Forum

Me Farouk Ksentini, président de la CNCPPDH, invité du forum de DK NEWS :Tourner définitivement la page de la tragédie nationale

Publié par Dknews le 09-08-2014, 18h44 | 208
|

Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini, a affirmé hier que l'objectif des rapports rédigés annuellement par l'instance qu'il dirige sur la situation des droits de l'homme en Algérie était l'amélioration de la situation et la formulation de propositions en vue d'édifier un Etat de droit.

Le rapport de la Commission sur la situation des droits de l'homme en 2013 qui a fait l'objet de critiques par certaines parties, «n'était ni un rapport de complaisance ni un règlement de comptes mais une tentative d'améliorer la situation et de promouvoir les prestations dans différents domaines», a indiqué M. Ksentini qui était l'invité du Forum du quotidien DKNews.

Il a précisé que le rapport remis en avril dernier à la présidence de la République, était important dans le sens où il «relevait des lacunes et problèmes auxquels faisait face le citoyen notamment au niveau de l'Administration».

Il a souligné à ce propos, les problèmes que rencontre le citoyen dans le secteur de la justice dont le niveau connaît, selon lui, une «dégradation grave en raison des pratiques administratives», rappelant qu'entre autres missions de l'Administration «qui connaît des dépassements importants et continus», figuraient «le respect du citoyen algérien et la protection de ses droits et biens».

D'autre part, M. Ksentini a relevé que les rapports de pays étrangers sur les droits de l'homme «ne sont pas meilleurs», estimant que ces pays «ne sont pas habilités à donner des leçons en la matière du fait de leurs positions récentes liées à l'agression israélienne contre Gaza».

S'exprimant sur le dernier rapport d'Amnesty international sur des «agressions sexuelles sur mineurs en Algérie», il s'est interrogé sur «l'origine des chiffres rapportés par l'organisation ce qui appelle à la vigilance à ce sujet».Le président de la CNCPPDH a appelé à la révision de la durée de la détention préventive, qualifiant d'«inadmissible le fait de détenir des personnes impliquées dans des affaires pendant une longue durée sans procès».

Concernant les déclarations qui lui ont été attribuées sur l'affaire d'Abdelmoumene Khelifa et l'éventualité d'une liberté provisoire, il a déclaré «n'avoir fait aucune déclaration à ce sujet», rappelant que le droit d'une liberté provisoire «était un «principe et un droit garanti par le code de procédure pénale et que la décision revenait au seul juge habilité à trancher».

Par ailleurs, M. Ksentini a estimé que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale avait réalisé «95% de ses objectifs» dont le «rétablissement de la sécurité et de la paix», rappelant que «l'intérêt suprême du pays exigeait que l'on tourne définitivement la page de la tragédie nationale».Il a appelé en outre, à «barrer la route à ceux qui appellent au règlement de comptes, pour pouvoir se consacrer pleinement au développement du pays».

M. Ksentini avait proposé la constitutionnalisation de la réconciliation nationale dans la révision constitutionnelle prévue pour en faire, a-t-il dit, «une référence fondamentale pour les générations futures et y puiser le langage du dialogue au lieu de la culture de violence». 


Sécurité, paix, démocratie, Etat de droit ...

Maître Farouk  Ksentini fait l’actualité. Il y a de quoi quand il se positionne sur les perceptions qui sont faites du droit et de son application. En tant qu’avocat et/ou en tant que président de la CNCPPDH. Tout ce qu’il dit est mis sur le plan de l’officialisation de sa fonction de président et pas sur le plan de sa qualité d’avocat. 

Tout ce qu’il dit est supposé officiel. Tout ce qu’il dit est supposé avoir été transmis au président de la République. Alors ? Parce qu’il fait l’actualité, parce qu’il est également au centre de l’actualité, parce qu’il est également disponible pratiquement à tout moment pour répondre positivement  aux sollicitations de la presse, Maître Ksentini a bien voulu accepter de se rendre hier au forum de DK News pour animer une conférence débat sur le thème des droits de l’homme, en Algérie bien sûr. Sur le thème également de l’avancement du processus de démocratisation. Sur d’autres questions d’actualité en sus.

