Culture

La bande dessinée algérienne : Un moyen d'exprimer l'identité nationale

Publié par DK NEWS le 26-11-2022, 15h34 | 12
|

Depuis son avènement au cours de la deuxième moitié des années 1960, la bande dessinée algérienne n'a cessé d'être un moyen d'expression de l'identité nationale, après la longue instrumentalisation du 9e Art durant la période coloniale, vitrine alors de l'idéologie et de la culture française et européenne.

Créée en 1967 par le doyen des bédéistes algériens, Mohamed Aram (1934-2020), la première série algérienne "Naâr, sirène de Sidi Fredj", inspirée de "Super-Man", a été publiée dans l'hebdomadaire "Algérie-Actualités", avant "Moustache et les frères Belgacem" de Slim (Menouer Merabtine), une BD publiée en 1968 par le même journal, qui avait alors, consacré la rupture avec la vision colonialiste.

La série de Slim va "algérianniser" la BD dans sa forme et ses contenus, racontant notamment des évènements de la glorieuse Révolution contre l'occupant français, avec des personnages vêtus de Haïk, de gandoura et de chachia, et évoluant dans différents quartiers algériens.

La rupture avec la vision colonialiste est d'autant plus évidente dans l'oeuvre de Abderrahmane Madoui (1925-2013) qui a réussi à dissiper les effets néfastes des BD étrangères sur l'imaginaire algérien, en créant notamment en 1969 la revue "M'Kidèche", premier roman graphique algérien.

Ces nouvelles planches, alors unique exutoire des artistes et amateurs de BD algérienne durant cinq ans, avaient pour mission essentielle de restituer l'Identité nationale et d'opérer une rupture avec les orientations culturelles françaises et occidentales.

Pour plus d'efficacité dans cette grande entreprise, Abderrahmane Madoui s'était d'abord entouré des artistes Mohamed Aram, Ahmed Haroun, Mohamed Mazari (Maz), Mohamed Bousalah (Mimid) et de Slim.

Ce premier groupe s'est fait rejoindre par Mahfoud Aïder, Slimane Zeghidour et Fouzi Baghdali, entre autres, pour arriver à constituer, au final, un atelier d'une vingtaine d'artistes, entre auteurs, dessinateurs de BD et scénaristes, chargé de créer des personnages purement algériens comme "Kouider", "M'Barek", "M'kidèche", "Richa" et "Djeha", notamment.

Durant les années 1980, le premier Festival de la Bande dessinée à Bordj El Kiffan (Alger-est) s'est inscrit dans la durée jusqu'en 1988, pour qu'arrive, un an plus tard et dans la même logique de progression, le Festival méditerranéen de la bande dessinée avec l'objectif de réunir les bédéistes des pays du bassin méd iterranéen.

Le FIBDA, nouveau souffle au 9e Art

Depuis l'avènement, en 2009, du Festival international de la Bande dessinée d'Alger (FIBDA), le 9e Art se verra animé d'un nouveau souffle qui lui redonnera vie, le propulsant parmi les plus importantes manifestations du genre en Afrique et dans le Monde arabe.

L'élan aux émulations stimulantes du FIBDA a permis à nombre de maisons d'édition, spécialisées ou générales, arabophones ou francophones, de voir le jour, à l'instar des éditions, "Daliman", "Casa" ou encore" Z-Link", ainsi que la parution de plusieurs revues spécialisées dont "Labstor", "Génération Mangas" ou encore "Ghomeida", dédiées aux enfants.

De nouveaux bédéistes ont, par ailleurs, réussi à occuper le devant de la scène, à l'exemple du mangaka Said Sebaou, premier artiste algérien dont les travaux ont été exposés au Musée international du Manga à Kyoto (Japon).

En plus de donner de la visibilité à la BD algérienne, le FIBDA s'est attelé à ouvrir des espaces de partenariats avec les artistes étrangers, notamment ceux émanant des pays où le 9e Art est prédominant, à l'exemple des Etats-Unis d'Amérique et du Japon où sont nés les genres "Comics" et "Manga", respectivement.

Alors que, par le passé, le 9e Art en Algérie tombait sous l'influence des écoles française et be lge, aujourd'hui, l'Art du Manga japonais, avec toute sa panoplie d'accessoires numériques et autres, ainsi que les déguisements du Cosplay qui le caractérisent, s'est imposé au FIBDA, drainant toute la jeunesse à chacune de ses éditions. Actuellement, les artistes et bédéistes algériens se basent sur l'outil informatique et la magie d'Internet pour réaliser leurs travaux, usant également de la voie des partenariats avec leurs confrères et producteurs étrangers, dans des perspectives d'échange et d'ouverture sur les autres qui préservent l'Identité et la Culture nationales.

Dans ce contexte, la profondeur du récit national demeure encore omniprésente dans les différents travaux des bédéistes algériens qui publient régulièrement leurs nouveautés évoquant le glorieux combat libérateur, comme c'est le cas notamment avec Benyoucef Abbas-Kébir et Benyahia Racim-Bey.

 

|
Haut de la page

CHRONIQUES

  • Walid B

    Grâce à des efforts inlassablement consentis et à une efficacité fièrement retrouvée, la diplomatie algérienne, sous l’impulsion de celui qui fut son artisan principal, en l’occurrence le président de la République Abdelaziz Bouteflika, occupe aujour

  • Boualem Branki

    La loi de finances 2016 n’est pas austère. Contrairement à ce qui a été pronostiqué par ‘’les experts’’, le dernier Conseil des ministres, présidé par le Président Bouteflika, a adopté en réalité une loi de finances qui prend en compte autant le ress

  • Walid B

    C'est dans le contexte d'un large mouvement de réformes sécuritaires et politiques, lancé en 2011, avec la levée de l'état d'urgence et la mise en chantier de plusieurs lois à portée politique, que ce processus sera couronné prochainement par le proj

  • Boualem Branki

    La solidité des institutions algériennes, la valorisation des acquis sociaux et leur développement, tels ont été les grands messages livrés hier lundi à Bechar par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Nouredine Bédoui.

  • DK NEWS

    Le gouvernement ne semble pas connaître de répit en cette période estivale. Les ministres sont tous sur le terrain pour préparer la rentrée sociale qui interviendra début septembre prochain.

  • Walid B

    Dans un contexte géopolitique régional et international marqué par des bouleversements de toutes sortes et des défis multiples, la consolidation du front interne s'impose comme unique voie pour faire face à toutes les menaces internes..

  • Walid B

    Après le Sud, le premier ministre Abdelmalek Sellal met le cap sur l'Ouest du pays où il est attendu aujourd'hui dans les wilayas d'Oran et de Mascara pour une visite de travail et d'inspection.