Le Pr Mohamed Guerinik, invité hier, au forum de DK News : Les urgences au scanner

Publié par Saïd Abjaoui le 08-07-2014, 19h00 | 349

Voir l’hôpital par la fenêtre ouverte sur les urgences. Le jugement est vite fait. Les urgences constituent le point final ou le point de départ de l’analyse.  Les urgences, c’est H24, tout le personnel médical est disponible. Les urgences, c’est gratuit.

Cela est une explication partielle de l’afflux. Il ne faut pas oublier, dit le professeur Med Guerinik, que l’Algérie est un pays social. Le professeur Guerinik , a été  l’invité hier du forum de DK News. Il a été invité pour une conférence débat portant sur le Ramadhan et les urgences.

Le service des urgences ne reçoit pas que les cas urgents. Il reçoit autant les malades en fin de vie que ceux qui ne le sont pas et ce sont généralement les premiers qui sont gardés. Il est vrai que le concept d’urgence n’est pas bien cerné et qu’alors il en découle des incompréhensions. 

Les personnes âgées  ont besoin de soins multipalliatifs et des interventions lourdes. Les choix opérés en leur faveur pour les hospitaliser génèrent chez d’autres patients et les parents des insatisfactions. Les médecins voudraient bien que ne se présentent pas de situations d’insatisfaction mais c’est un sentiment logique même chez les autorités qui voudraient que tout « baigne dans l’huile ».

Supprimer les insatisfactions ? Plutôt les réduire. Les pathologies hors Ramadhan et celles liées au Ramadhan sont pratiquement les mêmes, à part que durant le carême, en période d’été,  il y a des spécificités. Pendant toute une journée, l’estomac est privé de tout puis au moment de la rupture du jeûne, c’est le volcan, avec tout ce qui est gras et sucré. Une bombe calorique. La prise en charge des urgences (500 en une journée)  nécessite l’existence d’un corps paramédical, des infirmières surtout, mais le problème est que la formation paramédicale est arrêtée.

On ne forme plus d’infirmières. Et quand bien même on en forme, la société reste conservatrice  et refuse le travail de nuit pour les femmes. D’autre part, l’environnement ne s’y prête pas non plus faute de transport. Comment faire les 3 fois 8,  quand le transport public n’existe pas ? Quand le métro et autres moyens se mettent hors service à des moments choisis ? 

Il y a encore des cas d’accidents dont certains sont des plus fous car sortis des débats. Des violences sociales auxquelles on ajoute des violences à l’état brut, tels par exemple 5 coups de couteau par jour. Les accidents de la route produisent 4500 morts par année . 5 coups de couteau par jour,  rapportés à l’année, ce sont presque 2 000 000 victimes des suites d’un règlement de comptes. 

Allons plus loin. Aux 2 millions de handicapés que compte le pays viennent s’ajouter chaque année 60 000 victimes nouvelles par an.

En, Algérie, la santé est un droit. L’Algérie est le pays qui s’engage le plus dans une politique de santé. Le Américains avaient un système de santé qui laissait en marge de la sécurité sociale des centaines de milliers de personne et ont mis en œuvre une politique sociale de moindre niveau par rapport à la politique de santé algérienne.  Obama, toute  comparaison gardée , est arrivé par des réformes à mettre en place un système de sécurité sociale qui représente moins de 10% de ce qu’a fait l’Algérie.

L’Algérien doit maintenant intégrer la notion de risque et comprendre que viendra un moment où l’Etat ne pourra plus jouer le rôle social qu’il joue aujourd’hui. 7% des malades âgés consomment 80%  des dépenses médicales.

Pour terminer, le professeur appelle les journalistes d’abord à se spécialiser pour mieux saisir le sens des messages et comprendre que l’Etat déploie beaucoup d’efforts dans le domaine de la santé, que même si un verre est à moitié vide, il est surtout à moitié plein, qu’il faudrait convaincre les populations que la surconsommation de sucre et de gras est un malheur pour la santé,  qu’il faudrait conduire pour arriver sain et sauf.

- Les urgences, H24.

- Relancer la formation paramédicale.

- L’un des meilleurs systèmes de sécurité sociale au monde.

- Sur 1000 anesthésistes formés en Algérie, 700 sont installés en France.,  

 

- Plus de 6000 Algériens meurent chaque année sur la route.

 

- 60 000 accidentés de la route s’ajoutent  chaque année aux 2 millions de handicapés Algériens.