 Maître Ksentini a d’abord voulu corriger une interprétation erronée de ce qu’il avait dit à propos de la liberté provisoire pour Khalifa. Selon lui, il n’a jamais déclaré que Khalifa a déposé une demande en ce sens, ni qu’il va la déposer. Il a simplement rappelé ce que dit le code pénal, à savoir que tout détenu peut aspirer à obtenir une mise en liberté provisoire si l’instruction lancée à son encontre n’a pas commencé.

Maître Ksentini a ensuite rappelé que le processus de réconciliation nationale est à 95% de son déroulement, les 5% restant étant le terrorisme résiduel.Il a approuvé  l’idée  que la réconciliation nationale a commencé avec la loi sur la rahma et inscrite dans un processus de continuité, ce qui montre que le mandat confié à l’armée n’est pas éradicateur.    

L’Algérie a pratiquement atteint ses objectifs preuve étant que la sécurité et la paix sont revenues. Il faut noter que le processus de réconciliation est exclusivement algéro-algérien. Certes la tragédie a enregistré environ 200 000 morts. Les pays qui ont connu une telle tragédie ont mis beaucoup de temps pour se réconcilier. 

Par contre, pour ce qui concerne l’économie, sa situation est grave, passive, et il n’est nullement normal qu’elle stagne ainsi, dépendant des ressources en hydrocarbures.Poursuivant l’exposé de ses réponses aux questions des journalistes, maître Ksentini affirme qu’il y a une confiance en le pouvoir, sur le cheminement dela démocratie mais insiste sur le fait que les pays comme les USA, les pays européens qui veulent monopoliser la version de la démocratie devraient s’expliquer sur les valeurs démocratiques qu’elles disent posséder alors qu’ils laissent faire un génocide à Gaza.

Il était beaucoup attendu d’Obama compte tenu qu’il a une orgine africaine mais en devenant président, il apparaît qu’il est un Noir qui a beaucoup blanchi.

par Saïd Abjaoui


Promouvoire et protéger les droits de l’homme :«Mettre en place les mécanismes d’application des droits de l’homme»

Maître Ksentini est un optimiste, le moindre petit pas dans la voie des progrès en matière de relations individuelles et collectives juridiquement encadrées est un acquis qu’il considérerait comme décisif alors même qu’il ne serait qu’une avancée très limitée : «La commission, c’est 44 membres auxquels le président de la République a confié la mission de lui faire rapport sur la situation des droits de l’homme dans notre pays. Chaque année un rapport lui est adressé.»

L’entreprise et les droits de l’homme

La CNPPDH a relevé dans ce document avoir reçu 1 983 requêtes adressées par des citoyens ou des associations et liées notamment aux questions de l'emploi, du logement et de la bureaucratie. «Pour le traitement de ces requêtes, les administrations centrales et locales compétentes ont été saisies à travers 544 documents écrits dont 38 seulement ont trouvé écho». La CNCPPDH a déploré "le désintéressement des entreprises publiques aux activités de médiation, l'une des principales  missions de cette commission".           

La corruption a été abordée en ces termes : "la poursuite de la lutte sans relâche contre ce fléau à été largement soulignée" pour ne  pas "entraver toute démarche de l'Etat en faveur des réformes sociales et économiques". 

Volet social dominant

La CNCPPDH a relevé "qu'en dépit de l'amélioration des indices sociaux, qui restent insuffisants, l'Algérie fait face encore à plusieurs défis comme le chômage, la hausse des prix, le logement, les transports et la gestion des tensions socialesLe chômage, l’emploi, le pouvoir d’achat, le logement ont retenu l’attention des commissaires.

A cet effet, la CNCPPDH a appelé à un « dialogue national politique, économique et social pour la rationalisation des politiques en tenant compte  des intérêts suprêmes du pays».
                    
La démocratie et l'Etat de droit : «Serrer les boulons»

Les réformes politiques engagées par l'Algérie depuis 2011, "ont eu des échos favorables aux plans national et international. La réconciliation nationale a été  «un moment exceptionnel de réponse au vœu des citoyens qui l’ont consacrée par un vote massif. Sa constitutionnalisation est de nature à renforcer la culture de la paix et des droits de l’homme ; le premier étant le droit à la vie» comme l’avait déjà souligné Farouk Ksentini.

Aussi, la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH) a mis l'accent sur la nécessité de préserver la cohésion et la stabilité sociales dans un climat démocratique prospère et stable, appelant à ouvrir un dialogue sur la nature du processus démocratique national.

