Cinéma : "Azar" (racine) de Malik Bourkache présenté en première à Bejaia

Publié par DK NEWS le 27-01-2024, 15h16 | 41

Le cinéaste et journaliste, Malik Bourkache, à présenté, jeudi soir à la cinémathèque de Bejaia son dernier documentaire intitulé "Azar" qui signifie littéralement "racine", dont la projection à ostensiblement séduit.  

D’une durée de 72 minutes, le film est une immersion sans fard dans les traditions kabyles et l’attachement farouche des femmes des montagnes à les préserver, voire à les développer dans un monde en évolution frénétique. Chabha, Dahbia, et Kissa, pourtant ne baissant pas les bras, font de la résilience dans leur village, en essayant de vivre à la manière ancestrale, cousant et tissant leurs propres vêtements, façonnant leurs propres articles de ménages, semant et cueillant leurs propres potagers et labourant leurs terres selon des métiers à l’ancienne, hérités de plusieurs générations. A l’évidence, elles sont fatiguées à force de répéter quotidiennement les mêmes gestes et d’enchainer à n’en pas finir les tâches, mais elles sont heureuses et surtout en bonne santé, répétant en leitmotiv que "le travail, c’est la santé" .

"La terre nous occupe et nous distrait", confie Dahbia qui, du haut de ses 70 ans, affirme être saine de toute maladie. "Je n’ai ni diabète, ni cholestérol, ni tension", avoue-t-elle non sans un brin de fierté, relevant qu’elle se nourrit de produits de la terre poussant sans pesticides et arrosés à l’eau potable, multipliant les gestes d’agilité, allant même jusqu'à escalader un pommier pour en puiser les fruits dont elle a besoin.

Les trois bonnes femmes ne jouent pas et ne tiennent pas un rôle selon les directives du réalisateur, mais se dévoilent naturellement en laissant parler leur inspiration et leur humour tout aussi naturel que décapant. Mais tout cela commence à aller à vau-l’eau, car les jeunes ne s’y intéressent plus, attirés par les nouveaux métiers et la vie moderne. "Contrairement à notre génération qui a vécu dans le dénuement et la rudesse, ils (les jeunes) n’ont plus de rapport à la terre", dira Kissa, très philosophe, voire compréhensive, mais néanmoins déterminée à maintenir la flamme de vie qui l’anime. "Je vivrai ainsi jusqu'à la dernière minute", promet-elle avant de s’effacer pour aller nourrir son capricieux chat. Un film captivant qui plonge dans l’histoire récente, coule comme une rivière tranquille, mais qui cache un monde pétillant qui semble sortir droit d’une œuvre de fiction.