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17 octobre 1961/ 8 mai 1945 : deux épisodes analogues de la barbarie du colonialisme français

Publié par DK NEWS le 15-10-2021, 17h42 | 36
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Les événements du 17 octobre 1961 (dont le 60ème anniversaire sera célébré ce dimanche) qui avaient coûté la vie à plusieurs centaines d’Algériens à Paris, et les massacres du 8 mai 1945 qui avaient fait plusieurs milliers de chouhada à Sétif, Guelma et Kherrata, constituent deux épisodes analogues de la politique barbare pratiquée par la France coloniale pour contraindre les Algériens à enterrer tout espoir d’indépendance, ont souligné deux chercheurs en histoire.

Dans ce contexte, Mohamed Chergui, du département Histoire de l’université de Guelma, a relevé que les massacres du 8 mai 1945 et les évènements du 17 octobre 1961 à Paris ont révélé le véritable visage du colonialisme français oppresseur qui a traité les manifestants civils par diverses formes de répression et de barbarie, soulignant que la mémoire historique transmise de génération en génération retiendra les sacrifices consentis par les Algériens à l’intérieur et à l’extérieur du pays pour l’indépendance.

Ces deux moments marquants de l’histoire du combat algérien pour la liberté et l’émancipation, montrent, malgré leur décalage dans le temps, les immenses sacrifices consentis par les Algériens qui étaient au pays ou qui avaient émigré en France pour l’indépendance, a ajouté cet historien.

Ce même universitaire a rappelé que le 8 mai 1945 qui était le prélude de la glorieuse Révolution libératrice a vu des Algériens sacrifier leur vie pour lever le drapeau national et réclamer la liberté à un moment où cette liberté était considérée comme un but hors de portée, ajoutant que des émigrés algériens avaient également donné, le 17 octobre 1961, leur vie à quelques mois seulement de l’indépendance du pays.

De son côté, Abdelghani Bousnobra, chercheur en histoire de la Révolution, membre de l’association histoire et monuments de la wilaya de Guelma et enseignant d’histoire au lycée de la commune Houari Boumediene, considère que plusieurs points communs unissent les évènements du 8 mai 1945 et ceux du 17 octobre 1961.

Les plus importants de ces points sont la détermination de l’Etat français à refuser jusqu’à ce jour la reconnaissance de ses massacres perpétrés contre les Algériens et la présentation d’excuses officielles, a indiqué ce chercheur qui estime que les récentes déclarations du président français, Emmanuel Macron, confirment l’attitude française de déni et de fuite et vont même plus loin, puisque le président français a tenté de remettre en cause l’identité de la nation algérienne.

                            Des ordres de la plus haute autorité de l’Etat français

Pour cet académicien, la lecture minutieuse des documents historiques et les déclarations concernant ce qui s’est réellement produit le 8 mai 1945 et le 17 octobre 1961 montrent indubitablement que les massacres et les actes criminels perpétrés par les forces sécuritaires françaises contre les manifestants algériens désarmés, n’étaient pas des décisions individuelles, mais des instructions émanant de la plus haute autorité de l’Etat français de l’époque.

Ce même chercheur a souligné qu’en mai 1945, Charles de Gaulle était le président du gouvernement français provisoire et le premier décideur de la mise en marche de la machine des massacres et des tortures à Sétif, Guelma et Kherrata, relevant que ce fut également Charles de Gaulle, devenu président élu de la République française, qui ordonna le recours à la violence le 17 octobre 1961.

Il a aussi relevé que les enquêtes sécuritaires et judiciaires menées au sujet des responsables de tous ces massacres avaient été subitement suspendues sans qu’aucun résultat n’en découle, chose, ajoute cet historien, qui montre que ces massacres étaient intrinsèquement liés à la politique colonialiste française de répression systématique des Algériens.

Selon cet historien, co-auteur d’un ouvrage collectif sur l’histoire de la Révolution dans la région de Guelma, les massacres du 8 mai 1945 qui avaient fait dans cette wilaya près de 18.000 victimes, n’étaient pas uniquement la décision du seul sous-préfet d’alors, André Achiary, mais le résultat de décisions de la plus haute autorité française.

Il a également ajouté que les centaines d’Algériens sortis manifester pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire les ciblant, furent tués et jetés dans la Seine ou torturés et concentrés dans des stades et des pièces sans alimentation, ni couverture. Ils n'ont pas été massacrés uniquement sur une simple décision du préfet de police Maurice Papon, mais certainement après le feu vert de la plus haute autorité de l’époque, affirme-t-il.

Sans la presse étrangère, notamment américaine, et sa couverture des évènements du 17 octobre 1961 à Paris, le nombre de victimes des répressions barbares de la police française aurait été bien plus grand, a estimé cet historien qui a assuré que Maurice Papon qui a été préfet de Constantine de 1951 à 1953, fut un exécutant des ordres de la hiérarchie, outre sa haine profonde  contre les Algériens.

              Contraindre la France à la reconnaissance officielle de ses crimes

Pour le professeur Bousnobra, avant de parler de relations politiques et économiques entre l’Algérie et la France, il faut trancher l’épineux dossier de la mémoire en suspens entre les deux Etats, estimant qu’il est du droit des Algériens, en tant qu’Etat, institutions, société civile et intellectuels, d’exiger de la France de reconnaître officiellement ses massacres et de présenter ses excuses avant d’entamer une nouvelle page.

Il a invité dans ce contexte la partie algérienne (Etat, société civile, intellectuels, historiens...) à continuer d’agir à tous les niveaux pour répondre aux manœuvres françaises d’une manière raisonnée jusqu’à la reconnaissance officielle par la France des massacres perpétrés contre les Algériens.

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