Problèmes de vue : quand faut-il se faire dépister ?

Publié par DK NEWS le 19-01-2022, 15h05 | 60

Parce que les problèmes de vue non traités peuvent gâcher la vie, parce que le glaucome
ou la DMLA font de dégâts... et pour beaucoup d'autres raisons il est essentiel d'aller voir l'ophtalmo régulièrement. Quels sont les rendez-vous à ne pas manquer ?

 

Les "contrôles techniques " de la vue, ça commence, dès la naissance. "Les grands prématurés doivent obligatoirement passer un examen pour vérifier leur rétine, et écarter une éventuelle rétinopathie du prématuré" explique le Dr Xavier Subirana, ophtalmologiste.

Pour tous les autres nouveau-nés, l'examen systématique à la maternité contrôle qu'il n'y a pas d'anomalie congénitale. Si une cataracte est détectée, par exemple, on l'opérera dans les premiers jours.

Les tout-petits ont des rendez-vous réguliers avec le pédiatre, des examens obligatoires remboursés à 100 % par l'Assurance maladie : dans les 8 premiers jours de vie, une fois au cours de la deuxième semaine, une fois par mois durant les six premiers mois, etc. Une surveillance rapprochée donnant l'occasion au médecin de contrôler, entre autres, la vue de son petit patient.

À 2 ANS : À LA RECHERCHE DE L'AMBLYOPIE

"C'est un âge important, insiste le Dr Subirana. On va pouvoir dépister beaucoup de choses, comme un strabisme (les deux yeux ne regardent pas au même endroit), ou une amétropie (anomalie de la réfraction des rayons lumineux, responsable de la myopie, de l'hypermétropie ou de l'astigmatisme) importante.

C'est aussi le moment idéal pour repérer une amblyopie. L'amblyopie est surnommée le « syndrome de l'œil paresseux », car le cerveau se concentre sur un seul œil et "oublie" l'autre. Ce trouble se corrige très bien, avec des lunettes (pour donner une image nette) et un cache-œil, façon petit pirate, sur l'œil performant, pendant quelques semaines, voire quelques mois, pour forcer le "maillon faible" à travailler. Avant 4 ans, la récupération est totale dans 95 % des cas. "Mais attention, avec ce trouble, la partie se termine à 6 ans. Autrement dit, si rien n'a été fait avant, l'œil paresseux ne pourra plus récupérer" et va fatalement devenir aveugle. D'où la nécessité de dépistages fréquents et précoces.

À 6 ANS : LE DÉBUT DE LA MYOPIE

Lire, écrire... À l'entrée au CP, il ne faut surtout pas laisser passer un trouble visuel, au risque de mettre l'enfant en échec scolaire. "Dès 7-8 ans peut commencer une myopie, qui évoluera jusqu'à l'âge de 20-25 ans, avant de se stabiliser. Aujourd'hui, il est possible de ralentir son évolution", explique le Dr Subirana. Comment ? En limitant les écrans, et en faisant faire des activités quotidiennes en plein air aux enfants. La lumière naturelle est en effet un excellent antidote à la myopie.

"Il faut le faire. Absolument. Car au-dessus de -6 dioptries, il y a des risques de décollement de rétine, de cataracte et de glaucome. Plus vous arriverez à freiner la myopie dans l'enfance, c'est-à-dire au moment où elle évolue, plus vous éviterez des problèmes graves à l'âge adulte."

ENTRE 20 ET 40 ANS : DES CONTRÔLES PLUS ESPACÉS

A partir de 20 ans, les rendez-vous avec l'ophtalmo sont plus espacés si aucune anomalie n'a été détectée auparavant : une fois tous les cinq ans. Cela n'empêche pas, au contraire, de consulter rapidement en cas de symptôme inhabituel : "Si on a les yeux qui piquent ou régulièrement mal à la tête, il peut être intéressant de consulter un ophtalmologiste pour vérifier que l'on n'est pas un astigmate qui s'ignore." Les diabétiques, eux, ont un régime spécial : ils doivent voir ce spécialiste au moins une fois par an. Car un ennemi, longtemps silencieux, menace leur vision : la rétinopathie. C'est l'excès de sucre dans le sang qui, à long terme, peut créer des microanévrismes sur la rétine. Ces saignements peuvent entraîner un décollement de la rétine et, à terme, la cécité. Un check-up régulier permet de traiter le problème à ses tout débuts, pour éviter qu'il ne se complique. Si la rétinopathie est détectée à un stade plus avancé, des injections intravitréennes peuvent soigner les œdèmes maculaires, et le laser peut stopper la prolifération des néovaisseaux.

DE 45 À 65 ANS : QUAND LA PRESBYTIE S'EN MÊLE

A partir de 45 ans, les visites de contrôle chez l'ophtalmo se rapprochent : une fois tous les deux à trois ans."C'est le début de la presbytie, qui touche tout le monde. Impossible d'y échapper." On augmente la lumière, on allonge les bras pour lire, mais il arrive un moment où la vision de près est floue. Un phénomène de vieillissement, inéluctable (même chez les myopes contrairement à une idée reçue) : au fil des ans, le cristallin perd de sa souplesse. "On dépiste aussi le glaucome. Il faut le faire, car il n'y a pas de signes avant-coureurs. Quand on s'en aperçoit tout seul, il est trop tard : la vision perdue l'est pour toujours."

AU-DELÀ DE 65 ANS : AU MOINS UN RENDEZ-VOUS PAR AN

Selon l'Insee, le nombre de seniors de plus de 75 ans en France doublera d'ici à 2050, et les plus de 85 ans atteindront les 4 millions. Or, pour bien vieillir, continuer à lire son journal, jouer aux cartes avec ses amis, aller au cinéma, sortir faire ses courses... , il faut bien voir. Et donc respecter scrupuleusement cette recommandation : au moins un rendez-vous par an chez son ophtalmologiste pour se voir dépister au plus tôt un glaucome, une cataracte ou une DMLA. Et recevoir un traitement qui sera d'autant plus efficace qu'il aura été enclenché précocement.