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Réseaux de communications mobiles 6G : Un nouveau terrain de géostratégie

Publié par Aziz Khalil le 15-11-2021, 18h40 | 61
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Rien n’est encore précisément défini quant aux réelles potentialités et aux usages que procurerait la future génération de réseaux mobiles de communication de 6G qui ne sont pas encore inscrits « à l'agenda de l'organisme de certification des technologies de télécommunications, le 3GPP, composé d'acteurs majeurs du marché des télécommunications », selon ce qu’écrit l’encyclopédie en ligne Wikipédia qui se base sur des indications fournies par le constructeur sud-coréen Samsung, pour avancer qu’en passant de la 5G à la 6G, «Les débits passeraient de 20 Gbit/s à 1 000 Gbit/s, en pointe, en pratique les terminaux mobiles disposeront d'un débit de 1 Gbit/s, contre 0,1 Gbit/s (100 Mbit/s) en 5G.

La latence chuterait à 0,1 ms, contre 1 ms9.» Cela n’empêche que les courses sont déjà lancées par de nombreux pays, dont la Chine et les Etats Unis, résolus à intégrer ce nouveau segment technologique dans leur bataille de la suprématie technologique mondiale.

Les grands constructeurs mondiaux d’équipements et de software sont descendus dans l’arène pour se saisir des premières places de ces opportunités d’un marché qui semble ouvrir la voie à une véritable '''révolution" technologique.

On en est encore au stade de la 5G, mais rien ne s’oppose à ce que les jeux soient ouverts et que les paris soient déjà lancés pour ce qui semble s’apparenter à une technologie de rupture. Les Etats Unis et la Chine y ont déjà mis le pied avec des projets et des expérimentations en cours, tandis que le vieux continent, à la traîne sur la5G, mise sur ses équipementiers pour être de la partie pour la 6G.

 

Les Américains y parviendront-ils ?

Les véritables performances de la future 6G ne sont encore totalement connues et encore moins éprouvées que le sujet est au centre d’une véritable compétition géostratégique entre les grandes puissances de ce monde.

Echaudés par la mauvaise expérience de la 5G, sur laquelle les équipementiers chinois ont pris une bonne longueur d’avance, les Américains ne semblent pas disposés à se laisser distancier pour la 6G.

On se rappelle les termes de la guerre menée par Washington contre les équipementiers chinois, particulièrement Huawei, que les Américains ont tout fait pour l’empêcher d’accéder aux marchés de la 5G dans le monde.

La presse internationale s’était alors fait l’écho des diatribes de l’ex président Trump qui aura fait feu de tous les bois pour barrer la route aux technologies chinoises qu’il disait, sans jamais apporter la moindre preuve, truffée de backdoors vers les services de renseignement chinois.

Dans une initiative assimilée à un marquage de territoire, les Etats Unis ont lancé, enoctobre2020, la « Next G Alliance», sur une initiative de l’ATIS (Alliance for Telecommunications Industry Solutions), un regroupement des acteurs de l’industrie des télécommunications.

Le projet vise à «définir la stratégie de contrôle du marché de la 6G en prenant position sur les domaines clés que représentent sa normalisation, ses spécifications techniques, sa fabrication et sa mise en service, prévue en 2028 au plus tôt », lit-on dans un papier mis le 26 octobre2020 sur le site https://portail-ie.fr.

Il est porté par des acteurs des télécommunications, des constructeurs d’équipements et de software ainsi que par les sociétés activant dans l’écosystème internet telles Facebook et Microsoft. Connus pour s’être toujours confrontés sur le segment de la haute technologie, les Américains et les Japonais ont décidé de s’unir pour avancer ensemble sur le terrain de la 6G : « Après s’être rencontrés le vendredi 16 avril, Joe Biden et Yoshihide Suga, le premier ministre japonais, ont décidé d’unir leur force pour contrer la Chine et travailler sur les futurs réseaux 6G », rapporte le site français siecledigital.fr, dans une nouvelle insérée le 30 avril dernier.

Les deux pays se sont entendus pour lancer un plan commun pour «renforcer la compétitivité dans le domaine numérique en investissant dans la recherche, le développement, les essais et le déploiement de réseaux sécurisés et de technologies de l’information et de la communication avancées, notamment la 5G et les réseaux mobiles de nouvelle génération ("6G" ou "Au-delà de la 5G")», d’après un communiqué de la Maison Blanche, repris par siecledigital.fr qui précise que le financement se fera par une contribution américaine de 2,5 milliards de dollars et une participation japonaise de l’ordre de 2 milliards de dollars.

Le plan vise à aider les deux puissances à résorber leur retard qui se manifeste par le fait que « les États-Unis et le Japon, à travers les entreprises de leurs pays, ne possèdent, respectivement, que 10% et 6% des brevets 5G », fait remarquer ce même site.

 

La Chine en pole position

Les Chinois semblent avoir pris une longueur d’avance en matière de réseaux 6G et ne sont pas peu fiers de le clamer haut et fort.

Profitant de a journée mondiale de la propriété intellectuelle, célébrée le 26 avril, ils ont étalé leur avance en argumentant par le nombre de brevets déposés.

