M’sila: diverses utilisations de la peau du mouton du sacrifice

Publié par DK NEWS le 08-07-2022, 14h11 | 18

La peau du mouton du sacrifice revêtait une grande importance pour les familles rurales vu son utilisation à des fins diverses (tapis, outres...), après un traitement de plusieurs étapes.

Ainsi, en Algérie mais aussi dans les pays du Maghreb, le sacrificateur du mouton de l'Aïd El-Adha s’attachait à retirer la peau entière sans l’inciser, alors qu’en Orient la peau de la bête est entaillée depuis le cou jusqu’au bas ventre, une pratique qui permettait au premier de faire divers usages de la peau, contrairement au second.

Même si toutes les familles, dans la campagne comme en ville, traitaient les peaux de mouton pour en faire des tapis appelés "El Hidoura", les femmes rurales les traitaient  donc pour en faire, entre autres, "Guerba" (une outre) notamment quand l’animal sacrifié est un chevreau, chose qui n’a pratiquement plus cours aujourd’hui.

Le traitement de la peau passe par plusieurs étapes incluant la préservation des poils de la peau qui participent au maintien de la fraîcheur de l’eau.

Pour cela, les femmes utilisent de grandes quantités de Guetrane (l’huile de cade) qui aseptise la peau et empêche la putréfaction.

La Guerba pour rafraîchir l’eau

Pendant longtemps, El Guerba a été pour les Algériens, et particulièrement les habitants des vastes terres du Hodna, un moyen de rafraîchir l’eau, une sorte de "réfrigérateur" traditionnel en période chaude toute en lui ajoutant l’arrière-goût tout particulier et non moins rafraîchissant de l’huile de cade.

La peau de mouton, notamment celui sacrifié lors de la fête de l’Aïd, est utilisée pour fabriquer la Chekoua pour transformer le lait en petit lait (leben).

Contrairement à la Guerba, la peau est laissée se putréfier pour éliminer la laine, un procédé qui passe par plusieurs étapes dont la première est d’enduire la peau de sel de préférence naturel et non iodé. Au terme de cette étape qui prend presque deux semaines, la laine est alors enlevée.

La peau est ensuite traitée avec de l’écorce de pin pour lui donner un peu de dureté, faire tourner sa couleur vers le rouge et éliminer les mauvaises odeurs du cuir.

Selon la tradition populaire, toutes les ouvertures de la peau sont ensuite soigneusement fermées avec de petits morceaux de bois et un fil spécial solide qui sert à accrocher la chekoua pour le barattage nécessaire à l’obtention du leben et du beurre.

Quant au "Mezoued", il est conçu, selon des sources populaires, avec la peau de la bête sacrifiée le jour de l’Aïd, traitée de manière à obtenir un cuir rigide qui sert à conserver la semoule de blé pour des périodes plus longues que ce que permettent les moyens de stockage modernes. Et lorsque la peau du mouton est utilisée pour conserver le beurre, elle prend l’appellation d’"El Aka".

Le beurre ainsi conservé devient "D’hane" qui sert à agrémenter divers plats traditionnels, et pour cela la peau destinée pour D’hane exige une utilisation à bon escient du sel que seules les plus chevronnées des femmes en possèdent les secrets.

Comme autre usage de la peau, il y a aussi "Lebtana" qui sert au stockage des dattes molles (Ghars) durant plusieurs années.

Après son traitement, la peau est de nouveau réhydratée pour être ramollie et pour cela, l’on préfère utiliser les peaux de béliers qui sont plus volumineuses pour conserver de plus grandes quantités de Ghars ou Adjoua.

Jadis, les producteurs de dattes sillonnaient les régions du pays pour acheter des peaux rigides en vue d’y conserver leurs récoltes de dattes molles.

Le terme "Lebtana" (peau chargée de Ghars) est en outre souvent utilisé pour désigner une personne obèse. Quant au "Mezoued", il désigne également un instrument de musique traditionnel à vent (sorte de cornemuse) également appelé Zorna.

Deux cornes de taureau sont fixées aux extrémités de la peau (de très jeunes chevreaux de préférence) pour produire des sons mélodieux sans exiger de grands efforts du musicien.