Si le principal enjeu "à ne pas négliger est de préserver la cohésion et la stabilité sociales dans un climat démocratique prospère et stable". Il y a un retour à la littérature qui observe seulement que « l’Etat de droit se caractérise par un système de valeurs que toutes les autorités étatiques doivent impérativement respecter».

Maître Farouk Ksentini  soutient la mise en place de mécanismes qui libèrent le champ d’application de la loi : « Cela est possible, la demande existe, la volonté également. » La consolidation de la démocratie passe prioritairement par la suprématie du droit sur tout autre. « Il suffit de serrer les boulons. »

Maître Ksentini avait auparavant mis en évidence le fait que les «  citoyens aspirent au progrès, au développement de leur société, de leur pays » pour dire qu’il existe une grande force qui attend un passage qualitatif nécessaire..

Au fronton de la CNCPPDH l’ancrage est la déclaration du 1er Novembre 1954 et la Constitution de 2002  qui compte 33 articles relatifs aux droits de l’homme!
Promouvoir et protéger les droits de l’homme, c’est veiller à l’application de la Constitution, est le message subliminal de maître Farouk Ksentini.

par O. Larbi


Si la réconciliation nationale a permis de sauver une vie, elle aura alors atteint son objectif

Le président de la CNCPPDH a estimé hier que 95% des principaux objectifs de la réconciliation nationale ont été réalisés ; «Pour ceux qui doutent encore de la crédibilité du chiffre avancé je dirai que si l’application de la réconciliation nationale a permis de sauver une vie, elle aura alors atteint son objectif».

Selon M. Ksentini, ce dispositif a permis au pays de retrouver la sécurité et la paix civile. Plus de 7 000 terroristes ont déposé les armes et choisi de bénéficier des dispositions comprises dans la charte qui rappelons-le a été adopté en 2005 par voie référendaire par plus de 85% des Algériens. Cette période tragique de l’histoire de l’Algérie a coûté la vie à environ 150 000 à 200 000 Algériens. «Il est vrai que certains foyers du terrorisme subsistent encore cependant cela ne représente qu’un nombre insignifiant par rapport à celui des repentis. D'ailleurs, les points positifs de la réconciliation ont encouragé des personnalités nationales à revendiquer son institutionnalisation et faire d’elle un principe constitutionnel. 

L’expérience vécue lors de la décennie noire nous a appris qu’il est impératif de faire prévaloir le dialogue à la confrontation dans le règlement des conflits internes afin de réaliser le développement économique et social du pays».  

R.R
 

|
Haut de la page

CHRONIQUES

  • Walid B

    Grâce à des efforts inlassablement consentis et à une efficacité fièrement retrouvée, la diplomatie algérienne, sous l’impulsion de celui qui fut son artisan principal, en l’occurrence le président de la République Abdelaziz Bouteflika, occupe aujour

  • Boualem Branki

    La loi de finances 2016 n’est pas austère. Contrairement à ce qui a été pronostiqué par ‘’les experts’’, le dernier Conseil des ministres, présidé par le Président Bouteflika, a adopté en réalité une loi de finances qui prend en compte autant le ress

  • Walid B

    C'est dans le contexte d'un large mouvement de réformes sécuritaires et politiques, lancé en 2011, avec la levée de l'état d'urgence et la mise en chantier de plusieurs lois à portée politique, que ce processus sera couronné prochainement par le proj

  • Boualem Branki

    La solidité des institutions algériennes, la valorisation des acquis sociaux et leur développement, tels ont été les grands messages livrés hier lundi à Bechar par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Nouredine Bédoui.

  • DK NEWS

    Le gouvernement ne semble pas connaître de répit en cette période estivale. Les ministres sont tous sur le terrain pour préparer la rentrée sociale qui interviendra début septembre prochain.

  • Walid B

    Dans un contexte géopolitique régional et international marqué par des bouleversements de toutes sortes et des défis multiples, la consolidation du front interne s'impose comme unique voie pour faire face à toutes les menaces internes..

  • Walid B

    Après le Sud, le premier ministre Abdelmalek Sellal met le cap sur l'Ouest du pays où il est attendu aujourd'hui dans les wilayas d'Oran et de Mascara pour une visite de travail et d'inspection.