Chelsea : Thomas Tuchel a pris le pouvoir sans l’avoir recherché

Publié par DK NEWS le 18-07-2022, 15h56 | 248

Le coach des Blues, Thomas Tuchel, vainqueur de la Ligue des champions 2021, est aujourd'hui actuellement le maître à bord. L'Allemand n'a rien demandé mais il fait la pluie et le beau temps sur le club londonien. Une situation à laquelle il pourrait prendre goût.  

Il n'entre pas dans les habitudes de Chelsea de faire tout comme tout le monde, et ce n'est pas le départ forcé de Roman Abramovich qui semble avoir changé quoi que ce soit au mode de fonctionnement du club le plus dysfonctionnel de Premier League (et qui s'en portait d'ailleurs fort bien). Son organigramme a été changé de fond en comble; ou, plutôt, démantelé de A à Z, et sans que les dirigeants qui avaient entouré Abramovich jusqu'à son départ aient été remplacés poste par poste par le nouveau régime en place à Stamford Bridge depuis le 30 mai dernier.

Le 20 juin, le Canadien Bruce Buck, président des Blues depuis 2003, était la première grande figure du club à annoncer qu'il le quitterait à la fin du mois, pour endosser un rôle de "conseiller" (informel), bien en deça de ses responsabilités d'avant, quand il était un point de contact des plus influents avec l'oligarque russe.

Deux jours plus tard, c'était au tour de celle qu'on avait pris l'habitude de qualifier de "femme la plus puissante du football anglais", voire mondial, Marina Granovskaya, de facto directrice technique des Blues, de quitter ses fonctions.

Des départs, pas de successeurs

Le 27 juin, Petr Cech, le "Conseiller technique et de performance" dont le rôle n'avait cessé de gagner en importance au cours des deux années précédentes, quittait lui aussi le club avec lequel il était devenu champion d'Europe et quadruple champion d'Angleterre quand il en était le gardien.

Si Todd Boehly, le grand architecte de la prise de contrôle de Chelsea, s'est installé dans le fauteuil de Buck, ni Granovskaya, ni Cech n'ont encore de successeurs attitrés à Stamford Bridge, et rien n'indique qu'ils en auront de sitôt. Granovskaya et Cech: les deux personnes qui avaient pour tâche d'épauler Thomas Tuchel dans l'identification et l'acquisition de nouveaux joueurs pour son équipe, deux membres du sérail qui sont partis alors que le marché des transferts battait son plein.

En temps normal - et pour un club "normal" - cette subite vacance du pouvoir aurait pu avoir un impact catastrophique. La réputation de gestionnaire efficace, inspiré, voire visionnaire, que Boehly s'est acquise dans le monde du baseball (une réputation basée sur l'ascension spectaculaire des LA Dodgers en MLB sous sa conduite) ne compte pour presque rien dans celui du football, un univers dont l'Américain ignore à peu près tout pour ce qui est des choses du terrain.

Or qu'est-on en football quand on a toujours vécu hors de ses réseaux, qu'on ne traite pas au quotidien avec agents, directeurs sportifs et présidents, et qu'on peut plus se reposer sur des Cech et des Granovskaya qui, eux, étaient parties intégrantes du microcosme ? A priori, rien.

Cela n'a pourtant pas empêché Chelsea de conclure trois de ses opérations-clé du mercato : le prêt de Romelu Lukaku et les acquisitions de Raheem Sterling et de Kalidou Koulibaly. D'autres joueurs de premier plan les suivront. Kimpembe ? De Ligt ? Peut-être. De Jong, même ? Avec Barcelone, à qui Boehly a rendu visite au début du mois, qui sait ? Rien n'indique, en tout cas, que Chelsea traverse une période de crise, malgré les flottements et les interrogations qui l'avaient fait craindre tout au long du printemps.

A Chelsea, le club où les plus grands noms du management international ne furent jamais que des employés en attente d'un licenciement, il en va autrement aujourd'hui. Un peu, beaucoup par la force des choses, Thomas Tuchel se retrouve dans une situation que la plupart de ses collègues lui envieraient. Si c'est bien Boehly qui signe les contrats, c'est Tuchel qui est au gouvernail, c'est Tuchel vers qui ses nouveaux propriétaires (l'actionnaire majoritaire des Blues, doit-on rappeler, n'est pas Boehly, mais le fond d'investissement Clearlake) se tournent pour prendre les décisions sportives qui feront ou déferont l'avenir du champion du monde des clubs.

Peut-être était-ce inexact de dire de Granovskaya et Cech qu'ils n'avaient pas eu de successeurs. Les tâches qui étaient les leurs sont désormais la prérogative de Boehly et de son entraîneur, comme ce dernier l'a expliqué avec sa franchise habituelle au début de la tournée américaine de son équipe .