A l’occasion, La China National Intellectual Property Administration (CNIPA) a divulgué quelques chiffres pour soutenir la domination chinoise, en indiquant à titre d’exemple «que sur les 38 000 travaux pertinents à propos de la 6G, dont 35% proviennent de Chine », rapporte le site siecledigital.fr, dans un article mis en ligne le 28 avril dernier.

Mais en plus de cela, Pékin a déjà marqué le terrain en plaçant «un satellite 6G en orbite autour de la Terre pour étudier les échanges de données à l'aide de réseau dont la fréquence atteint le térahertz, dans un milieu spatial », indique ce même site en ajoutant que « les réseaux térahertz et les interfaces radio intégrant l'intelligence artificielle sont effectivement des domaines dans lesquels la Chine domine.

L'Empire du Milieu a compris l'importance de cette nouvelle génération de réseau.» Malgré l’opposition et les embûches mises par les Américains, les Chinois comptent rééditer la prouesse réussie de la 5G qui les a vus propulser leurs entreprises en premier rang en matière de produits et de normes en 5G.

Pékin accélère la cadence donc pour propulser ses entreprises vers les premières normes pour pouvoir mettre la main sur le futur marché. Huawei n’en demande pas plus, et voilà que le constructeur chinois se place aux avant-postes et « promet l’arrivée de la 6G à l’horizon 2030 », lit-on en titre d’un article diffusé par le site 20minute.fr, le 20 avril, dans lequel il est souligné que « la firme possède une forte propriété intellectuelle dans le domaine des télécommunications et se tourne déjà vers l’avenir ». Dès 2019, la société Huawei faisait savoir par la voix de son PDG Ren Zhengfei, « que cela faisait ‘'entre trois et cinq ans que son groupe travaillait sur la 6G’'», selon un article du site lefigaro.fr du 12 novembre 2019.

Pas tout à fait remis des restrictions que lui a imposées l’administration américaine, l’équipementier chinois compte bien mettre à profit son expérience et ses acquis dans les réseaux de 5G pour se placer en pole position pour le futur marché de la 6G. La télévision chinoise CGTN a consacré de longs développements à cette nouvelle technologie, sans pour autant donner de détails sur les dispositifs envisagés pour son déploiement.

Elle devrait permettre « entre autres, de maintenir une connexion stable dans les objets à grande vitesse, comme les avions de chasse », a appris 20minutes.fr, ajoutant que la « connexion plus rapide répondra également à l’utilisation croissante d’objets connectés, ainsi qu’à des usages plus poussés de l’Internet of Things (IoT).»

 

Des ambitions pour l’Europe

Alors que la compétition fait rage déjà entre les Etats Unis et la Chine, que des pays comme le Japon s’appuie sur les Américains pur être du lot de la 6G, l’Europe formule ses ambitions, forte de la présence sur son sol d’équipementiers de niveau mondial capables de relever le chalenge de la 6G.

Il faut rappeler que le vieux continent s’est fait absent de l’ensemble des grandes mutations technologiques depuis l’avènement de l’économie numérique et de l’internet. Après avoir tenu la dragée haute aux premières générations de la téléphonie mobile, l’Europe a été à la traîne dans les générations de réseaux mobiles venues après.

Sur l’écosystème internet, elle est également loin de l’ensemble des innovations et particulièrement depuis le passage au web 2.0, largement dominé par les entreprises américaines, rattrapées par les nouveaux géants chinois. Pour la 6G, les ambitions semblent bien déclarées : «Nous lançons nos principaux programmes de recherche.

Nous allons donc franchir une nouvelle étape en matière de performances (…) il s'agira donc d'un changement radical et, bien entendu, il est important que l'Europe conserve ses capacités technologiques », avance explique Peter Stuckmann, responsable de l’unité des Futurs systèmes de connectivité à la Commission européenne, cité par https://fr.euronews.com, dans un papier daté du 20 avril qui explique que le vieux continent « ne veut donc pas rater la prochaine étape de l’évolution technologique en matière de télécommunication.» Les Européens qui semblent concéder beaucoup de retard sur le déploiement de la 5G, sont conscient des enjeux de la 6G, au regard de ses performances attendues ; cette technologie « pourrait révolutionner le monde numérique.

Certains évoquent des conférences vidéo avec hologrammes ou contrôler des objets à distance grâce à des gants connectés à internet », avance ce site qui reprend les arguments avancés par un opérateur européen des télécoms, convaincu qu’avec « la 6G vous pouvez repenser fondamentalement les écosystèmes économiques et humains et vous créer une sorte de version renforcée de la réalité».

Les échos recueillis par le site dans les couloirs de Bruxelles laissent supposer une nette volonté de l’Europe de se rapprocher des Américains pour pouvoir soutenir la compétition, notamment avec le géant chinois.

Un eurodéputé cité par fr.euronews.com s’est déclaré convaincu de la nécessité d’une large coopération internationale pour mener la bataille des standards et des normes : « Il est clair que nous avons besoin de standards internationaux et que la compétition est rude », reconnaît-il, sur ce même site.

Les équipementiers européens qui disposent d’une bonne expérience et d’une maitrise des processus technologiques, sont également mobilisés pour affronter ce nouveau défi technologique : «Les entreprises européennes Nokia et Ericsson ont lancé un projet en début d’année.

L’objectif est de rassembler les acteurs du secteur pour dessiner et développer la 6G », lit-on sur /fr.euronews.com.

 

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