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Un crime engageant la responsabilité de De Gaulle pour l'avoir occulté (universitaire)

Publié par DK NEWS le 16-10-2021, 14h36 | 73
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La répression dans le sang de la manifestation pacifique des Algériens le 17 octobre 1961 à Paris était un "crime d'Etat" pour lequel la responsabilité du général Charles De Gaulle, président de la République française au moment des faits, "devrait être engagée" pour avoir "occulté" les massacres, a déclaré Dr Saâdaoui Mustapha, enseignant d'histoire à l'université Akli Mohand Oulhadj de Bouira. 

Dans un entretien accordé à l'APS à l'occasion de la commémoration du 60e anniversaire des massacres du 17 octobre 1961 à Paris, M. Saâdaoui a souligné que "la responsabilité du général De Gaulle, président de la République française au moment des faits, était engagée", estimant que ces massacres perpétrés sous l'ordre du sinistrement célèbre préfet de Paris, Maurice Papon, étaient un "crime d'Etat". 
"Pourquoi on ne parle pas du général De Gaulle. Peut-être qu'il n'avait pas donné les ordres pour réprimer dans le sang la manifestation des Algériens, mais il aurait du sanctionner les responsables, au lieu d'occulter le crime. 
Au contraire, il a censuré la presse. Cela engage sa complicité dans les massacres", a ajouté l'universitaire. Pour M. Saâdaoui, la responsabilité sur ce qui s'est passé le 17 octobre 1961 à Paris incombe également à Michel Debré, alors Premier ministre et à Roger Frey, son ministre de l'intérieur, pas "uniquement" à Maurice Papon qui était préfet de la police de Paris et avait réprimé dans le sang la manifestation pacifique des Algériens, dont des dizaines furent jetés dans les eaux glaciales de la Seine. 
Afin de comprendre les vraies raisons ayant amené la France à commettre ce massacre, au moment où les négociations étaient déjà engagées avec le FLN pour l'autodétermination de l'Algérie, Dr Saâdaoui a soutenu que la répression policière relève de "la mentalité coloniale", qu'elle n'avait rien "d'exceptionnelle" puisque, a-t-il dit, "ce sont des choses qui se reproduisent régulièrement durant les longues années de la colonisation". 
Quant à la "nouveauté" en ce 17 octobre 1961, estime l'enseignant universitaire, c'est que "les massacres se sont produits pour la première fois au cœur de la métropole, et que les Français découvrent de visu les dépassements, les exactions et les massacres qui, jusque-là, avaient été commis dans les lointaines colonies". 
La police française avait commis le massacre pour éviter q ue la manifestation ne "renforce la position du FLN et faire en sorte de minimiser l'impact de cette démonstration sur les négociations", a-t-il poursuivi, ajoutant que le plus claire des Français voyaient la manifestation du 17 octobre 1961 comme "un envahissement" des rues de Paris par la communauté "indigène". 
Pour ce qui est du geste de l'ancien président français, François Hollande, qui avait reconnu en 2011 les massacres du 17 octobre 1961, Dr Saâdaoui évoque une "reconnaissance très timide" car M. 
Hollande, a-t-il opiné, "ne nous a pas dit qui étaient les responsables du massacre, ni quoi faire pour les victimes, s'il va les dédommager ou pas". 
L'universitaire a, en outre, relevé que le rôle de la Fédération de France du FLN était de "soustraire" la communauté algérienne, estimée à cette époque-là à 200.000 personnes, au MNA (Mouvement national algérien), ajoutant que la Fédération qui était le "principal pourvoyeur de fonds" du FLN, "avait influencé l'opinion publique française et internationale". Pour l'écriture de l'histoire, l'universitaire a mis l'accent d'abord sur la nécessité de "rendre accessibles" les archives des deux pays aux chercheurs. 
"Il faut régler le problème des archives qui se trouvent en France. En attendant de régler le problème politiquement et restituer l' ensemble des archives, il faudrait trouver une solution pratique. 
On peut, par exemple, à l'instar de la Tunisie, faire des copies des archives, au moins pour faire avancer la recherche", a-t-il suggéré. L'enseignant universitaire a préconisé une nouvelle approche dans l'écriture de l'histoire en faisant, de prime à bord, une "autocritique de l'historiographie algérienne, depuis 1962 à ce jour". Il a plaide, dans ce sens, pour la création d'une école supérieure des sciences de l'homme qui réunira des compétences issues de toutes les disciplines, dont l'objectif est de mettre en place les bases d'une "science humaine de la société algérienne".
 

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