Torticolis du nourrisson : Un symptôme à ne pas sous-estimer

Publié par DK NEWS le 22-09-2021, 14h10 | 21

David Dessauge, ostéopathe et directeur adjoint de l'école Osteobio, travaille sur la plagiocéphalie et le torticolis du nourrisson depuis cinq ans, en collaboration avec le centre hospitalier régional universitaire Montpellier Lapeyronie. A l'occasion du congrès international organisé à Cachan les 4 et 5 avril prochains à ce sujet, il nous livre ses explications et inquiétudes concernant ces deux troubles très courants.

Qu'est-ce que la plagiocéphalie ?
C'est une déformation cranio-faciale du bébé qui existe depuis à peu près 20 ans, quand on a commencé à coucher les bébés sur le dos pour éviter la mort subite du nourrisson. Elle concerne un bébé sur trois en France pour un total de 250 000 bébés par an dans l'Hexagone. Ce trouble peut être aggravé par une torsion cervico-dorsale appelée torticolis du nourrisson. La plagiocéphalie peut être également causée par le torticolis, car le bébé dors avec la tête toujours du même côté et son crâne, mou, s'aplatit.
Mal soigné, le torticolis peut entrainer des complications graves comme la scoliose, la mâchoire décalée, des complications ORL, ophtalmiques et psychomotrices, voire des difficultés respiratoires, nasales et au niveau du sommeil.

Quels sont les facteurs de risque ?
On ne peut que constater la plagiocéphalie une fois que le nourrisson est né. Elle est liée aux conditions de l'accouchement, l'âge de la mère et d'autres paramètres, comme le poids du bébé ou la forme du bassin, qui contribuent au blocage du cou du nourrisson. Dans certains cas, comme chez les jumeaux, la plagiocéphalie est causée par une mauvaise position dans le ventre, mais dans ces cas elle a tendance à se résorber toute seule. Par contre, en cas de torticolis, le problème doit être soigné rapidement. Et une fois que le bébé a été pris en charge par une ostéopathe et, éventuellement, un kiné, les parents doivent continuer le travail de rééducation en stimulant le bébé et attirant son regard du côté où il n'aime pas tourner la tête.

Quel est le but du congrès ?
Nous aimerions faire comprendre que, même si la déformation du crâne a tendance à régresser, le torticolis reste. Le problème, pour nous les ostéopathes, est qu'il existe un discours encore assez répandu du "ça va passer tout seul" de la part des médecins.
A l'occasion du congrès, mes collègues et moi-même allons interpeller les pouvoirs publics et la communauté médicale pour tenter de mettre en place un dépistage systématique, ce qui devrait déjà être un réflexe obligatoire. Les ostéopathes n'ont pas le droit de travailler avec des bébés de moins de six mois sans un avis médical, mais après six mois, c'est souvent trop tard. Nous demandons donc l'autorisation de pouvoir faire des manipulations douces pour aider le nourrisson à récupérer l'usage de son cou et de sa tête.