Décès de Rabah Driassa : Un artiste complet et engagé

Publié par Djamel BOUDAA le 09-10-2021, 16h30 | 49

Rabah Driassa, décédé vendredi dernier, à Blida, la ville des roses qui l’a vu naître il y a 87 ans, est un artiste complet, il est à la fois compositeur, interprète, parolier, poète, auteur et plasticien (miniaturiste). 

Très connu et comptant des milliers et des milliers d’admirateurs, de tout âge, Rabah Driassa a légué au patrimoine algérien des œuvres immortelles, que des millions d’amateurs de musique aiment écouter avec beaucoup de plaisir et d’émotion particulièrement celles intitulées « ana djazairi », « Yahya wlad bladi » et « Mabrouk A’lina ». 
Ce grand et talentueux interprète, qui s’est produit des dizaines et des dizaines de fois dans les différentes villes du pays et qui fut maintes fois l’ambassadeur de la chanson algérienne, a composé plus d’une centaines de chansons de sa propre création remarquables par la beauté du verbe et l’harmonie de la musique, une musique typiquement algérienne, en plus de l’interprétation de très belles chansons hawzi et bédoui, du riche patrimoine algérien dont chacun de nous s’enorgueillit à juste titre. 
Dans ce long et riche répertoire de chansons aussi belles et harmonieuses sur le plan composition et profondes et empreintes de la sagesse millénaire du terroir sur le plan parole, figurent « Ya habibi ya khouya », « Warda bidha », Khoud el meftah, « Gharba touila », « Zoudj ahmamet » , « Nedjma Qotba » et bien sûr l’incontournable « Hiziya », du nom de l'héroïne d'une élégie du poète algérien Mohamed Ben Guittoun écrite au XIXᵉ siècle et immortalisée au XXᵉ siècle par les célèbres chanteurs du bédoui Abdelhamid Ababsa et Khelifi Ahmed. Rabah Driassa a interprété des poèmes Melhoun d’anciens poètes comme Ben Guitoune, Abdellah Ben Kriou et Lakhdar Ben Khlouf qui a mis en place les jalons essentiels de cette forme poétique. 
Cette icône de la chanson algérienne , dont la carrière s’est étalée de 1953 à 1990, et dont les premières chansons étaient un « mariage » harmonieux du Alaoui et du bédoui, a aussi consacré deux chansons, restées célèbres et que les quarante-cinquant ans écoutent avec une certaine nostalgie, et consacrées au football algérien , à savoir « Atilou ezalamit » et « Djibouha ya lawled » à l’occasion de la qualification de l’Algérie au mondial 1982. Le grand artiste forma son fils Abdou, qui a débuté sa carrière artistique avec la reprise de chansons de son père, et avec qui il chanta en duo. 
Très généreux et altruiste, cet excellent parolier a prêté sa plume à plusieurs chanteurs dont la célèbre interprète de la chanson algéroise Nadia Benyoucef à qui il a composé, dans les années 70, les attendrissantes chansons “Ya Loumima” (Mère) et “Ya Baba” (père). 
Rabah Driassa, qui fut aussi président du jury de l’ émission “ Alhan wa chabab ” a pris part a plusieurs tournées organisées à l’étranger dans le cadre des semaines culturelles algériennes. 
C’est ainsi qu’il se produisit notamment en Irak, en Tunisie, en Egypte, en Arabie Saoudite, en Lybie, au Liban et aux Emirats arabes unis. 
Il fut aussi invité aussi, en 1975, à l’Olympia, la célèbre salle de spectacles parisienne où se produisent les célébrités , à l’occasion d’une série de galas consacrés aux vedettes du monde arabe. 
Djamel BOUDAA