Soudan : Mesures de sécurité renforcées à Khartoum avant des manifestations

Publié par DK NEWS le 17-07-2022, 15h30 | 36

Les forces de sécurité soudanaises quadrillaient dimanche la capitale Khartoum en prévision de manifestations visant à forcer l'armée à rendre le pouvoir aux civils, ont rapporté des médias.

Les troupes étaient déployées dimanche matin dans la capitale où elles ont installé dès l'aube des blocs de béton en travers des ponts reliant Khartoum à ses banlieues, ainsi que pour barrer les principales artères menant au QG de l'armée, habituel lieu de manifestations, selon des témoins cités par des médias.

Le Soudan est en proie à des troubles sur fond de manifestations visant à forcer l'armée à rendre le pouvoir aux civils.

Le 30 juin dernier, journée symbolique au Soudan puisqu'elle marque l'anniversaire en 1989 du coup de force de l'ancien président Omar el-Bachir, renversé 30 ans plus tard, en avril 2019, sous la pression de la rue, neuf manifestants ont été tués par les forces de sécurité, selon des médecins. Le lendemain, les militants pro-démocratie ont décrété des sit-in "illimités".

Et ils ont monté quatre campements: deux dans le centre de K hartoum, un dans la banlieue nord-ouest d'Omdourman et un dans la banlieue nord-est de Khartoum-Nord. Mais lundi dernier, alors que les Soudanais célébraient la fête de l'Aid Al-Adha, les "comités de résistance" d'Omdourman ont annoncé lever le camp dans leur zone. Les deux autres sit-in sont maintenus même si le nombre de manifestants y a baissé à cause de la fête. Face à ces protestations, le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, auteur du coup de force en octobre 2021 et qui a interrompu la transition, a annoncé vouloir laisser place à un gouvernement de civils. Mais les manifestants ont affirmé qu'ils maintiendraient leur mobilisation jusqu'à l'annonce d'"un gouvernement uniquement composé de civils".

Un nouveau conflit tribal fait 33 morts

Des dizaines de familles ont fui samedi le conflit tribal qui a fait ces derniers jours au moins 33 morts et des dizaines de blessés dans l'Etat soudanais du Nil Bleu, frontalier de l'Ethiopie, selon les autorités locales.

Au moins 108 blessés sont également à déplorer, selon un communiqué du ministère de la Santé qui a fait état de 16 magasins incendiés depuis que les affrontements ont éclaté lundi dernier à la suite d'un conflit foncier entre les tribus Haoussa et Barti dans le district de Qissan.

"Il nous faut des renforts de troupes pour reprendre le contrôle de la situation", a demandé Adel Agar, de la municipalité d'al-Roseires, tandis que des médecins de l'hôpital de la ville ont réclamé eux-aussi des renforts face au nombre croissant de blessés.

Selon M. Agar, nombre de personnes, dont des blessés, ont cherché refuge dans des commissariats. Il n'était pas en mesure de donner un bilan mais a plaidé pour l'intervention rapide d'un médiateur. Des soldats ont été déployés et un couvre-feu imposé à partir de samedi.

Un dignitaire des Haoussas, cité par l'agence AFP, a expliqué que le conflit avait dégénéré parce que son clan réclame de longue date "la formation d'une autorité civile locale pour superviser l'accès aux terres, ce que refusent les Bartis".

Côté barti, un dignitaire qui a lui aussi refusé que son nom soit dévoilé,a affirmé que son clan avait répondu "à une violation des terres des Bartis"par les Haoussas.

"Ces terres sont à nous, donc si on veut former une autorité locale, elle sera composée uniquement de Bartis et non de Haoussas", a-t-il martelé. Les violences, après un bref répit, ont repris samedi près du chef-lieu local d'al-Damazine.

Un habitant d'al-Damazine, Ahmed Youssef, a affirmé avoir vu "des dizaines de familles, surtout des femmes et des enfants" traverser pour fuir les combats.

Les hôpitaux des environs ont lancé un appel urgent au don de sang et une source à l'hôpital d'al-Roseires a indiqué que l'hôpital était à court d'équipements de première urgence.

L'émissaire de l'ONU au Soudan Volker Perthes a réclamé "des mesures concrètes pour aller vers une coexistence pacifique", appelant à "cesser les représailles".

En fin de journée samedi, la situation était en voie d'amélioration à Qissan tandis que les affrontements se poursuivaient à al-Roseires, a indiqué à la télévision d'Etat le gouverneur du Nil Bleu, Ahmed al-Omda.