Climat : Le prix Nobel d’économie réclame 500 milliards USD/an de «dette morale» aux pays pauvres

Publié par DK NEWS le 24-04-2024, 15h15 | 5

Les pays riches doivent 500 milliards de dollars  par an de «dette morale» aux pays pauvres, évalue la prix Nobel d’économie  Esther Duflo, qui propose de faire assumer aux pays développés la  responsabilité du réchauffement climatique à travers deux taxes. «C’est ce que j’appelle une dette morale. Ce n’est pas ce que cela  coûterait de s’adapter, ce n’est pas ce que cela coûterait d’atténuer.  C’est ce que nous devons», a détaillé l’économiste dans un entretien au  Financial Times lundi, se basant notamment sur l’effet du réchauffement  climatique sur la mortalité dans les pays pauvres.

«Il y aura des dégâts énormes», poursuit Mme Duflo qui se base une étude  menée par le Global Impact Lab en 2020 ayant montré que le nombre de décès  liés à la chaleur risquait de bondir dans les pays pauvres d’ici à la fin  du siècle.

«Ces dégâts seront concentrés dans les pays pauvres en dehors de l’OCDE»,  ajoute-t-elle, pointant la responsabilité des pays riches sur le changement  climatique. Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon,  Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25%  du CO2 lié au système énergétique mondial, selon l’AIE.

Esther Duflo se base sur les travaux de l’économiste américain Michael  Greenstone qui, en partant d’une valeur monétaire donnée pour une année de  vie et de l’effet du réchauffement climatique sur l’augmentation de la  mortalité, évalue à 37 dollars le coût d’une tonne de carbone.

Multiplié par la quantité d’émissions annuelles attribuables à l’Europe et  aux Etats-Unis, 14 milliards de tonnes de CO2 équivalent, le prix de la  «dette morale» monte alors à 518 milliards, soutient Mme Duflo. Pour la financer, elle propose d’augmenter le taux minimal d’imposition  des multinationales et de taxer les grandes fortunes, deux mécanismes qui  permettraient selon elle de couvrir l’enveloppe annuelle. L’aide financière climatique due par les pays riches aux pays en  développement est fixée actuellement à 100 milliards de dollars par an. La  COP29, en novembre à Bakou, doit établir le nouveau montant au-delà de  2025.

Le futur objectif, crucial pour renouer la confiance entre le Nord et le  Sud, restera quoi qu’il arrive très en-deçà des besoins: les pays en  développement ont besoin de 2.400 milliards de dollars par an d’ici 2030  pour financer leur transition et s’adapter au changement climatique, selon  un calcul d’experts de l’ONU.

En parallèle, de multiples pistes sont au coeur des négociations  internationales pour trouver comment combler l’écart, parmi lesquelles l’allègement de la dette des pays pauvres ou des innovations financières  via de nouvelles taxes internationales.