont une vie psychique et sociale normale dans la plupart des cas, au moins au début. « Il faut en moyenne une dizaine d’années et 4 ou 5 médecins différents avant que le trouble bipolaire ne soit identifié », précise le Dr Gourevitch. La maladie est donc très souvent diagnostiquée à un stade relativement avancé, alors que les personnes ont déjà mis à mal leurs relations personnelles, sociales et professionnelles.
« Bien que l’on n’en connaisse toujours pas la cause, il existe des facteurs génétiques associés à la maladie et les patients présentent probablement une fragilité intrinsèque », précise le spécialiste. Sur ce terrain vulnérable, certains événements de la vie, heureux ou malheureux, mais aussi le décalage horaire, la prise de certains médicaments (corticoïdes, antipaludéens ou antidépresseurs), la consommation de drogues ou d’alcool, voire la privation de sommeil, peuvent déclencher une première crise dépressive ou maniaque plus ou moins marquée. Parfois aussi, il n’existe ni facteur déclenchant manifeste, ni antécédents familiaux. Un seul épisode maniaque devrait pourtant suffire à poser le diagnostic de trouble bipolaire chez un patient. Et faire consulter un médecin généraliste d’abord, puis éventuellement un spécialiste, un psychiatre, qu’il relève du secteur libéral ou d’un Centre médico-psychologique (CMP) de secteur*, afin de bénéficier d’un avis médical et d’une orientation appropriée le cas échéant.
Bipolaire: Les traitements 
Si l’on ne peut jamais prévoir le déclenchement d’une première crise, en revanche, le dépistage précoce permet de mettre en route rapidement un traitement adapté. « Les régulateurs de l’humeur, ou thymorégulateurs, permettent de réduire la fréquence, la durée et l’intensité des épisodes maniaques ou dépressifs, et d’améliorer la qualité de vie entre les crises », poursuit le Dr Raphaël Gourevitch.
• Parmi ces médicaments, le lithium reste la molécule de référence. Utilisé depuis les années 60, le traitement nécessite un bilan préalable, une prise très régulière et des dosages sanguins répétés afin de contrôler le taux de lithium dans le sang et l’absence d’effets secondaires, notamment sur le rein et la glande thyroïde. « La plus grande difficulté, c’est que ce taux sanguin doit se trouver dans une fourchette étroite pour que ce médicament soit efficace, précise le spécialiste. En deçà, il est inactif et au-delà, il peut entraîner des tremblements, des douleurs abdominales, des diarrhées, une confusion… » Un déséquilibre qui peut être provoqué par la déshydratation (fièvre, diarrhée, fortes chaleurs…) ou l’interaction avec d’autres médicaments (anti-inflammatoires, diurétiques…).
• Chez les patients ne supportant pas le lithium ou présentant des contre-indications, et même de plus en plus souvent en première intention, d’autres médicaments qui agissent sur l’humeur sont proposés : des antiépileptiques comme le valproate (Dépakote®), la carbamazépine (Tégrétol®) ou la lamotrigine (Lamictal®) ; des antipsychotiques dits atypiques comme l’olanzapine (Zyprexa®) ou la risperidone (Risperdal®). Leur efficacité sur la prévention des rechutes ne peut être évaluée qu’après plusieurs mois de traitement.
• En phase aiguë, d’autres médicaments sont associés aux thymorégulateurs : des antidépresseurs (avec prudence), des somnifères, des anxiolytiques…
• En cas de complications comportementales ou de risque suicidaire, l’hospitalisation peut être envisagée. Et dans ce contexte, l’électroconvulsivothérapie (ECT) – qui consiste à provoquer une crise convulsive sous anesthésie générale – est réservée aux cas les plus sévères.
« Certains malades n’ont besoin que d’un soutien psychologique, d’autres d’une prise en charge très formalisée de type cognitivo-comportementale, parfois analytique, explique le Dr Raphaël Gourevitch. Si besoin, une psychothérapie familiale peut être envisagée, les troubles bipolaires ayant souvent un retentissement sur la famille. De même, un accompagnement sociothérapeutique permet de favoriser l’insertion ou la réinsertion sociale et professionnelle. »
Bipolaire: aide psychologique et hygiène de vie sont indispensables
D’abord développée pour les maladies physiques chroniques (diabète, asthme…), l’éducation thérapeutique trouve sa place dans le traitement des troubles bipolaires. « Grâce à elle, les patients peuvent devenir acteurs de leur prise en charge, insiste le spécialiste. C’est l’occasion de leur expliquer les manifestations de la maladie, l’intérêt du traitement, de son suivi, mais aussi de leur apprendre à repérer leurs propres symptômes annonciateurs de crise aiguë… et à mettre en œuvre les règles d’hygiène de vie qui leur permettront de se prémunir des stress du quotidien. » Un travail au jour le jour qui les aide à gérer leur vulnérabilité et, à long terme, leur permet d’arriver à contrôler la plupart de leurs fluctuations d’humeur. Et donc de vivre le plus normalement possible.
 

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