Traumatologie routière : 8 à 10 % des blessés de la route sont atteints de paraplégie

Publié par Sonia Belaidi le 26-07-2014, 19h11 | 313

A l’occasion d’une conférence-débat au sujet des traumatismes liés aux accidents de la route, des orthopédistes ont tiré la sonnette d’alarme sur le nombre important des accidents de la route qui causent annuellement des milliers de morts et de blessés et dont certains seront handicapés à vie.

C’est au forum du quotidien national DK News que le Pr Zoubir Kara, chef de service orthopédie au CHU de Mustapha Pacha et le Dr Amine Hamza, chirurgien orthopédiste à l’EPH d’Illizi ont animé une rencontre ayant pour thème la traumatologie routière, afin de sensibiliser les conducteurs sur les dangers de la route.

Lors de cette rencontre, le Pr Kara a mis en exergue le nombre effarant de blessés sur la route, à savoir 8 000 à 10 000 blessés, dont 8 à 10 % sont atteints de paraplégie (handicap de la moelle épinière irréversible).

Le Pr Kara a expliqué que les blessures médullaires étaient dues à un temps de latence dans l’évacuation des blessés ou à un mauvais déplacement des victimes, par des tiers ne maitrisant pas les règles de secourisme.

Pour ce faire, il a appelé, en direction des citoyens, à se documenter sur le net à propos des techniques de secourisme de base ou à faire des formations, dans ce sens, rappelant qu’un geste de soins banal peut sauver des vies.

S’exprimant sur les conditions d’évacuation des blessés, le spécialiste a précisé que les ambulances devaient être dotées des équipements nécessaires pour la réanimation des blessés et pour la perfusion, le cas échéant.

Le même intervenant a cependant rendu un hommage aux médecins et à la médecine algérienne, saluant les efforts fournis par les équipes médicales, au quotidien, en vue d’une médecine de plus en plus développée.

Il n’a pas exclu, toutefois, les difficultés que rencontrent les équipes de soin au quotidien comme par exemple le manque de moyens, le retard dans les transferts des malades des lieux d’accidents aux services hospitaliers et le manque de personnels qui se répercutent sur la prise en charge des patients.

A ce sujet, le Dr Amine Hamza, a préconisé, pour sa part, de prévoir des centres de traumatologie sur les autoroutes afin de réduire le délai de l’intervention des médecins.

Il a rappelé, à ce propos, qu’un délai de prise en charge dépassant les six heures après  la survenue de l’accident peut causer des séquelles irréversibles chez le patient, d’où l’utilité d’une intervention prompt, rapide et efficace.

L’état des lieux des accidents de la route dans le Sud algérien 

Se basant sur une enquête dans le grand Sud algérien, le Dr Hamza a souligné que l’âge moyen des victimes de la route était de 30 à 40 ans et que le sexe masculin était le plus touché par ce fléau.

En ce qui concerne les causes de l’accident, le spécialiste a cité principalement le manque de vigilance et la somnolence, due à une fatigue après plusieurs heures de conduite. Il a d’ailleurs préconisé aux conducteurs de se reposer en cas de fatigue ou de malaise et de s’hydrater continuellement.

Les deux conférenciers ont aussi suggéré des cycles de formation continue aux profits des médecins ainsi que le renforcement de la formation paramédicale en kinésithérapie, spécialité médicale essentiel pour la rééducation des blessés moteurs.

A l’intention des conducteurs, les communicants ont aussi préconisé des visites médicales régulières, notamment pour ceux âgés de plus de 40 ans, catégorie chez laquelle les risques de développer des maladies cardiovasculaires, métaboliques et ophtalmiques s’accroit.

A propos des vehicules importés, les deux spécialistes ont aussi insisté sur l’intérêt de l’importation de véhicules aux normes internationales dotées de tous les dispositifs sécuritaires.

La fréquence des accidents de la route est en net augmentation en Algérie à cause de la hausse des importations de vehicules, de la négligence des états des routes et du manque de conscience des citoyens.

Le civisme et l’éducation des conducteurs et la multiplication des campagnes de prévention et de sensibilisation restent le meilleur moyen de freiner le nombre d’accidents et par la même les traumatismes qui en découlent.