République démocratique du Congo : "L'impunité et l'absence de responsabilité sont parmi les causes profondes du cycle interminable de la violence" (ONU)

Publié par DK NEWS le 20-04-2024, 15h00 | 7

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk a déclaré jeudi au terme de sa visite de quatre jours en RD Congo que "l'impunité et l'absence de responsabilité" étaient parmi les causes qui entretiennent un cycle interminable de la violence dans ce pays.

Evoquant la situation dans les provinces de l’est congolais, le commissaire onusien a déploré une population "épuisée et profondément traumatisée, écrasée par des décennies de guerre et de conflit".

"Au Nord-Kivu, le groupe armé M23 continue de semer la terreur, tuant et enlevant la population locale, et s’attaquant fréquemment aux défenseurs des droits humains, aux journalistes et aux leaders des communautés.

Des enfants sont également recrutés de force dans ses rangs", a indiqué Türk, soulignant que depuis octobre, 500.000 personnes ont été déplacées des zones contrôlées par le M23, ce qui porte le nombre total des personnes déplacées à près de 2,7 millions.

"En Ituri, outre les affrontements intercommunautaires entre les groupes armés CODECO (Coopérative pour le développement du Congo) et Zaïre, le groupe armé ADF (Forces démocratiques alliées) multiplie les attaques contre la population civile, entraînant plusieurs abus flagrants des droits humains et des violations graves du droit international humanitaire.

A ce jour, la province compte quelque 1,8 million de personnes déplacées", a-t-il ajouté.

"Il est impératif que l'Etat soit en mesure de jouer pleinement son rôle à l'Est, pour assurer non seulement la sécurité, mais aussi l'éducation, la santé et un système judiciaire efficace et équitable", a souligné Volker Türk.

"L'une des causes profondes de bon nombre de ces conflits est l'exploitation des ressources naturelles de la RDC, qui appauvrit la population locale au lieu de lui profiter.

Le gouvernement, ainsi que les puissances régionales et internationales, ont des obligations à cet égard.

Le secteur privé a également des responsabilités importantes, y compris les entreprises qui extraient des ressources, telles que le coltan, qui sont si précieuses pour le monde", a-t-il relevé.

Le responsable onusien a, par ailleurs, fait part de ses "inquiétudes quant à ce qui pourrait arriver aux civils en cas de retrait précipité de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO)".

Soulignant que "l'impunité et l'absence de responsabilité" sont parmi les causes profondes du cycle interminable de la violence, Türk a déclaré avoir "exhorté le gouvernement à redoubler d’efforts pour garantir une tolérance zéro à l'égard de l'incitation à la violence et des discours de haine".

 

L'ONU appelle à plus de financement de l'aide humanitaire pour la RD Congo

 

Le coordonnateur humanitaire de l'ONU en République démocratique du Congo (RDC), Bruno Lemarquis, a lancé vendredi à Goma (Est) un appel urgent à plus d'assistance pour des millions de personnes affectées par les conflits.

"Les besoins sont immenses et ils dépassent ce qu'on est en mesure de fournir", a déclaré à la presse M. Lemarquis, qui était accompagné durant sa visite à Goma du "groupe des ambassadeurs des pays donateurs" en RDC.

Selon le responsable, au 4e mois de l'année, seulement "un peu plus de 15% des ressources" nécessaires pour porter assistance à 8,7 millions de Congolais, principalement dans l'Est, sont mobilisées.

La région est en proie aux violences de nombreux groupes armés, la province du Nord-Kivu, dont Goma est le chef-lieu, étant particulièrement affectée par une rébellion menée par le mouvement M23, qui s'est emparé de vastes pans de territoire.

Le montant total du plan d'assistance humanitaire pour 2024 s'élève à 2,6 milliards de dollars, a précisé M. Lemarquis.

Or, "nous n'avons pas de ressources pour apporter une réponse adéquate et nous sommes obligés de prioriser", a-t-il regretté, en disant avoir constaté "sur les 10 dernières années une tendance de sous-financement de l'action humanitaire en RDC".

"Il y a tellement de crises au monde qu'il faut peut-être parler plus fort pour la crise de la RDC", a encore estimé le responsable, en appelant par ailleurs à un "traitement du problème à la source".