Etats Unis : Un tiers des feux de forêt en Amérique du Nord causés par les énergies fossiles (étude)

Publié par DK NEWS le 17-05-2023, 16h14 | 6

Les plus grands producteurs mondiaux d'énergies fossiles sont responsables de plus du tiers des surfaces brûlées par des feux de forêt depuis 40 ans dans l'ouest de l'Amérique du Nord, selon une étude publiée jeudi dans la revue scientifique Environmental Research Letters.

 

Les incendies qui ravagent l'ouest des Etats-Unis et le sud-ouest du Canada se sont aggravés depuis plusieurs décennies explique à la presse, la principale auteure de l'étude, Kristina Dahl, de l'Union of Concerned Scientists. Ils se propagent avec plus d'intensité, détruisent des zones plus vastes, atteignent des altitudes plus élevées et durent plusieurs saisons.

Jusqu'ici, le public a assumé le coût des reconstructions et de la protection contre la nouvelle normalité qu'est devenu le risque d'incendie, "c'est pourquoi nous avons voulu mieux comprendre le rôle joué par les émissions des grandes entreprises des énergies fossiles" dans cette évolution, a-t-elle poursuivi.

"Nous avons voulu mettre leur rôle en lumière pour qu'elles assument leur part de responsabilité dans le coût" des incendies et de leurs répercussions, a ajouté Kristina Dahl.

Les chercheurs ont combiné des données observées et des modèles climatiques pour déterminer dans quelle mesure les émissions de dioxyde de carbone et de méthane des 88 plus gros producteurs d'énergies fossiles, comme ExxonMobil, BP, Chevron et Shell, avaient contribué à la sècheresse atmosphérique. Ils ont conclu que ces émissions étaient responsables d'une hausse moyenne des températures mondiales depuis le début du 20e siècle de 0,5 degré Celsius, soit la moitié du réchauffement observé. Cette hausse des températures a aggravé de 11% le déficit de pression de vapeur de l'eau dans l'atmosphère de l'ouest des Etats-Unis. Un déficit de pression de vapeur de l'eau élevé signifie que l'air ambiant absorbe davantage les gouttes d'eau émises par les plantes et les sols lors de la photosynthèse, ce qui les assèche et rend la végétation plus vulnérable aux incendies.

Des recherches récentes montrent que plus le déficit de vapeur d'eau augmente, plus les zones ravagées par les incendies s'étendent. Selon l'étude de l'Union of Concerned Scientists, la destruction de 8 millions d'hectares par des feux de forêts dans l'ouest des Etats-Unis et le sud-ouest du Canada --soit la superficie de la République Tchèque-- est ainsi due aux plus gros producteu rs d'énergies fossiles et de ciment.

Cela représente 37% des zones totalement détruites par les feux de forêt dans l'ouest de l'Amérique du Nord entre 1986 et 2021.

L'année 1986 a été choisie comme point de référence parce que c'est à partir de cette année-là que les données sur la superficie brûlée par les feux de forêt sont devenues fiables.

Parmi les autres facteurs responsables de la multiplication et l'aggravation des incendies, l'étude note l'abandon de la pratique ancestrale de régulation des forêts par des incendies délibérés mais limités, qui a donné lieu à des sous-bois plus touffus et plus susceptibles de prendre feu.

L'urbanisation dans des zones boisées est aussi un facteur cité par les chercheurs, car elle augmente le risque de départ de feu accidentel.